Sur le papier, le défi était immense : retracer dans une expo de médiathèque un siècle de présence maghrébine à Toulouse, depuis les expositions coloniales jusqu’au premier album de Bigflo et Oli, en passant par Alfred Nakache, Zebda, et la Marche des Beurs. Touffu, casse-gueule, complexe, ce projet-montagne avait tout pour accoucher d’une souris, et c’est tout le contraire qui est arrivé. Le mérite en revient en grande partie à l’historienne et documentariste Naïma Yahi, commissaire scientifique de l’exposition, déjà coauteure en 2009 de l’exposition Générations, un siècle d’histoire culturelle des Maghrébins en France à la Cité nationale de l’histoire et de l’immigration de Paris. L’autre explication se trouve sans doute dans la connaissance absolue de Toulouse et de ses composantes maghrébines par le Tactikollectif et son chef de file Salah Amokrane, commissaire général de l’expo.
Ensemble, ils proposent avec Ô Blédi ! Ô Toulouse, le premier travail scientifique, exhaustif et sensible jamais pondu localement sur le sujet. Histoire, urbanisme, culture pop, mouvements sociaux, politique, drames et moments heureux, les grands thèmes sont tous abordés avec une grande clarté. On apprend beaucoup, et l’on découvre énormément de figures et d’épisodes de l’histoire toulousaines. Et alors que d’ordinaire on peine à aller au bout des textes dans les expos de ce genre, on est porté par la clarté du propos, et emballé par la beauté des reproductions numériques grand format des photos d’archives, notamment celles de Jean Dieuzaide.
Ô Blédi ! Ô Toulouse, présences maghrébines dans la ville rose 1945-2001. Jusqu’au 12 janvier 2020 à la médiathèque José-Cabanis.