Qui Som ?
On ne s’est jamais vraiment remis des représentations de Falaise, de Baro d’evel, en 2023, au Théâtre de la Cité, avec ses oiseaux, son cheval blanc, son humour, sa fanfare et sa poétique de l’effondrement. C’est dire si l’on attend avec impatience celles de Qui Som ?, créé l’été dernier à Avignon et acclamé debout, qui s’annonce comme l’entrée définitive de la compagnie menée par Camille Decourtye et Blaï Mateu Trias sur les grandes scènes d’Europe, et dans la cour des grands.
Qui Som ?, Baro d’evel, du 2 au 8 et du 10 au 15 décembre au Théâtre de la Cité
Magique système
Exit le festival des Lanternes qui illuminait l’an dernier encore l’hiver montalbanais. La cité d’Ingres mise cette année sur une « expérience » fondée sur l’univers des films Harry Potter et Les animaux fantastiques. Scénographes et réalisateurs de la Warner ont changé le Jardin des Plantes en forêt magique et semé partout décors, effets audio et visuels qui feront chavirer les lecteurs de Rowling. Un Noël sauce Poudlard avec voiture volante, jeteurs de sort et effets spéciaux en plein Sud-Ouest.
Why not ? Jusqu’au 2 février 2025
Durs à cuivres
Voilà une décennie que la Grainerie (fabrique des arts du cirque et de l’itinérance de Balma/Toulouse), dresse en décembre un chapiteau de 600 places sur son parvis. La tente abrite cette année deux spectacles ourdis par le Surnatural Orchestra, collectif qui aime casser les codes et les oreilles. Outre sa dernière création, Cosmo*phonie, on brûle de voir leur grand format, Pic, cosigné avec le Cirque Inextrémiste. 1h30 d’esprit fanfare et de cirque à risque, traversée de part en part par des musiciens renversés cul-par-dessus-tête et des joueurs de grosse caisse trampolinistes. Un bal de 22 artistes réglé au millimètre et donné au plus près du public. À voir, à vivre, à ouïr.
Cosmo*phonie, 7 et 8 décembre
Pic, du 12 au 21 décembre à La Grainerie, Balma.
Salon de message
Après dix ans à la tête du Sorano, Sébastien Bournac passe la main en janvier. Érudit, randonneur et lecteur, il aura traversé cette décennie toulousaine en promenant sur nous son regard de programmateur généreux, de spectateur euphorique et de metteur en scène sombre. On verra donc en décembre sa dernière création : une adaptation de Des arbres à abattre de l’écrivain et dramaturge autrichien Thomas Bernhard. Un texte en une tirade qui fit scandale à sa sortie en 1984. Un truc bien salé, bien méchant et qui grince. L’histoire d’un homme qui assiste à un dîner bourgeois donné en l’honneur d’un comédien par un couple qu’il ne peut pas piffrer, à l’occasion de la première d’une pièce d’Ibsen (auteur que Bournac a d’ailleurs adapté au Sorano). Le narrateur y rumine in petto sa haine de la société viennoise et de l’Europe tout entière. Les minables, faux intellos et cultureux y sont éparpillés façon puzzle, et les faux-culs démasqués sans ménagement. Faut-il voir un message d’adieu ?
Une irritation - des arbres à abattre, 5, 6, 7, 10, 11, 12 et 13 décembre au Sorano
Toulouse vintage
Question : où croiser cet hiver Yannick Noah en plein effort, El Cordobés en plein paseo, Simone Veil en pleine inauguration, Dominique Baudis en pleine conversation avec un dinosaure, Dieuzaide en plein accrochage, le Concorde en plein air, des fans de Cloclo en pleine extase, Pierre Villepreux en plein vol, l’industrie toulousaine en plein boum, les Frères Jacques en plein concert, la mafia cassoulet en pleine gloire, Maradona plein champ, Rives en plein plaquage, et les filles nues du Tabou en pleine lumière ? Réponse : sous la couverture du très réussi Vivre à Toulouse - 1950-1980, sorti fin novembre chez Privat. Une évocation photographique des Trente Glorieuses toulousaines servies par un noir et blanc velouté et des textes signés du journaliste Mathieu Arnal. Fondu d’histoire locale, ce dernier a fouillé les archives et sondé les anciens pour glaner des anecdotes parfois méconnues des locaux : « J’ignorais par exemple que si Maurice Sarrazin a claqué la porte du Sorano en 1969, c’était en réponse au maire de l’époque, Louis Bazerque, qui voulait exercer un droit de regard sur ses choix artistiques ! » s’amuse-t-il. Un livre à mettre entre les mains des vieux nostalgiques et des jeunes vintage.
Vivre à Toulouse 1950 - 1980, Éditions Privat, 27,90€.
Oli Commissaire
Quiconque fréquente assidûment Les Abattoirs sait que le rappeur Oli y traîne volontiers. La chose n’a pas échappé à Lauriane Gricourt, directrice générale et conservatrice du musée depuis 2022. Toujours en quête d’idées nouvelles favorisant l’accessibilité à l’art, cette dernière a invité le cadet des frères Ordoñez à s’emparer des collections maison pour en donner une lecture libre et affranchie des codes muséaux. Une carte blanche inspirée de l’idée de musée imaginaire définie il y a 77 ans par Malraux dans un essai qui prophétisait le Google Art project et s’asseyait sur l’histoire de l’art. Oli se fait donc commissaire le temps d’une expo en forme d’autoportrait artistique, réunissant œuvres du fonds (Keith Haring, Soulages, Bianca Bondi, César, Miró, Warhol, Villeglé) et pièces commandées pour l’occasion à JR, Jean Jullien, Juliette Green ou Odieux Bobi.
Le musée imaginaire d’Oli, du 6 décembre 2024 au 12 mai 2025 - Ouverture gratuite le 5 décembre de 16h à 20h.