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  • BOUDU

Moisson de batteurs

Damien Hervé, il faut être un peu fou pour se lancer dans un projet comme celui des « 1 000 batteurs en folie », non ?

Un peu, c’est vrai. « Démesuré », « Ça va coûter combien ? »… Voilà ce que j’ai entendu au départ. Tout a basculé il y a huit mois quand Fabrice, le président du festival FolieScénies, m’a demandé de faire la programmation de cette première édition. Il fallait trouver la bonne idée. Je me suis alors souvenu de cette vidéo, Rockin’ 1 000. Des fans qui voulaient convaincre le groupe des Foo Fighters de se produire dans la ville de Cesena, en Italie. C’était il y a deux ans. Ils avaient invité mille musiciens, dont pas mal de batteurs, à reprendre le morceau Learn To Fly. Pari réussi, puisque les Foo Fighters étaient finalement venus. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire… Quand j’ai soumis l’idée à Fabrice, sa réponse a été simple : « Banco, on y va ».

La vidéo du Rockin’ 1 000 a totalisé près de 40 millions de vues sur YouTube. C’est votre objectif ?

Le nombre de vues, c’est surtout une question de fierté. Ça fait du bien à l’ego. Mais pour moi, l’enjeu est ailleurs. Vraiment.

Ailleurs ?

Dans ces périodes de tension que l’on connaît, l’idée pour moi est d’abord de réunir les gens, de partager la musique. Le show, c’est bien, mais en réalité, j’ai surtout envie de créer du lien social. Faire qu’un musicien puisse trouver sur place un batteur pour son futur groupe, ou bien qu’un gamin qui n’a pas les moyens de se payer des cours demande des conseils à droite et à gauche et se fasse sa propre expérience. Vous savez, je viens d’une famille de musiciens qui ont accompagné Léo Ferré, Patrick Bruel, Michel Jonasz, Francis Cabrel… Un musicien, c’est avant tout quelqu’un de généreux qui a envie de transmettre, loin de « la machine à promo ».

Pourquoi avoir choisi le Comminges pour relever ce défi ?

Le Sud-Ouest est une vraie terre de musique et de fête. Moi qui suis installé à Paris, j’aime votre convivialité. Ici, on sent que les gens ont envie de se retrouver. C’est quelque chose qui m’a frappé. Il n’y a pas ce côté « chacun chez soi ». J’ai dû jouer une quinzaine de fois dans la région (Damien Hervé est bassiste professionnel, notamment pour le chanteur britannique Murray Head, ndlr). À chaque fois, j’ai eu envie de revenir. On mange bien, les gens sont généreux, le soleil est très souvent au rendez-vous. Franchement, pourquoi faire ça ailleurs ?

Concrètement, comment cela va-t-il se passer ?

Il y a quatre morceaux à apprendre. Ils seront joués en live par tous les batteurs. L’Homme Pressé de Noir Désir, Message In A Bottle de The Police, Don’t Stop Me Now de Queen et Un Autre Monde de Téléphone. J’ai sélectionné des titres qui parlent aussi bien aux jeunes qu’aux vieux. Des morceaux plutôt faciles à appréhender, pour peu qu’on s’y mette sérieusement.

Plutôt rock tout ça…

Oui, mais du rock positif ! Je vous mets au défi d’écouter Don’t Stop Me Now sans avoir le sourire !

Batteur débutant ou confirmé, tout le monde peut participer ?

Oui, il suffit de s’inscrire en ligne, de venir avec son matériel, une batterie et deux toms maximum, une petite moquette pour poser l’instrument. Et c’est tout. Mais il n’y a pas que les batteurs. Chanteurs, guitaristes, bassistes…Tout le monde est le bienvenu. Il nous faut le plus de musiciens possible. Pour le moment, 200 participants sont déjà inscrits (l’interview a été réalisée le 19 juin, ndlr).

La principale contrainte d’un tel évènement ?

Pas de problème de place a priori puisque le site de Salies-du-Salat fait environ 30 000 m2. Il faudra surtout bien disposer les musiciens. Le premier morceau, Message In A Bottle, commence avec juste de la caisse claire (il mime le bruit de la batterie avec sa bouche) : tac, tac, tac, tac, tac… Trouver la bonne distance entre chaque batterie sera primordial pour éviter le décalage de son, ce qui pourrait donner quelque chose de catastrophique.

À quoi va ressembler la scène ?

On va jouer sous un chapiteau qui va être décapoté tout autour. Les musiciens seront à la place du public et sur la scène, notre parrain, le batteur Loïc Pontieux (Claude Nougaro, Eddy Mitchell, Veronique Sanson…) fera office de chef d’orchestre.

Pour ceux qui ne pourront pas se déplacer à Salies-du-Salat, la performance sera également retransmise en direct sur Facebook…

Nous allons d’ailleurs utiliser des drones pour filmer. Ce sera un vrai spectacle, très visuel. Voir jouer autant de batteurs ensemble, c’est une chorégraphie unique, avec des gestes précis, symétriques, de l’émotion dans le jeu, sur les visages… De quoi vous coller le sourire jusqu’aux oreilles. C’est ce que j’avais ressenti devant mon écran en regardant la vidéo du Rockin’ 1 000 en Italie.

1 000 batteurs, des guitaristes, des bassistes, des chanteurs… Ça risque de faire pas mal de bruit. Vous avez pensé à prévenir le voisinage ?

Oui, tout le monde est au courant, heureusement ! (rires). Les voisins, les habitants, le maire, les villages aux alentours… D’autant que les tambours du Bronx seront aussi parmi nous, Murray Head également. Il m’a dit oui gracieusement. D’autres invités sont attendus.

Deux mois avant le jour J, quels conseils pourriez-vous donner aux lecteurs et lectrices de Boudu qui voudraient participer aux « 1 000 batteurs en folie » ?

Se dire qu’ils vont vivre quelque chose d’unique. Autant de musiciens réunis… Je me demande si c’est déjà arrivé en France. Ensuite, bien travailler les morceaux, quel que soit son niveau, sans forcément coller à la partition. Et le plus important : faire simple et se faire plaisir. C’est le mot d’ordre. Les batteurs qui veulent « en mettre partout », ce n’est pas forcément du meilleur goût…

Vous connaissez le film La Cité de la peur des Nuls ?

Oui…

L’une des répliques cultes affirme que « l’on peut tromper une fois mille personne, mais que l’on ne peut pas tromper mille fois une personne ». Rassurez-nous Damien Hervé : le 27 août, les 1 000 batteurs pourront au moins se tromper une fois ?

Oui, sans souci ! (rires). D’autant que le nombre de musiciens va gommer, de fait, les petites erreurs de chacun. Mais par sécurité, nous organiserons une grande répétition le matin de l’évènement avec tous les participants, et on s’autorisera plusieurs prises avant le direct pour que tout le monde soit à l’aise. Et après, ce sera sans filet !

Vous pensez déjà au prochain défi ?

Pourquoi pas 1 000 guitaristes l’an prochain ? Il ne faut rien s’interdire. J’ai envie de voir les choses en grand pour cette région qui n’est pas la mienne, du coup je me permets toutes les folies, sans complexe. Ici, c’est ma récréation

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