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  • BOUDU

Youtubeur des bois


D’ordinaire, la forêt de Bouconne est peuplée de promeneurs. Mais un promeneur du genre de Simon, c’est beaucoup plus rare. Il détonne avec son sac militaire vintage, sa mini-pelle qui dépasse et sa sacoche à la ceinture. Ce trentenaire toulousain, écologue, étudie l’impact de l’homme sur l’environnement. Il y a deux ans, il s’est découvert une passion dévorante pour le bushcraft, comprenez la remise au goût du jour des techniques de survie en pleine nature : « Je suis arrivé au bushcraft par la chasse. Avec mon travail, on me proposait de passer gratuitement mon permis. Je me suis renseigné sur internet. En deux mois, j’ai regardé plus de 8 000 vidéos. » Loisir encore confidentiel, le bushcraft est en train d’éclore en France. Simon participe à le rendre visible via sa chaîne Youtube et ses quelques 4 800 abonnés. Il prodigue des conseils, réalise des tests, échange avec les internautes. Il dit pratiquer la survie à l’ancienne, civilisée, dans l’esprit trappeur au coin du feu. « Bien loin des survivalistes obsédés par l’imminence de je ne sais quelle catastrophe. En fait, il suffit d’aimer bricoler le bois avec de vieux outils et d’aimer la nature sauvage pour se réclamer du bushcraft. » Étalée fièrement sur une bâche, la panoplie complète de Simon : hachette, couteau artisanal, cuillère en bois sculptée et gourde en inox. À la ceinture, son petit trésor, un kit fait maison pour faire du feu sans briquet. Aujourd’hui, la chose lui sera inutile : les feux de

camp sont interdits dans la forêt de Bouconne.

Pas d’ours, mais des gendarmes Qu’importe. Pour Simon, l’essentiel est ce petit parfum d’aventure, ce retour sucré aux héros de l’enfance :  Davy Crockett, les cowboys et les indiens du cinéma, les aventures de Macgyver qui passaient à la télé le dimanche après-midi. « J’ai huit ans et demi dans ma tête. C’est le plaisir d’aller dehors, faire une cabane. C’était mon activité préférée avec mes cousins en vacances. Je ne me prends pas pour Peter Pan, mais c’est pas loin ! ». Cette passion l’occupe 12 à 24 week-ends par an. Sans compter les sorties à la journée à Bouconne : « C’est la forêt la plus proche de Toulouse. Mais c’est un choix par défaut. Il y a trop de monde et parfois des gens bizarres. Et puis en plaine, le regard des gens est différent dès qu’ils vous voient avec un gros sac à dos. À la montagne, c’est banal. Personne ne fait attention. » Sa femme, elle, soutient

avec bienveillance le passe-temps singulier de son mari : « Elle trouve que c’est beaucoup mieux de s’amuser dans les bois que de glander devant un ordinateur toute la journée ! ». Avec sa silhouette longiligne et son apparence faussement négligée, Simon ressemble plus à un étudiant romantique qu’à un aventurier nourri aux serpents grillés. D’ailleurs, depuis ses débuts, sa plus grande peur fut, non pas de croiser un ours, mais des gendarmes : « On était un petit groupe de bushcrafteurs. Un randonneur nous a vus et a prévenu la gendarmerie, en disant qu’on était 70 en train monter un camp. Un peloton de 16 gendarmes avec des chiens a débarqué, pensant tomber sur des braconniers ! »

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