Dimanche 16 avril, bords de Garonne. Terrasses bondées. Soleil couché. Il fait doux. À hauteur du Pont-Neuf, des cars de CRS, des barrières de sécurité, et une marée humaine qui fond sur le centre-ville. Des jeunes, des vieux, de tout. Drapeaux, pancartes et banderoles à la main, ils quittent la prairie des Filtres. Pendant que certains rentrent chez eux, d’autres s’assoient en cercle sur l’herbe de la Daurade. Ça boit des coups. Ça casse une graine. Un rameau d’olivier à la boutonnière, un autocollant « résistance » sur la casquette et un pack de bière à la main, un jeune mec m’accoste : « T’aurais pas une clope s’te plaît ? ». J’y consens en échange d’une bière. C’est comme ça que je fais la connaissance de Manu, 24 ans, étudiant. Il m’invite à rejoindre ses amis. Les paroles s’envolent. Les Kro restent. « Jean-Luc va passer ! C’est sûr. » On m’interroge sur mes intentions de vote. Comme tout le monde, je ne sais pas trop. On m’invite à voter par conviction et non par stratégie. Minuit. Il est temps de changer de crèmerie. Place Saint-Pierre, Chez tonton. Chants ivres, démarches hésitantes, vapeurs de pastis. Mes compagnons de soirées sont ronds comme des queues de pelle. À la fermeture, le vigile nous dégage gentiment du comptoir et nous laisse reprendre la rue. Une patrouille de police est là, à l’affût. Les hommes en uniformes guettent les débordements en écoutant trois soulards entonner des chansons paillardes. « À qui je mets les pinces ce soir ? » plaisante un policier à notre passage. Il est tard, les rues se vident. Mon nouvel ami et sa bande titubent à la recherche d’un kebab. Le soleil se lève. La Garonne est violette et l’air rempli de piafs qui chantent. La gueule de bois s’annonce sévère. Hilare, Manu me lance : « Et encore, c’est rien comparé à celle du lendemain du premier tour ! »
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