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  • BOUDU

Fanflures : les as du piston

Il y a un an, Les Fanflures traversaient l’Atlantique direction la Nouvelle-Orléans, ville sainte du jazz. Passage presque obligé pour tout bon jazzband. Là bas, pas de chichi : tout se joue dans la rue. Plongés dans les entrailles du jazz, ils se sont imprégnés de la culture musicale américaine, comme l’avait fait quelques années plus tôt Gabriel Ray, fondateur du groupe. Parce qu’au départ, Les Fanflures, c’est lui, jeune homme à la barbe broussailleuse et aux fines lunettes rectangulaires. En 2013, housse de trombone sur le dos, il s’envole vers les États-Unis. Tout sauf une évidence tant son apprentissage de la musique à la guitare sèche et au piano est compliqué : « Ma prof me tapait sur les doigts quand je jouais mal ». Adolescent il découvre le trombone par hasard. Depuis, il ne l’a pas lâché et avoue, non sans fierté, avoir tout appris seul. Seul il va le rester jusqu’à sa rencontre avec le tromboniste Francis Guéro, qui devient son professeur, et son mentor. Gabriel Ray quitte alors son boulot ets’immerge pendant trois mois dans la musique de la Nouvelle-Orléans : « Là-bas, il y a des trombonistes à la pelle. Le niveau est vraiment élevé ».

À la Nouvelle-Orléans, le moindre pélo sait lire une partition. Il se rappelle qu’à son arrivée, des musiciens l’interpellent dans la rue et lui proposent de jouer : « Une culture que l’on n’a pas du tout en France ». Aujourd’hui, Les Fanflures c’est Gabriel Ray et sept autres musiciens. Tous ont apporté leurs influences musicales. Dans leurs nouveaux titres, le hip-hop se mélange au jazz : « Notre EP marque la transition entre notre ancien album, Dans ta face, et le prochain ». Sorti le 28 octobre, Work Together traduit cette ambition d’un travail commun et de partage. Toute l’année ils se sont produits de Luchon aux Cévennes. Mais la date clé, c’était le 21 avril dernier. Les Fanflures ont convié les Toulousains à se retrouver rue d’Alsace-Lorraine pour une parade. Accompagnés de danseurs, les musiciens et les spectateurs n’ont fait qu’un. « À la Nouvelle-Orléans, au moins une fois par an, les habitants de chaque quartier défilent. Il faut être le plus beau et le meilleur musicien. C’est une manière de se réapproprier son lieu de vie, de le défendre et d’en être fier », s’enthousiasme Nicolas Cabello-Aguilar, la caisse-claire du groupe. Ce grand blond aux cheveux noués en chignon est boulanger de formation. Et à première vue, rien ne le prédisposait à devenir musicien. Lorsqu’il revient sur ses premiers cours de musique, le rythme est donné : « Mon père a voulu m’apprendre la guitare, ça m’a saoulé. Il a voulu me faire découvrir la basse, ça m’a saoulé. Il m’a proposé les percussions… Ça m’a saoulé ! »

Le seul instrument qui trouvait grâce à ses yeux : la batterie. Mais, la réponse de ses parents était claire : « C’est trop cher ». Il a donc pris son mal en patience jusqu’à ce que l’un des amis de son paternel laisse sa batterie dans son garage. « J’ai commencé à taper dessus ». Et il en a fait son métier. Il est entré dans le groupe des Fanflures au poste de remplaçant et y est resté. Il faisait partie du voyage à La Mecque du jazz : « Là bas, comme les enfants font de la musique à l’école, le moindre pélo sait lire une partition. C’est incroyable de voir que tous ont le rythme dans la peau dès le plus jeune âge ». Une réflexion pas si anodine quand on sait que Les Fanflures interviennent dans les écoles pour faire découvrir aux élèves d’autre styles musicaux que le classique. Et on n’en attendait pas moins d’eux. Ces musiciens « mi-raclures, mi fanfarons », comme ils se définissent, sont des originaux, des givrés du piston qui comptent bien faire bouger les portées du jazz français

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