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Histoire : La salade des pendus

Dernière mise à jour : 6 févr.

Tous les mois, la blogueuse Marine Gasc vulgarise l’histoire de Toulouse à travers des anecdotes croustillantes.


Le nom de la place de la Salade, au nord des Minimes, n’a rien à voir avec le lobby vegan. Son origine, qui remonte au temps de la justice expéditive et des sévices publics, sent davantage la chair fraiche et le charognard que la chlorophylle. Si, sous l’Ancien régime, les condamnés à mort voient leur sentence exécutée place Saint-Georges, les pendus se balancent pour leur part aux gibets installés à la périphérie de la ville. Le dispositif est alors particulièrement bien équipé et chiadé. On compte pas moins de six fourches patibulaires (des gibets composés de deux colonnes de pierre et d’une poutre en bois horizontale) : un luxe pour une ville de province. On y pend les criminels haut et court, évidemment, mais surtout on laisse les cadavres suspendus pendant plusieurs jours, parfois plusieurs semaines, selon la saison et l’état de décomposition du corps sur le gibet, qui en occitan se dit salada. Si les fourches patibulaires se trouvent sur un grand axe de communication (à l’actuelle Barrière de Paris), c’est pour que chaque personne qui entre dans Toulouse par le nord découvre le sort que réserve la cité aux brigands et aux criminels. Il faut dire que la vue des cadavres en putréfaction dont les organes, en particulier les yeux, sont savourés par les oiseaux, ça calme un peu les ardeurs. Du reste, la chose est un véritable spectacle pour les Toulousains, qui se pressent devant le gibet les jours d’exécution, avant d’aller écluser quelques chopines dans les troquets du quartier. Et c’est seulement quand le cadavre menace de tomber de la fourche patibulaire qu’on l’enlève pour le brûler ou le précipiter dans la fosse commune. Travail ingrat que celui qui consistait à décrocher les pendus… De quoi vous dégoûter de trier la salade !

Retrouvez Marine Gasc sur son blog racontemoilhistoire.com

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