Un demi-siècle après avoir prêté serment, vous souvenez-vous de l’idée que vous vous faisiez, jeune, du métier d’avocat ?
Il y avait dans le village à côté de chez moi un camp de gitans sédentarisés qui faisaient régulièrement l’objet de brimades et d’insultes. J’avais notamment assisté à une scène qui m’avait terriblement choqué. Je crois que c’est ce qui m’a donné envie de défendre, d’intervenir, de militer en faveur de la liberté des uns pour qu’elle ne soit pas écrasée par les autres. Et donc de devenir avocat.
Aucun atavisme familial ?
Certainement pas ! Je suis né à Via, à côté de Font-Romeu, au milieu des vaches, dans la Cerdagne profonde, d’un père directeur d’école et d’une mère libraire. La catalanité était très importante dans la famille, principalement parce qu’il y avait Franco de l’autre côté de la frontière. Cela entraînait chez nous, par réaction, un esprit de lutte et une sympathie à l’égard de tous les mouvements progressistes. Reste que ce milieu de gauche où la politique était très importante était quand même très lourd à porter. C’est d’ailleurs ce qui explique qu’au moment de mon adolescence, je m’en sois un peu détaché pour m’adonner à l’une de mes passions, le rugby.
Et qui l’est resté, n’est-ce pas ?
J’ai en effet joué mon dernier match à 49 ans, à New York, aux côtés d’un certain nombre de personnages intéressants…
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