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  • BOUDU

Tourisme en Occitanie : le mariage de la carpe et du lapin ?


Comment regroupe-t-on deux régions si différentes sous une même marque touristique ? C’est un gros boulot ! Mais il y a beaucoup plus d’éléments qui nous rapprochent qu’on veut bien le dire. On partage une même chaleur méridionale, une même recherche d’authenticité, de qualité de vie, de simplicité. Certaines régions sont dans une forme d’élitisme, de condescendance, que ce soit Bordeaux vis-à-vis de Toulouse, ou la côte d’Azur vis-à-vis du littoral languedocien. Nous sommes moins clinquants. Ce sont des pistes intéressantes pour l’image de marque que nous sommes en train de définir. Et puis nous avons un joli nom de région qui évoque un certain imaginaire, une émotion. Ce qui est très important pour l’attractivité touristique.

Il y a longtemps eu une concurrence entre les deux régions… J’avais moi aussi l’image d’un écosystème touristique très cloisonné où on se faisait tous concurrence. Là, il y a une véritable volonté des territoires de sortir de cette logique de concurrence pour travailler en vrai partenariat.

La marque Occitanie peut-elle être cohérente sur une si grande superficie ? Nous avons le défaut de nos qualités. L’Occitanie offre tous les types de tourisme possibles : mer, montagne, patrimoine, culture, tourisme sportif, thermalisme… Mais on ne peut pas avoir une multiplicité de messages. Il va falloir prioriser certains aspects pour marquer les esprits. Doit-on renforcer notre position sur ce qui marche déjà ? Aller vers des potentiels sous-exploités ? Chercher des niches ? C’est en réflexion. Qui est la cible ? L’Occitanie est très bien positionnée sur les clientèles régionales et nationales. Nous sommes toujours dans le top 3, et souvent en tête des intentions de vacances des Français. Mais il ne faut pas relâcher nos efforts, parce que les habitants sont les premiers ambassadeurs de la destination. Plus ils aimeront leur région et en parleront autour d’eux avec fierté, envie, plaisir, meilleur ce sera pour l’Occitanie.

Et la clientèle étrangère ? C’est un investissement très coûteux, donc il faut cibler. Nous devons résorber notre petit recul auprès des touristes d’Europe du Nord. Il y a aussi un potentiel important en Europe de l’Est avec Lourdes et les chemins de Saint-Jacques, qui correspondent à une forte demande de tourisme spirituel. Le Canada et le Japon apprécient notre qualité de vie, notre culture et notre patrimoine, et il y a beaucoup de potentiel sur les marchés émergents. Mais ça représente un investissement très lourd, avec une forte concurrence mondiale.

 On ne va pas faire venir des Chinois dans le Sidobre.

Et la concurrence européenne ? Des destinations assez fortes émergent sur l’arc méditerranéen, en Espagne, Portugal, Croatie. Et il est très compliqué d’être compétitifs avec certaines destinations qui sont focalisées sur le tourisme de masse et s’embarrassent moins d’exigences qualitatives, notamment sur le littoral.  Mais nous n’avons pas de quoi rougir.

Que faut-il améliorer pour renforcer l’attrait touristique de l’Occitanie ? Il y a parfois un problème d’adéquation entre la réalité de l’offre touristique et la manière dont on a envie de se vendre à l’étranger. Les prestations ne sont pas toujours d’une qualité suffisante si on veut développer une image de marque qualitative pour aller chercher la clientèle qui représente le plus de retombées économiques. On a par exemple sur le littoral beaucoup de studios-cabines exigus qui ne sont pas du tout en phase avec les prestations que  les touristes attendent aujourd’hui.

Quels potentiels pourraient être développés ? Nous avons une offre festivalière très riche qui gagnerait à être mieux connue. Le Printemps des comédiens de Montpellier ou le festival de tango de Tarbes, par exemple, sont très réputés auprès des professionnels, mais mal connus du grand public. Il y a aussi un potentiel énorme sur l’œnotourisme. Nous sommes le premier vignoble de France en superficie et volume de production. Et les touristes sont aujourd’hui dans une approche expérientielle où ils veulent comprendre, partager, découvrir. Les professionnels du vin font un travail de fond considérable, mais on peut améliorer la visibilité et la cohérence de cette offre à l’échelle nationale.

Et dans les zones rurales ? C’est un vrai défi. Ce sont des territoires où le tourisme est moins intense que sur le littoral, mais où il représente une ressource économique indispensable. Il y a un très fort potentiel sur le tourisme de nature, mais il faut trouver des moyens de concilier tourisme et préservation des espaces. Après, les plateaux ultra-ruraux ne sont pas des locomotives pour la marque régionale. On ne va pas faire venir des Chinois dans le Sidobre. Même si c’est très beau, ce sont plutôt des sites à rayonnement régional et national. Dans votre stratégie, il est question de développer le tourisme expérientiel. Le tourisme n’est-il pas déjà une expérience ? Si, justement. Aujourd’hui, il faut prendre en compte le fait que le tourisme n’est pas un acte de consommation comme les autres. Quand les gens vous parlent de leurs vacances, c’est tout un récit, très émotionnel et très personnel. Il faut accompagner les professionnels, qui sont quand même dans une activité économique, pour les amener à penser comme le client, qui n’est pas forcément là pour en avoir pour son argent, mais pour vivre une expérience personnelle.

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