Interview

Steve Gallais« Si on créé une agence Verywell à New York, elle s’appellera… TrèsbienCommunication »

Rédaction : Sébastien VAISSIÈRE,
Photo : Rémi BENOIT,
le 6 mars 2019 Temps de lecture : 4 min.
Partager : TwitterFacebookMail

À 38 ans, Steve Gallais est le communiquant le plus en vue de la place toulousaine. Sa société Verywell, qui accompagne aussi bien les TPE, Airbus que la mairie de Toulouse, est l’une des agences indépendantes les plus récompensées de France. Spécialisé en branding, habitué à envoyer du « love » à ses clients et lauréat de nombreux awards, ce pur Toulousain qui a commencé sa carrière au magazine Pure Virus assure employer les anglicismes avec parcimonie, principalement pour leur efficacité et leur puissance évocatrice.

Steve Gallais, pourquoi tant d’anglicismes ?

En premier lieu parce que notre secteur d’activité pense avec des concepts et des termes techniques venus du monde anglo-saxon. La plupart intraduisibles. On les utilise beaucoup entre nous pour plus d’efficacité, mais devant les clients, on fait attention à ne pas trop jargonner.

Certains locaux ont-ils du mal avec l’anglais ?

Ça arrive. Il y a quelques temps, on a travaillé d’arrache-pied une présentation pour un client vigneron. Évidemment, nos slides présentaient des anglicismes. Avant même qu’on commence, le client nous a dit : « Je vous préviens, au premier terme anglais, je me lève et je me tire ! ». Finalement avec un peu d’écoute mutuelle, on est arrivés à travailler ensemble.

Vous créez notamment des noms de marque. La tentation de l’anglais est-elle forte ?

On fait du branding. Un mot anglais, justement, qui couvre bien plus que le terme « création de marque », parce qu’il intègre le nom, le logo, la stratégie de déploiement, etc. Quand on travaille au branding, on suit une méthodologie bien spécifique qui implique un travail de fond sur la langue et les racines étymologiques. On se tourne bien évidemment vers l’anglais, mais on privilégie les noms à origines multiples.

Par exemple ?

Nubbō, nouveau nom de l’incubateur de start-up en Occitanie. Ce nom a beaucoup de succès et a remporté tous les prix de branding qui existent en France. Son origine est une rencontre du latin nuves (le nuage) et de la sonorité new born (nouveau-né). On ne se prive donc jamais de se tourner vers l’anglais, mais on garde une approche globale des langues.

Quid de l’usage de l’anglais dans les courriels, sur les réseaux sociaux et dans les conversations de tous les jours ?

C’est une question de distance. Quand on fait un clin d’œil à nos clients le 14 février en leur envoyant du « love » sur les réseaux, c’est pile la distance qu’on cherche. Amour serait trop fort. On veut simplement signifier l’attachement, le plaisir. Même chose dans les sms : « Bonjour » est trop formel, « Salut » trop familier … « Hello », c’est parfait ! L’anglais, parfois, vient combler les vides… 

Et apporter le charme de l’exotique ?

Exactement. Et c’est bien là tout ce qui compte, dans la communication humaine : la différence, l’autrement, l’exotisme. Je rêve de monter un jour une antenne de Verywell à New York. J’ai déjà déposé son nom : « Trèsbien communication ».

À lire aussi dans ce numéro

Interview -

Denis Rey : un étreint peut en cacher un autre

Gros-Câlin, adaptation réussie d’un roman de Romain Gary touffu, étrange et drôle, dans laquelle le comédien Denis Rey opère seul et sur tous les fronts avec cet inimitable équilibre de...

> Lire l'article <
denis Rey
Enquête -

Anglicismes, bientôt l’overdose ?

Les signataires d’une tribune assassine publiée sur le sujet dans Le Monde voilà quelques semaines (parmi lesquels des locaux dont Serge Pey et Michel Serres), voient pourtant dans ce recours...

> Lire l'article <
Enquête -

80’s à Toulouse : la petite Movida

Douze millions de 45 tours vendus en 10 ans par les Mader, Ester, Gold, Images, Kazero, Pacifique et consorts. Des Toulousains qui ont fait danser la France sans quitter leur...

> Lire l'article <