Né dans un quartier où l’horizon des enfants s’arrêtait au CM2, Mostafa Fourar est aujourd’hui recteur de l’académie de Toulouse. Entre les deux, de l’effort, et des rencontres qui changent la vie. Ce docteur en mécanique des fluides nous en fait le récit dans cette conversation, en convoquant Michel Strogoff, un père taiseux, une mère inquiète, des touristes de Dijon, des prix Nobel croisés à la cantine, un vigneron de Fronton, une voisine de pallier, et même Dominique Baudis.

Mostafa Fourar, les progrès de l’intelligence artificielle dominent l’actualité. Les applications infinies de chatGPT, notamment, fascinent les profs et les inquiètent. Qu’en pensez-vous ? Ce n’est pas l’intelligence artificielle qui pose problème, mais l’usage qu’on en fait. Pour ma part, j’y vois surtout des opportunités.
Lesquelles ? Deux exemples dans notre académie. Une expérimentation toulousaine d’abord : on a distribué à des élèves des tablettes équipées d’une application conçue par une startup toulousaine. L’application définit le niveau de l’élève et adapte la difficulté des exercices qu’elle lui propose. Il progresse donc à son rythme, et reste autonome. C’est un levier très intéressant pour individualiser l’enseignement.
Autre exemple ? J’ai visité une classe avec un robot piloté à distance par un enfant tétraplégique. Les jours où sa santé ne lui permet pas de se déplacer, il suit les cours par l’intermédiaire du robot. C’est bluffant de voir à quoi ressemble cette classe, avec ce robot qui évolue parmi les élèves comme s’il était réellement leur camarade.
Et vous, à quoi ressemblait l’école de votre enfance ? À une école marocaine comme les autres. J’ai grandi à Kénitra, un petit port de marchandises dont l’origine remonte aux Phéniciens. Aujourd’hui, c’est une cité dortoir de Rabat. Mon père était venu y trouver du travail. Il avait fui la sécheresse de Fourar, son village natal, au nord d’Essaouira. À Kénitra, il travaillait comme manutentionnaire sur le port. C’est là qu’il a rencontré ma mère. Elle était veuve et mère de trois enfants. Ils ont fondé une nouvelle famille. Autant dire que pour moi, la famille recomposée est une chose naturelle.
Quel genre d’élève étiez-vous ? J’aimais beaucoup l’école. Sur les neuf enfants de la famille, je suis le seul à avoir dépassé le CM2. J’aimais travailler. J’aimais les professeurs engagés, sincères. Quand1
La suite est réservée aux abonnés.
Accédez à tous les contenus de Boudu en illimité.
Ou achetez directement le magazine en version pdf