La chercheuse

Nathalie Séjalon-Delmas"Sans champignons, pas de vie sur terre"

Rédaction : Sébastien VAISSIÈRE,
Photo : Rémi BENOIT,
le 3 février 2023
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Nathalie Séjalon-Delmas est docteur en sciences végétales et enseignante-chercheuse à l’Université Paul-Sabatier. Elle est spécialiste des interactions entre les plantes et les champignons, phénomène aussi complexe qu’indispensable à la vie.

Nathalie Séjalon-Delmas

Son goût pour la science

« Au collège, je ne me destinais pas à la science. J’étais persuadée que j’étais nulle. Quand on a abordé la photosynthèse au lycée, j’ai trouvé ça génial. Même chose en découvrant les levures et les champignons. J’ai passé le bac en 86. Les travaux sur les levures étaient récents. C’était le grand essor de la génétique avec l’avènement des outils moléculaires. Cela ouvrait des perspectives ! »

Son domaine

« Je travaille sur l’interaction plante-champignons mycorhiziens. Contrairement aux ectomycorhiziens (truffe, lactaire, amanite), les endomycorhiziens que j’étudie ne se voient pas à l’œil nu. Ils se structurent autour de la racine et remplacent ses poils absorbants pour aller puiser les nutriments et l’eau parfois très loin. C’est très utile en période de sècheresse. »

L’eau, le champi, la vie

« Sans eux, pas de vie sur Terre. Ils sont apparus il y a 460 millions d’années. Pour que les plantes puissent vivre, il a fallu que ces champignons attaquent la roche et libèrent les éléments minéraux. Sans eux, pas de matière organique, pas de sol, pas de plantes, pas d’animaux… »

Ses recherches

« Je me suis d’abord occupée à décrire pourquoi le champignon est associé de façon aussi obligatoire à la plante, pourquoi il ne peut pas se nourrir sans elle, et quels sont les signaux qu’il lui envoie pour qu’elle se laisse coloniser. Désormais, je m’intéresse à l’impact des pratiques agricoles sur la diversité de cette vie mycorhizienne. » 

Son diagnostic

« Le travail du sol perturbe cette vie qui se trouve dans les 20 premiers centimètres sous la surface. Il détruit la structure des champignons et leurs filaments qui récupèrent l’eau et les phosphates qu’ils transfèrent ensuite aux plantes. »

Son message

« On assiste aujourd’hui à une extinction de la vie des sols qui est occultée parce qu’invisible. Pourtant, c’est très grave. Si on veut arrêter ce processus, il faut changer les pratiques agricoles et cesser de travailler les sols. »

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