Ses portes coulissantes pourraient faire penser à une boutique, mais la légère odeur de fer ne trompe pas. « Je vous laisse changer votre masque et vous désinfecter les mains ». Vêtue d’une blouse blanche, Jacqueline est l’un des agents d’accueil de la maison du don. « On reçoit les personnes, on distribue des questionnaires, on s’occupe des rendez-vous. » Avec ses 300 mètres carrés, les locaux sont deux fois plus grands que les anciens bâtiments des allées Jean-Jaurès. Bleu vif et rouge aux murs, mobilier design, espace, l’ensemble est « plus fonctionnel, plus agréable et plus joli qu’avant », reconnaît Frédérique, 53 ans, donneuse régulière depuis 5 ans. Dans un coin, des donneurs remplissent leurs formulaires en buvant un verre d’eau. On les invite ensuite à se rendre dans une cabine pour un entretien médical individuel. Aucun membre de l’entourage n’est accepté, pas même les enfants. Les donneurs répondent à des critères stricts : « Entre 18 ans et 70 ans révolu, plus de 50 kg, pas à jeun et en bonne santé » explique Marie-Christine Guehl, responsable des prélèvements dans le Bassin Garonne. Parmi les contre-indications : tatouages, piercings, actes médicaux ou pratiques sexuelles à risque survenus quelques semaines ou mois auparavant. Le médecin rappelle par ailleurs qu’il est possible de tester son éligibilité sur Internet.
Après l’entretien, les infirmières prennent le relais dans une pièce où sont installés six lits dédiés au don de sang total et huit au plasma, prélèvement qui demande plus de temps. Malgré la cadence soutenue de 80 passages par jour, pas question de brusquer les donneurs : « Les gens viennent faire une bonne action. On les remercie en leur offrant la meilleure expérience possible, explique Caroline, infirmière. Pour rassurer ceux qui en ont besoin, je fais des blagues et si la musique s’y prête, je peux aussi danser et chanter ! ». Sa collègue Amélie ajoute: « Il faut venir avec le sourire même s’il est dissimulé derrière le masque, mettre en confiance le patient et expliquer la procédure simplement. » Des méthodes appliquées lors de la prise en charge de Pawel, 29 ans. Allongé sur son lit, on lui explique que la machine derrière lui sépare son plasma de ses globules rouges, qui seront ensuite réinjectés dans son corps. Le jeune Polonais arrivé en France il y a quatre ans fait partie des fidèles du don du sang. C’est aujourd’hui son 15e don. L’infirmière présente à ses côtés salue son geste. Dans la salle, tous les âges et les sexes sont représentés. Si pour beaucoup le don de sang est une tradition familiale, on trouve aussi des donneurs spontanés, liés notamment au nouvel emplacement de la maison. C’est le cas de Lauriane, 20 ans qui avait depuis longtemps l’idée de donner son sang « mais n’en avait jamais eu l’occasion. Quand je suis tombée, en me baladant, sur la maison du don, j’ai sauté le pas ». Un peu tendue de prime abord, l’étudiante est rapidement rassurée par l’équipe, qui lui tend une boisson. Au bout de quelques minutes, le prélèvement est fini. « J’avais peur de faire un malaise, mais finalement ce n’est pas fatigant ». Quelques instants de stress qui valent tout l’or du monde lorsque l’infirmière l’informe que grâce à son don, elle vient de sauver trois vies.
Quelques lits plus loin, Frédérique donne elle aussi son sang : « Je ne savais pas que c’était possible durant le confinement, mais dès que j’ai su que c’était le cas, je suis venue ». En bonne habituée, elle se souvient aisément les gestes à effectuer : « Je serre le poing, balance mes pieds et souffle comme si je voulais éteindre une bougie ». C’est efficace : en moins de 10 minutes, sa poche de 480ml est remplie. Une fois son bras couvert d’un pansement, elle se dirige vers la dernière étape de son parcours : la collation. Rémy l’« agent de collation, requinque les troupes et s’assure de leur état avec un large sourire sous son masque. Sur le buffet et dans les placards, il y en a pour tous les goûts : : du café au soda, de la madeleine au couscous. Frédérique opte pour des biscuits. « On est toujours bien reçu ici ! »
Stocks insuffisants
« Nous commençons à nous inquiéter lorsque nous avons 10 000 poches en stocks, ce qui correspond à une autonomie de 12 jours en Occitanie. Aujourd’hui, nous n’en avons que 8 000 », alerte Marie-Christine Guehl, responsable des prélèvements du Bassin Garonne. En dépit de la hausse de fréquentation de la maison du sang, la situation est préoccupante, notamment depuis l’annulation récente des collectes mobiles dans les entreprises les établissements scolaires. En Occitanie, 1000 produits sanguins sont nécessaires chaque jour. En France, à peine 4% des personnes éligibles ont déjà donné leur sang.
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