40 jours dans une grotte quand on aime les grands espaces, n’est-ce pas effrayant ? J’avais beaucoup d’appréhension au départ de Deep Time, mais la conservatrice de la grotte m’avait rassuré en me disant que Lombrives servait d’abri depuis toujours, et que je m’y sentirais bien. Elle avait raison : j’étais serein dans cette grotte. Avec les confinements liés à la Covid, je m’étais déjà aperçu du bien que ça fait, parfois, d’arrêter de bouger dans tous les sens. Deep Time, au fond, c’est un confinement… de l’extrême.
Comment avez-vous vécu la privation de repères temporels ? Elle m’a donné une liberté qui m’était jusqu’alors inconnue. C’est incroyable ce qu’on gagne à vivre l’instant présent.
Comment occupiez-vous le temps ? Tous les jours, je jouais de la guitare avec Marina qui m’accompagnait au violon. La salle où nous étions était plus grande que Notre-Dame de Paris, et l’acoustique était très bonne. C’était fascinant ! Je m’occupais aussi de vider la grotte des déchets abandonnés lors de précédentes expéditions spéléologiques. Sans oublier les tests scientifiques auxquels il fallait se plier.
En quoi consistaient-ils ? On passait des tests de mémoire, de prise de décision et d’équilibre, pendant qu’un chronobiologiste analysait les rythmes du corps humain.
Le plus dur à vivre ? Les envies viscérales de sortir, de serrer les membres de ma famille dans mes bras, de sentir l’eau, la forêt, de voir la vie qui tourbillonne.
Le souvenir le plus marquant ? Un jour, j’ai exploré un tout petit boyau où personne n’avait encore osé passer. Comme je suis mince, j’ai pu me faufiler dans le trou et à déboucher dans une nouvelle salle. Me retrouver seul dans un endroit vierge de traces humaines, c’était magique !
Que faisiez-vous quand vous avez appris que l’heure de sortir était arrivée ? On revenait de notre dernière exploration. Au moment de préparer le repas, l’équipe extérieure est arrivée pour mettre fin à l’expérience. On était tous étonnés quand on nous a dit de remonter. Je pensais qu’il restait encore 10 jours ! Mon rythme, comme celui des autres participants, était complètement décalé.
Comment s’est passé le retour à la surface ? Tous mes sens étaient en éveil : les couleurs, les odeurs, les oiseaux qui piaillaient dans tous les sens… J’étais attentif à tout, même aux sourires des journalistes. Ça faisait du bien de partager notre expérience. Émotionnellement, c’était très fort.
Le retour à la vie normale n’a-t-il pas été trop brutal ? En 40 jours, finalement, le monde ne change pas… On le retrouve comme on l’a laissé. Le lundi suivant, j’étais déjà face à mes élèves à l’université pour un cours de maths. J’étais serein mais éberlué par la rapidité de la vie extérieure. Une chose est sûre : désormais, j’essaie de prendre le temps de faire les choses à 100 %
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