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  • BOUDU

Glou-glou : Vin au féminin

D’aucuns diront que c’est pour compenser la dose de testostérone générée par les foules de mâles enfiévrés par l’Euro 2016. D’autres prétendront qu’il s’agit d’établir un distinguo vinicole entre les sexes. Toujours est-il qu’à Boudu, on a choisi de s’intéresser aux vins élaborés par des femmes, partant de l’hypothèse, discutable et donc contestable, qu’il y a lieu d’établir une différence. Une évidence pour François-Xavier : « Les vigneronnes avec lesquelles je travaille, je sens vraiment une différence. Le toucher est plus fin, il y a un peu moins de structure, des arômes plus floraux, un peu moins de concentration. Bref plus de finesse ! » Fort de cette entrée en matière détaillée, la dégustation pouvait commencer avec une bouteille sélectionnée par Philippe. Un sauvignon blanc toutefois assez éloigné de la description laudative de François, comme Thomas ne manque pas de lui faire remarquer : « Je sens une expression solaire riche. C’est opulent mais un peu too much. Généralement, dans les vins de vigneronnes, il y a un degré plus aérien, plus fin. Je n’aime pas celles qui veulent faire du bodybuildé. Je les préfère en jupe qu’en jogging. Là, c’est trop concentré, démonstratif, pas assez digeste. 13° ? C’est un mensonge ! Sans compter que c’est très oxydatif ». Comme c’est souvent le cas, la perception de Philippe diverge quelque peu : « Il y a un élevage en barrique, assez long, d’où le travail sur l’oxydation. Mais je trouve qu’elle est loin d’être rédhibitoire. Vu que c’est très mûr et en même temps acide en fin de bouche, il se boit bien. Ce qui est intéressant, c’est cette puissance en bouche. Je voulais vous prouver que les femmes savent brouiller les cartes. Car les vins de femmes avec qui je travaille sont plutôt puissants. »

Les femmes savent brouiller les cartes. Philippe

Ce n’est pas le flacon apporté par Thomas, un fronton blanc de La Colombière, qui va permettre de faire avancer la réflexion. Fermé, comme cela peut, hélas, parfois arriver sans être pour autant un jour-racine, ce 100% Bouysselet, un cépage que Diane Cauvin a sauvé en réussissant à le faire recenser dans le codex des cépages français, ne suscite aucun émoi particulier. Place donc au rouge de François dont s’échappent, dès l’ouverture, des effluves d’agrumes très marqués. Premier à se prononcer, Thomas devine très vite sa provenance, un Bourgogne, de la Côte de Nuits : « Il a du corps. C’est sanguin, ferreux. C’est très identitaire d’un terroir mais la patte de la personne, on ne la sent pas trop. J’ai plus l’impression de boire un Côte de Nuits qu’une femme. » Un avis pas forcément partagé par François : « C’est vrai qu’on sent bien le terroir. Mais il est vraiment sur le fruit, c’est très épuré. Sa première cuvée, c’est du jus de griotte. C’est très délicat. »

Il en faudra davantage pour convaincre Philippe décidément très circonspect sur la question du genre : « J’aime bien mais ce n’est pas forcément très délicat. Il est difficile de déterminer quelles sont les caractéristiques d’un vin élaboré par une femme. » Et de citer, en guise de conclusion, Coco Chanel : « Vouloir être l’égal de l’homme, c’est vraiment un manque d’ambitionLes femmes, de toute façon, c’est compliqué… » Vivement le mois prochain !

1 Sauvignon, Noëlla Morantin, 2012

2 Fronton, La Colombière, Diane Cauvin, 2014

3 Côte de Nuits Villages, Claire Naudin, 2012

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