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  • BOUDU

Etonnement

C’est à la poursuite de cet étonnement que nous avons découvert la genèse toulousaine de l’album de Tintin Le crabe aux pinces d’or. Une affaire qui remonte à la deuxième Guerre Mondiale lorsque, laminée par les nazis, l’armée belge enjoignit sa jeunesse à gagner Toulouse pour y préparer la reconquête. 120000 jeunes gens, souvent mineurs, traversèrent ainsi la France à pied pour rejoindre chez nous, rue Boulbonne, les Centres de Recrutement de l’Armée Belge (CRAB). Mais la reconquête ne vint jamais, et les Belges devenus embarrassants furent placés dans des camps montés à la hâte, où les conditions de vie étaient abominables. Le plus grand de tous se trouvait au Parc des Sports, près de l’actuelle piscine Nakache. À leur retour, dès 1941, Hergé rendra un hommage appuyé à la jeunesse belge des CRAB, d’une part avec un clin d’œil dans le titre Le crabe aux pinces d’or, d’autre part avec la première planche de cette nouvelle aventure, qui représentait Tintin de retour de Toulouse, en route pour de nouvelles aventures.


Réfugiés belges à Toulouse - Tintin

© Germaine Chaumel, ville de Toulouse, archives municipales


Tout aussi étonnant, cet épisode de la vie politique locale au cours duquel le maire quadragénaire de Toulouse, Dominique Baudis s’illustra au point qu’on envisagea sa candidature à la présidence de la République. L’histoire d’une fronde de douze jeunes maires de centre droit menés par Baudis en 1989, qui voulaient ringardiser les partis et mettre les vieux (Chirac et Giscard) à la retraite. Un mois durant, la France fut persuadée qu’ils allaient y parvenir. Surtout le 9 avril 1989 à 20h, quand Dominique Baudis, en direct sur TF1, pria Valéry Giscard d’Estaing de laisser la place aux jeunes avant les Européennes. Une allocution restée dans les mémoires, qui fit penser à certains que le maire de Toulouse était en marche vers la présidence de la République. Mais les vieux tinrent bon, et ceux que la presse s’amusait à baptiser Les 12 salopards, furent renvoyés à leurs chères études avant de devenir vieux à leur tour.


Le canal du Midi à Toulouse

© Devig


Étonnement toujours en découvrant que dans les années 1960 le maire socialiste de Toulouse Louis Bazerque fut à deux doigts de bétonner le canal du Midi pour en faire une voie rapide. Impensable aujourd’hui, l’idée était à l’époque très populaire. Il fallait faire de la place à l’automobile, et le canal n’était alors qu’une ligne d’eau croupie fréquentée par des clochards, des rats et les loubards. L’histoire se conclut par un happy end improbable : le successeur de Bazerque, Pierre Baudis, fit un voyage en Asie après avoir validé le projet de son prédécesseur. Sur place, il médita au bord des canaux asiatiques, et annula le projet à son retour. Étonnement enfin à la lecture du récit des années folles du lac de Saint-Ferréol, à Revel qui fut quelques décennies durant un genre de Saint-Trop lacustre. Du milieu des années 1960 jusqu’au début des années 1990, il flottait sur cette étendue d’eau aujourd’hui fréquentée par des retraités à bâtons de marche télescopiques et des jeunes parents à poussettes Mc Laren, un parfum de souffre, de bringue, de rock’n’roll et de chic accessible : « À l’époque, on savait s’amuser et surtout, la vie était moins chère, se souvient « Reinette ». Avec un SMIC, on sortait tous les samedis et on avait encore de l’argent à la fin du mois. » Étonnant non ?

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