Le moins bavard : Les Lumières de la Ville de Charlie Chaplin
Un festival sans Chaplin, c’est comme un pain bagnat sans mayo. Ça se veut light et moderne, mais ça n’a que très peu de saveur. En débutant par City Lights, il y a de la garniture pour tous les goûts. Quatre boules de cuir valsant entre les cordes, les swings jaillissant comme autant d’entrechats dans un ballet burlesque… voici l’une des nombreuses séquences mythiques de ce chef d’œuvre des années 30. Charlot, éternel vagabond, s’éprend d’une jeune inconnue, aveugle et belle, et se fait passer pour un riche philanthrope, jusqu’au jour où elle retrouve la vue. Un sommet ! Du plaisir à l’état pur, entre grands éclats de rire et émotions impossibles à contenir. City Lights, c’est un club sandwich au caviar. // 5 juillet, 22h30
Le plus psychédélique : Barbarella de Roger Vadim
Pour les jeunes qui voudraient toucher de près le psychédélisme des années 60-70, Barbarella est une occasion parfaite de comprendre… le mauvais goût fait main : décors en carton-pâte ou dignes d’un fond d’écran Google, costumes dépareillés à la Paco Rabanne, ersatz de musique d’époque et poupées tueuses tendance Chucky et Annabelle… Quel drôle de monde que celui de la planète Lithion sur laquelle atterrit Barbarella, l’aventurière adaptée de la BD de Jean-Claude Forest. Roger Vadim aimait les blondes, pas particulièrement le cinéma. Dans cette science-fiction légèrement érotique, il fait jouer sa femme, Jane Fonda, et quelques acteurs de renom dans des situations « malaisantes » : Ugo Tognazzi en primate plein de poils, David Hemmings (l’acteur du Blow Up d’Antonioni) en costume trois pièces slip-body-jarretelles et ce pauvre mime Marceau affublé d’une perruque à faire pâlir Michou. Heureusement, Jane Fonda prisonnière de l’orgasmotron, ça c’est feng shui ! // 10 juillet, 22h30
Le plus culte : Phantom of the Paradise de Brian De Palma
Un artiste défiguré dans une presse à disques et dépossédé de son œuvre par un producteur en pacte avec le diable revient hanter la salle de spectacle. Jusqu’au déluge meurtrier du show final. La grandeur des années 1970, c’était ça ! Le film culte par excellence, un vrai magma flamboyant bourré de références, de pastiches, d’expérimentations visuelles, d’arrangements baroques et d’une B.O. somptueuse, signée Paul Williams. Brian de Palma revisite les mythes de Faust et du fantôme de l’opéra dans une charge féroce contre l’industrie des studios dont il a lui-même été victime. Sans doute l’œuvre la plus personnelle de Brian de Palma, Phantom of the Paradise est une fable pop, drôle et cynique, qui n’a rien perdu de son pouvoir de fascination et de jubilation. Rock’n roll ! // 13 juillet, 22h30
Le plus vengeur : Les nouveaux sauvages de Damián Szifrón
La vengeance dans tous ses états. Ou comment des situations banales dégénèrent de la comédie noire vers la sauvagerie… Jusqu’à l’absurde. Une série de sketches évoquent, avec plus ou moins de réussite, le poids que les sociétés modernes font peser sur les individus : individualisme, orgueil et conventions sociales, castes domestiques, crétinerie des comportements, bureaucratie aveugle… Toute situation est sujette au pétage de plomb, jusqu’au débordement surréaliste. Damián Szifrón s’en donne à cœur joie dans cette farce féroce en tendant au spectateur le miroir déformant de ses petits travers. Humour noir garanti ! // 25 juillet, 22h
Le plus culotté : Les aventures de Robin des bois de Michael Curtiz
Alors là je vous vois venir ! Après le Robin de Kevin Costner en 1990 ou celui de Russel Crowe version 2.0 il y a 10 ans, pourquoi retourner aux temps jadis et se taper cette vieille carne brindezingue d’Errol Flynn ? Et bien tout simplement parce qu’Errol Flynn – dont la vie est aussi picaresque que le héros qu’il interprète – est largement au-dessus de la mêlée. Collant vert au plus près du corps, œil séducteur et moustache fine, la flèche aux aguets entre deux sauts de cabri, il campe avec une incomparable énergie ce mélange de noblesse et de rustre paysannerie. Un vrai gymnaste, élégant comme un coucou, et gentleman en prime. Tiens d’ailleurs, Gentleman Jim, voilà un autre chef d’œuvre d’Errol Flynn parfait pour Cinéma en plein air. // 31 juillet, 22h
Le plus proustien : Dirty Dancing d’Emile Ardolino
Voilà le prototype du film culte référencé 1980. Une romance sur les dancings entre une ado toute frisouille et un séduisant prof de danse, sur fond de contexte politique tendu. On est en 1963 mais rassurez-vous, les rares références aux mouvements sociaux d’époque n’éclipseront pas l’importance du porté dans le mambo. Qui se souvient à quel point c’était niais, extrêmement mal dialogué et réalisé avec les pieds ? Enfin le film aura au moins lancé la carrière du brave Patrick Swayze. Une note de Time of my life et ça repart, toujours aujourd’hui. Marcel aurait appelé ça une madeleine. // 10 août, 22h
Le plus cash : French Connection de William Friedkin
À travers les rues poisseuses de Brooklyn, Popeye, flic impulsif et violent, traque les membres de la French Connection, filière du trafic de drogue en provenance de Marseille. William Friedkin change à jamais la face du film policier avec cette plongée sauvage dans l’univers des gendarmes et des voleurs new-yorkais. Fini les flics à papys ! Un héros brutal, une approche réaliste, une réalisation moderne, des décors aussi sales que naturels… Un vrai film du Nouvel Hollywood. Avec en prime l’une des plus fameuses courses poursuite de l’histoire du 7e art entre une voiture et un métro aérien. Qui dit mieux ? // 16 août, 21h30