Récompensée pour son regard cru sur la prison et le théâtre itinérant, Léa Fehner a présenté son troisième film, Sages-femmes, au Panorama de la Berlinale cette année. Elle met cette fois, en lumière la crise des maternités. À la manière d’une documentariste engagée, la réalisatrice reconstitue le quotidien étouffant de milieux méconnus.

Les sorties de films lui sont une vraie corvée, même après quinze ans de carrière. En promotion pour son dernier long-métrage, en salles à la fin du mois, la réalisatrice toulousaine enchaîne les allers-retours à Paris pour ses interviews. « C’est compliqué, dans le cinéma, on a tous soif de reconnaissance et de visibilité, mais l’idée de la notoriété me met mal à l’aise », avoue-t-elle. En témoignent ses joues rosées et son brin de timidité dans la voix, en conférence de presse, quelques heures avant la première de Sages-femmes à l’ABC. « Si j’ai choisi cette façon de faire, c’est justement pour disparaître derrière mes sujets. » Léa Fehner est donc de celles qui ne troqueront jamais leur place derrière la caméra pour la tête d’affiche. Mais l’industrie du cinéma lui laisse peu de répit... « Ces cercles de la représentation sont à la fois narcissisants et humiliants, ce qu’on vit n’est jamais à la hauteur de ce que les gens imaginent, et le succès n’est pas toujours celui qu’on aurait espéré. Et puis, ces moments ne sont pas payés et nous empêchent d’avancer sur d’autres projets », admet-elle, un peu lasse.
Elle, préfère les coulisses. Et en fait la matière de ses œuvres. « J’ai un goût pour les dessous qu’on ne connaît pas. Ce métier est passionnant, il me permet de lever le voile sur des curiosités et des réalités, de voir ce qu’on ne voit pas toujours. » La cinéaste ouvre des fenêtres sur des univers souterrains, obscurs, mystérieux : le parloir d’une prison, le chapiteau d’une compagnie de théâtre ambulant, les salles d’accouchement. Trois sujets pour trois films qui1
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