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Calas, Voltaire et Trump : cinq questions à Robert Darnton

En quoi le Voltaire de l’affaire Calas peut-il inspirer les Américains ? Aux États-Unis, l’État est abusé par un président qui appelle parfois à la violence et au racisme. En conséquence, je pense que tout citoyen est tenu de se dresser contre l’injustice. Attention, je n’appelle pas à la révolte. Tout ça doit rester dans les limites de la loi. La pensée de Voltaire est donc toujours d’actualité ? La vision de Voltaire, marquée par un engagement brûlant, est toujours applicable. Cependant, elle garde la couleur des siècles passés. Par exemple, elle considère qu’il ne faut pas éduquer le peuple, pour ne pas l’inciter à quitter les champs. Que dit l’affaire Calas de la société française de l’époque ? Elle est exemplaire des défaillances du système judiciaire français du XVIIIe siècle. Le Parlement de Toulouse était occupé par une noblesse de robe qui ignorait les droits des accusés. Elle est également symptomatique du contexte de persécution des protestants. D’abord convaincu de la culpabilité de Calas, Voltaire s’est finalement ravisé. Pourquoi ? Il était sceptique, mais la condamnation sans preuves l’a particulièrement choqué. Il était aussi hostile aux parlements. Il considérait ceux qui y siégeaient comme des ennemis des lettres, des privilégiés sans éducation. Il a trouvé dans ce procès l’occasion de s’élever contre ces institutions. Cette affaire est-elle unique en son genre ? Elle n’est en tous cas pas la seule à avoir frappé l’opinion publique de l’époque. Je pense par exemple à l’affaire du chevalier La Barre, qui a refusé de s’agenouiller devant un défilé religieux en 1766.

* L’affaire Calas en bref En 1761, Jean Calas, commerçant à Toulouse, est reconnu coupable de l’assassinat de son fils. Il est condamné à mort par les capitouls au terme d’un procès partial et expéditif. Son seul tort : être protestant et soupçonné d’avoir voulu occire son rejeton au prétexte que ce dernier brûlait de se convertir au catholicisme. En 1763, Voltaire s’empare de cette injustice pour nourrir la rédaction de son Traité sur la tolérance, grâce auquel le procès sera révisé, et Calas blanchi.

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