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BOUDU

Dan Bianda Simen, le bon élève de la soul

Les portes de la salle de spectacle de Saint-Orens sont closes, crise sanitaire oblige, mais les résidences d’artistes sont maintenues. Les concerts de restitution sont diffusés en direct sur les réseaux sociaux, histoire de garder le contact avec le public. Sur le plateau auréolé de lumière bleutée, les instruments sont déjà en place. L’ingé son s’active. Il est quasiment 14h30, juste le temps de se faufiler dans une travée. Dan Bianda Simen fait son entrée, casquette, sweet et baskets blancs de rappeur, lunettes rondes d’intello sur le nez. Derrière lui, ses musiciens et potes, Lucas Granel (claviers), Robin Espagnet (guitare), Séraphin Vergniot (basse), et Jeremy Bayol (Batterie) attaquent.

«Ladies and gentlemen, are you ready ? » interroge le jeune chanteur avant d’enchaîner sans répit une série de morceaux pop-soul oscillant entre afroPop, RnB et jazz. Le Toulousain a de toute évidence du coffre et de l’énergie à revendre. Lancé depuis septembre dans une carrière solo après avoir été la voix du groupe neo soul Common Ground, il se voit déjà en performer comptant bien vivre de son art. Auteur, compositeur et interprète à juste 21 ans, la musique semble accaparer tout son temps et nourrir ses rêves. Tombé dans la musique quand il était petit, DAN a choisi la voie classique. D’abord le solfège et le piano, puis après une scolarité au lycée Saint-Sernin, il est inscrit aujourd’hui en licence de musicologie à l’Université Jean-Jaurès. Parallèlement il étudie au conservatoire de Toulouse. Et s’il rappelle que personne dans sa famille n’est musicien, c’est pour mieux souligner que son parcours ne doit rien à un quelconque atavisme mais tout au travail… « Je veux prendre le temps avant de me lancer dans un enregistrement studio » explique-t-il. La résidence à Altigone (la deuxième depuis le début de l’année) lui offre un cadre privilégié pour se polariser à 100% sur son projet. Il peut y approfondir la collaboration avec ses musiciens, expérimenter un système de son plus perfectionné, tester ses titres et préparer de futures dates.


Sur scène, rien n’est laissé au hasard. On entrevoit la rigueur de l’artiste. La voix de DAN est chaude et caressante tandis que sa silhouette longiligne épouse le rythme. Certes les mouvements de danse sont un peu rigides et la chorégraphie manque un peu de groove mais la mécanique s’avère déjà bien huilée dans la maîtrise du répertoire, le sens de la scène ou le professionnalisme. L’interprète connaît la musique afro-américaine, il a grandi au son des standards de Michael Jackson, Quincy Jones, Stevie Wonder ou de la reine Aretha Franklin. Et ça se voit : « J’ai envie de faire chanter, danser le public. J’aime le show dans toutes ses dimensions, les chanteurs à performance » avertit-il. Il mentionne également les divas Whitney Houston et Céline Dion.


Et parmi les auteurs compositeurs français ? Il avoue – erreur de débutant à Toulouse ! – mal connaître le répertoire de Nougaro mais se dit inspiré par les musiques et les textes de Goldman ; même si lui compose en anglais. Parmi la nouvelle scène ? « Tayc et Dadju » répond-il sans hésitation. Ce dernier a écrit « Dis moi » l’an passé, un titre en soutien au mouvement Black Lives Matter dans lequel il évoque sa couleur de peau et le racisme dont il a pu être victime. Un sujet qui ne semble pas au cœur de ses préoccupations, lui préférant un message positif, voire polissé, où les mots persévérance, tolérance et acceptation de l’autre sont omniprésents. Le jeune homme n’esquive néanmoins pas la question du racisme. Il est fils d’une congolaise et d’un camerounais et explique comme « toute personne racisée » qu’il a pu être confronté à des propos ou attitudes discriminantes. Mais moins que sa petite sœur porteuse de trisomie 21 qui s’est vue doublement discriminée car « il y a plusieurs sortes de discriminations. Le handicap en fait aussi partie » précise-t-il. À l’écouter le garçon apparaît finalement à l’image de sa génération cherchant dans la musique non pas un exutoire, plutôt une forme de résilience. « Le projet musical de Dan résume son idéologie », approuve Patricia Vosges sa manager. Au sortir de son SET d’une quarantaine de minutes, l’interprète a les yeux tournés vers l’avenir. Il confie son envie de se produire le plus possible en attendant la fin de la crise sanitaire. Une façon de préparer au mieux son entrée sur la scène toulousaine, pour l’instant anesthésiée par la Covid.

DAN – le 19 mars 2022 à Altigone. Live pop de Dan sur la page Facebook d’Altigone.

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