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  • BOUDU

Histoire : une tradition qui fait mal

Les traditions toulousaines cheloues, c’est pas ce qui manque. Je citerai dans le désordre, et sans préférence, la traversée de la rue Saint-Rome un jour de soldes, l’apéro en terrasse à côté de l’ancienne morgue de la Daurade, les heures d’attente interminables devant le café des Thermes le dimanche pour un paquet de cigarettes, ou la dégustation de bonbecs à la violette. Mais la tradition dont il est question ici dépasse tout ce qu’on peut imaginer. D’ailleurs, elle est interdite depuis 1741, c’est dire. Cette tradition : c’est la campe.

La campe est une activité pratiquée au xviiie siècle par les Toulousains, dont le nom vient du verbe « acampa » qui signifie « chasser, mettre dehors, faire décamper ». Il s’agit d’un exercice guerrier qui consiste à pourchasser ses semblables en leur jetant des pierres, à la main ou avec une fronde. Le début du combat est marqué par le cri de « Aban ! Aban ! » (En avant !) et le vainqueur s’écrie « a l’oustal ! » quand il est temps que ça s’arrête.



On pratiquait la campe pour faire la démonstration de son adresse devant une foule en délire, généralement vers la Toussaint, ou de manière bien plus expéditive et meurtrière à l’occasion de différends entre voisins. Les habitants de la porte Saint-Étienne et de la porte Montoulieu se sont souvent affrontés, tout comme les habitants de la banlieue de Lardenne. Au xviiie siècle, les quartiers se provoquent les uns les autres à l’aide de drapeaux et de petites devises piquantes, exemple : sur un drapeau on représente un homme en train d’abattre un âne et on inscrit à côté de l’homme « David d’Arnaud-Bernard » et à côté de l’âne « Goliath du Bazacle ».

Seulement voilà, après chaque partie de campe, il y avait de la casse, et des estropiés à la pelle.

C’est la raison pour laquelle les capitouls ont décidé d’interdire la pratique. Pierre de Saint-Sernin, l’un d’entre eux, s’est lui-même interposé entre deux équipes en 1740, et en a perdu un œil. En décembre 1741, la sanction tombe, les campeurs pris en flagrant-délit seront soumis à la peine du fouet mais en cas de récidive, c’est 300 livres d’amende et les galères à perpétuité. C’est sûr que ça calme un peu les ardeurs…



Retrouvez Marine Gasc sur son blog Raconte-moi l’histoire.

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