Enquête

Un sanglier au Virgin

Rédaction : Sébastien VAISSIÈRE,
le 3 mai 2019 Temps de lecture : 3 min.
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L’irruption soudaine de la vie sauvage dans les centres urbains laisse toujours des souvenirs impérissables. Ce fut le cas le 19 novembre 2011 à Toulouse.

Ce matin-là l’air était doux et les dernières feuilles flétries des platanes grillaient au soleil de l’été indien. À 10h, une laie surgit des quais de Garonne. L’animal, accusant près d’un quintal à la pesée, comprit vite qu’il venait d’entrer, sans rendez-vous, en terre inconnue. Effrayé, il se mit à courir à sa perte et en direction du centre-ville. La foule incrédule s’ouvrit devant elle comme la mer Rouge au passage du peuple élu. Des yeux écarquillés accompagnèrent le bolide poilu dont les sabots frappaient bruyamment le pavé. Arrivée place de la Bourse, la bête négocia mal son virage et heurta le pilier sur lequel s’appuyait la porte d’entrée de la célèbre friperie Groucho. Le propriétaire de la boutique n’a pas oublié cette rencontre : « Il a été bien attrapé de nous voir, ma collègue et moi, comme ça, face à lui. Je ne sais pas si c’est le choc qui a causé sa blessure ou s’il était blessé avant, mais il a laissé une tâche de sang sur le mur. Il a disparu aussi vite qu’il était venu, en direction de la rue Sainte-Ursule. Il était 10h10. On venait d’ouvrir. Heureusement qu’il n’y avait pas de clients ! ».

Alertées, les autorités sonnèrent l’hallali. Un passage-éclair rue Gambetta, une traversée chaotique de la place du Capitole, et l’animal s’engouffra au rayon CD du Virgin Megastore (Zara actuel). Des mémés matinales venues acheter le nouvel album de Susan Boyle (sorti deux jours auparavant) assistèrent flippées à la glissade de la laie dont les sabots ripaient sur le sol ciré du disquaire. Fuyant le magasin à toute vitesse par la sortie sans achat, l’animal s’engagea rue Bayard avant d’achever son encierro porcin dans l’eau verte du canal du Midi, près de la gare Matabiau. Là, les pompiers lui passèrent la corde au cou et le guidèrent jusqu’au port Saint-Sauveur. Le Préfet tergiversa. Il y eut un moment de flottement. On pensa endormir la brave bête, la gracier, en quelque sorte. On décida finalement de lui tirer une balle dans la tête et chacun rentra chez soi.

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