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  • BOUDU

Omar Hasan, sentimental bourreau

« Je m’appelle Omar. Quand j’étais enfant, les gens m’appelaient « le petit Hasan », mais je n’aimais pas ça. Mon grand-père paternel pensait que j’avais honte de son nom de famille et de ses origines arabes, mais ce n’était pas le cas. Moi, je voulais juste qu’on m’appelle par mon prénom, Omar. Il se fâchait pas mal à cause de ce malentendu, et aussi parce que je faisais tout le temps des bêtises dans le magasin qu’il tenait. C’était une boutique d’alimentation générale perdue dans la campagne. Il y vendait de tout. Du kérosène pour allumer les lampes, et même des espadrilles.

» Mon grand-père était un homme étrange. Au début, je croyais qu’il passait son temps à dormir, mais à y regarder de plus près, j’ai découvert qu’il méditait. Il priait beaucoup. Il était musulman. De Syrie. Il est arrivé en Argentine au début du XXe siècle, parce qu’il y avait des terres à travailler. Là-bas, il avait une femme et des enfants, mais il est parti tout seul. Il a rencontré ma grand-mère en Argentine. Il y a eu un mariage un peu arrangé, et puis voilà. Mon père et ses deux frères sont nés.


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» Mon grand-père est mort quand j’avais 12 ans. Il avait un accent fort, une poigne très ferme. Je pense que la génétique a joué dans la force que j’ai.

La province et les cheveux longs

» Je suis né en 1971 à Tucumán. C’est une petite province universitaire du Nord-Ouest de l’Argentine, à 400 km de la frontière avec la Bolivie. Là-bas, ça bouge beaucoup. On fait tout le temps la fête. On vit dehors, été comme hiver. De temps en temps cette vie me manque, parce qu’à Toulouse, si tu n’es pas au centre-ville, tout est mort à partir de 19h.

» Quand tu es de Tucumán, tu te sens très provincial. Les gens de Buenos Aires se moquent de toi, de ton accent, de ton vocabulaire. La rivalité est très forte avec la capitale. Bien plus forte que celle qui oppose Paris à Toulouse. Dans l’équipe de rugby locale, on détestait les mecs de Buenos Aires. Ils étaient tellement différents, tellement arrogants. Ils ont été les premiers à porter les cheveux longs (c’était interdit pendant la dictature) et les premiers à faire la bise pour se saluer. Et puis, ils suivaient la mode, alors que nous, on se saluait normalement et on s’habillait toujours de la même manière.

» J’ai été heureux, enfant, à Tucumán. Je n’arrêtais pas de faire des bêtises. À l’école, je me battais. Chez ma grand-mère, je mâchais tous les chewing-gums sans qu’elle me dise rien, parce que j’étais son premier petit-fils, son chouchou. Dans le supermarché de mon père, je piétinais les étals, je mettais les mains dans les pots de confiture et je faisais tomber les bouteilles. Et pendant le carnaval, je poursuivais les filles en les arrosant. Heureusement, j’étais curieux de tout. J’aimais passer du temps avec les gens, les écouter, apprendre.

La vitesse et la peur

« J’ai donc grandi comme ça. À toute vitesse. Je ne marchais pas, je courais. Quand ma mère me demandait d’acheter le pain, j’allais à la boulangerie en courant ou à vélo, mais toujours à fond. Mon but c’était qu’à mon retour, elle ouvre de grand yeux en disant : « Mais…Omar…Tu es déjà revenu ?! »

» Quand j’ai commencé le judo, c’était pareil. J’étais à fond. Je me souviens qu’un jour, je faisais une clé de bras à un copain. Il s’est mis à crier « J’ai mal ! » mais pendant un moment j’ai continué à serrer tellement j’étais pris par le jeu. J’ai arrêté le judo parce que près de l’endroit où je prenais le bus pour rentrer, il y avait un fou qui s’est mis à agresser les femmes avec un couteau. On lisait ça dans le journal toutes les semaines, et ça me faisait tellement peur que je n’ai plus voulu y retourner.

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» C’est à ce moment-là qu’un copain a insisté pour que je l’accompagne au rugby. J’y suis allé par curiosité. Je n’avais ni short, ni maillot, ni crampons. J’ai tout de suite adoré. Surtout le contact physique. Et puis l’esprit, les copains, les surnoms, les rigolades… Mes parents, par contre, n’étaient pas chauds. Mon père trouvait le rugby trop violent et ma mère avait peur que je me fasse mal. Un jour, elle s’est confiée à un de mes copains de l’équipe, en lui disant qu’elle craignait que je me blesse. Mon copain lui a répondu : « Madame, ne vous inquiétez pas. Ce sont les autres qui ont peur qu’Omar leur fasse mal, pas le contraire. »

La chanson et le rugby marron

» À cet âge-là, j’étais un peu timide. Déconneur, mais timide. J’avais 15 ans. Je me cherchais un peu. Je faisais le pitre pour faire marrer les copains. Je jouais de la guitare, je chantais, j’imitais les profs, les entraineurs, les animateurs de la télé et les chanteurs de charme. Pour draguer les filles, j’ai appris à danser, j’achetais des livres de poésie et j’apprenais les poèmes par cœur. Je ne voulais pas draguer comme les autres. Je voulais sortir de l’ordinaire. Et des fois, ça marchait.

» Et puis il y avait le chant. Je chantais à la maison, je chantais sur la place du village, le soir, devant les anciens, des chansons que d’habitude les enfants de cet âge ne connaissent pas, je chantais à la chorale, je chantais le dimanche après la retransmission du foot, quand la radio diffusait des morceaux de tango et de folklore argentin, et je chantais dans le bus, a capella, pour mes copains du rugby. En grandissant, j’ai délaissé le chant et la musique, et quitté la chorale au profit du rugby et de mes études universitaires.

» Je n’ai pris confiance en moi qu’à l’âge de 18 ans, avec mes premières sélections en équipe 1 de Natacion y Gimnasia (le club de Tucumán ndlr) et en équipe d’Argentine. Tout de suite, j’ai pris conscience de mon potentiel, et des possibilités qui s’offraient à moi. Alors, tout est allé très vite. En 1996, quand le rugby est devenu professionnel en Europe, j’ai décidé de quitter l’Argentine. Là-bas, le rugby pro était très mal vu. On en était encore au rugby « marron », celui des joueurs payés sous la table. Si un international partait jouer en Europe, il était suspendu un an de toutes les compétitions argentines, et quand il rentrait, on l’accusait de préférer l’argent au rugby.

La France et les bagarres

» Malgré tout, j’étais décidé à partir. Je ne voulais pas moisir à Tucumán. Je voulais progresser, m’améliorer, devenir pro. J’ai demandé aux internationaux argentins expatriés de me donner des contacts en Europe. À l’époque, en 1997, Pichot jouait en Angleterre, Reggiardo à Castres et Arbizu à Brive. Moi, à choisir, je préférais partir pour l’Angleterre plutôt que pour la France. Le rugby français, pour moi, c’était le rugby des bagarres. Chaque fois qu’on jouait la France avec les Pumas, c’était des rencontres très physiques et des bagarres terribles. Rugbyman pro, c’est le rêve, mais s’il faut se battre tous les week-ends, c’est pas marrant.

» J’ai quitté l’Argentine en 1997 pour jouer à Wellington, en Nouvelle-Zélande, puis en Australie, aux Brumbies. Là-bas, j’ai connu de grands rugbymen comme Roff, Finegan et Mortlock, et vécu un rugby semi-pro qui a depuis disparu. Je me souviens que certains gars de l’équipe, notamment les Îliens, gagnaient leur vie en ramassant les poubelles. Je serais bien resté aux Brumbies, mais l’une des conditions exigée pour faire partie de l’équipe était d’être éligible à la sélection nationale australienne. Comme j’étais déjà international argentin, c’était impossible. Sinon, qui sait…

» C’est comme ça que j’ai fini par signer en France, à Auch, en 1999, puis à Agen six mois plus tard. Et finalement, des bagarres, j’en ai pas connu tant que ça.

Fourroux et le rêve intérieur

» J’ai accepté de venir à Auch parce que Jacques Fourroux était président du club. Et pour moi, Fourroux, c’était LA référence du rugby français. Il était passionné par la mêlée argentine. C’était un mec intelligent, qui a toujours été en avance sur les autres dans sa conception du rugby. Je lui serai éternellement reconnaissant de m’avoir fait venir en France.

» Je l’avais découvert, enfant, dans Test-Match, le seul magazine argentin consacré au rugby. Je lisais et relisais sans cesse ce journal. J’apprenais par cœur la composition des équipes, la taille et le poids des joueurs. On était en plein dans la génération Fourroux, et le nom des joueurs du XV de France nourrissait mon rêve intérieur de rugby de haut niveau. En ce temps-là je gardais mon ambition secrète. Je cachais ma passion aux autres, mais elle me dévorait déjà.


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» Je me suis tout de suite senti bien en France. Peut-être que là aussi, ce sont les gènes qui parlent, parce que du côté maternel, j’ai une arrière-grand-mère originaire de Loudenvielle. À mon arrivée, je ne parlais que cinq mots de français, appris pendant ma première tournée en 1992 : lait, chaud, chocolat, huître et merci. J’ai adoré découvrir Biarritz, Saint-Jean-de-Luz, Toulouse, Sarlat. J’ai aimé traverser la France, rouler de paysage en paysage, voir défiler les vergers, les champs, les prairies… je me sentais chez moi, comme je me sens chez moi partout où la culture rugbystique est forte.

L’apéritif et les bouffées d’orgueil

La seule chose à laquelle j’ai mis du temps à m’habituer, c’est cette manie de l’apéritif. Ici, c’est une institution, mais moi, je m’en fiche complètement. Même chose pour la troisième mi-temps : après les matchs, moi, j’ai faim. J’aurais préféré aller manger plutôt que de boire pendant des heures. Mais là aussi, c’est une institution. Je préfère les troisièmes mi-temps argentines. Il y a des orchestres, de la danse, du chant : c’est une vraie fête.

» 1999 est une année importante pour moi, parce qu’elle correspond à mon arrivée en France et à un déclic collectif en équipe nationale. Après des années à subir des défaites terribles, en particulier les 100 points encaissés en 1996 contre les Blacks, on a pris conscience cette année-là, en Coupe du monde, qu’on était une équipe puissante et qu’on pouvait battre n’importe qui. Le regard que les autres équipes portaient sur nous a changé instantanément, jusqu’à l’apothéose de la Coupe du monde 2007 et notre victoire sur la France. Un beau souvenir. J’ai toujours donné tout ce que j’avais dans les tripes les jours de matchs contre la France. Question de respect.

Je n’aime pas boire pendant des heures. Après les matchs, moi, j’ai faim.

»   Ce que je voyais sur le terrain en jouant contre la France, c’était incroyable. J’ai dans la tête des images de trois-quarts français qui se faufilent partout et qui sont insaisissables. Je vois Ntamack se balader entre les lignes, avec ses longues, longues jambes… et puis les crochets de Castaignède… Cette façon de jouer des Français, c’était unique. Aujourd’hui tout le monde joue le même rugby, au Nord comme au Sud. Et ce qui caractérisait la France, ce french flair, s’est un peu perdu.

»   Mes préoccupations de pilier étaient très éloignées des envolées du french flair. Mon truc, c’était d’observer mon adversaire direct, d’anticiper et de ne jamais entrer en mêlée de la même manière. C’est une conception très argentine de la mêlée. Là-bas, on a une approche psychologique et technique du poste de pilier. La domination de l’adversaire n’est pas seulement une affaire de force brute. Les commandements en mêlée d’aujourd’hui vont dans ce sens, en privilégiant la technique. On perd un peu l’esprit de la mêlée, le plaisir de l’impact, mais on gagne en exigence technique, ce qui est valorisant pour les avants.

»   Avant les matchs, j’étudiais le comportement de mon vis-à-vis, je mentalisais, je m’imaginais face à lui, comme je le fais aujourd’hui avant d’entrer sur scène. Une fois sur le terrain, je ne voulais pas céder un pouce de terrain. J’avais des bouffées d’orgueil qui sortaient naturellement. Ça ne se voyait pas, mais ça bouillonnait en moi. Je me donnais, jusqu’à atteindre mes limites. Combien de fois, en sortant de la mêlée, je me suis relevé en voyant des étoiles à cause de la tension, de la pression et du manque d’oxygène…

Les cons et les forts

»   À Agen, j’ai pu m’en donner à cœur joie. De 1999 à 2004, on a eu une mêlée terrible. Avec Crenca et Rué, on tuait tout le monde. Dès mon arrivée, j’ai proposé à Lanta une façon de travailler. On faisait dix entrées en mêlée la veille de chaque match, et j’expliquais bien à chacun ce qu’il devait faire. C’était un travail minutieux et efficace. Un travail qui a fait notre force. Les autres disaient de nous qu’on était « cons et forts », et c’était probablement vrai. À Toulouse, à la fin de ma carrière, certains coéquipiers me disaient : « Mais comment tu as pu jouer avec des cons pareils ? » Il faut dire que dans ces années-là, on les avait bien bougés, les Toulousains.

»   La seule ombre au tableau de mes années agenaises c’est la défaite en finale du championnat 2002 contre Biarritz, à la dernière minute. Un souvenir douloureux. Ça n’enlève rien au fait qu’on a marqué une époque, avec cette mêlée agenaise. Même entre nous, on n’était pas tendres : je me souviens d’un test match en Argentine en 2002 où je me retrouve face à Crenca. Je ne lui ai fait aucun cadeau, c’est le moins qu’on puisse dire. Après le match, il était furieux !

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»   En 2004, j’ai failli quitter définitivement le rugby. Mon professeur de chant m’encourageait à rejoindre ma femme, qui vivait à New-York, pour me lancer là-bas dans une carrière de chanteur lyrique. L’idée m’enchantait. J’étais prêt à repartir à zéro, à travailler à la plonge dans les restos pour me payer des cours de chant. J’avais 33 ans, une jolie carrière derrière moi, deux participations à la coupe du monde et de belles performances. Mais il faut croire que je n’en avais pas fini avec le rugby. J’ai été approché par Jean-Michel Rancoule, du Stade Toulousain. Je lui ai donné mon accord par téléphone. Il était tellement pressé et avait tellement peur que je change d’avis qu’il voulait me donner rendez-vous à mi-chemin entre Toulouse et Agen pour me faire sa proposition de contrat. Je n’arrivais pas à imaginer qu’on me fasse signer un engagement au Stade Toulousain sur un capot de voiture, comme un gitan, au milieu d’un péage d’autoroute à Valence-d’Agen. Je ne demandais pas de signer au siège du club, mais au moins sur une table… Et finalement, on a signé sur une table.

Les trois-quarts et la conquête

»   Signer au Stade à 33 ans. Quel défi ! Palmarès fabuleux. Des jeunes partout. Des stars à chaque poste. Je suis entré par la petite porte, avec pour mission de jouer et de former les jeunes piliers. Il n’était pas prévu que je joue tous les matchs, ni que je laisse quelque trace que ce soit dans le cœur des supporters. Finalement, c’est ce qui s’est passé.

» Déjà, à Agen, sous l’influence de Christophe Deylaud, on produisait beaucoup de jeu, mais à Toulouse… fallait voir. C’est bien simple, rien n’était prédéterminé. Nous les gros, on ne savait plus où donner de la tête. Avec Heymans, Clerc, Poitrenaud, Michalak, ça partait dans tous les sens. C’était difficile d’assurer le soutien parce qu’on ne savait jamais où ces types-là allaient partir. La priorité de Guy Novès, c’était les trois-quarts et la conquête. La mêlée passait au second plan. D’ailleurs, ce n’est pas sa spécialité. Guy, c’est d’abord un meneur d’hommes qui sait choisir le moment pour bousculer ou protéger un joueur. J’ai beaucoup d’admiration pour lui.

»   À mon arrivée à Toulouse, j’ai aménagé mon temps entre rugby et musique. Grâce au conservatoire de Toulouse, qui a accepté d’adapter mes horaires, je me suis mis à rêver d’une reconversion dans le chant lyrique.

Le désir et la reconnaissance

»   Il m’arrive de me demander ce qui se serait passé si j’avais choisi le chant plutôt que le rugby, mais ça ne m’obsède pas. Les barytons que j’ai rencontrés dans le milieu, comme Gabriel Bacquier, m’ont dit que mon timbre de voix n’a pas d’équivalent et m’ont encouragé. Peu importe si j’arrive trop tard. Ce qui compte, c’est que le chant occupe aujourd’hui 80% de mon temps et que je ne cesse pas de travailler. J’aimerais avoir une carrière de chanteur d’envergure nationale. Je rêve de chanter dans des stades, de parcourir le monde, de chanter avec des grands, comme Aznavour, pour employer différemment ma voix de chanteur lyrique. J’ai des modèles : Dimitri Hvorostovsky chez les barytons, Plácido Domingo chez les ténors. Voilà quelqu’un que j’aimerais rencontrer. Il a chanté des chansons connues, dans un répertoire latino populaire tout en restant crédible dans le monde de l’opéra. C’est remarquable.


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»   J’ai tellement d’envies. Envies de scène, de comédie, de chant, de disque. Je suis prêt à tout essayer. Enfin, pas tout à fait : j’étais récemment en famille à Orlando, en Floride, au Parc Universal Studio. Ce jour-là, il y avait un casting pour le télé-crochet American Idol. Ma femme me dit : « Omar, vas-y ! On ne sait jamais ». Je me suis retrouvé devant une fille qui me demande de chanter a capella. Je choisis Granada. Elle était très enthousiaste, comme savent l’être les Américains. J’ai été sélectionné pour l’épreuve du soir. On devait se produire sur scène, devant un jury, et chanter une chanson choisie dans une playlist imposée. Malheureusement, la playlist, c’était pas trop mon univers. Je me voyais mal chanter du Michael Jackson, devant les caméras. Je me suis dégonflé.

»   Je sais que j’ai encore le temps, mais j’attends le déclic, le tremplin qui lancera définitivement ma carrière de chanteur. Ça finira par arriver, comme c’est arrivé dans ma vie de rugbyman. Ça marchera si je parviens à rester authentique sur scène comme je l’ai été sur les terrains. C’est peut-être une nouvelle façon pour moi de chercher la reconnaissance. Sur le terrain, c’était plus diffus, noyé dans le nombre et l’adrénaline. Sur scène, c’est un contact sans intermédiaire. Tout aussi direct que les fois où, à Toulouse, quelqu’un m’arrête dans la rue pour me féliciter et me parler d’un souvenir de match. J’aime l’idée de procurer des émotions aux autres. C’est un moteur, chez moi. Et je n’ai pas trouvé dans ma vie de meilleure solution pour y arriver, que de porter des crampons ou de chanter des chansons.

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