Place Saint-Étienne, la fontaine du Griffoul (source en occitan) est la plus vieille de Toulouse. Le premier élément mis en place est le bac en marbre, il date de 1584. Cette année-là, on peut voir l’eau couler dans la vasque par quatre mascarons (des masques fantaisistes qui tirent la gueule). Neuf ans plus tard, on retire les mascarons pour y ajouter des éléments de décoration : un obélisque en marbre rouge, quatre boule de bronze et… quatre marmousets pénis à la main. C’est que la verge est à la mode à la Renaissance !
Disons-le tout net : les quatre bonshommes remplissent la fontaine en pissant. Je vous passe l’aspect technique du circuit qui fait remonter l’eau jusqu’aux appendices. Ce qui nous intéresse c’est la censure dont ils ont été victimes. En 1649, après un scandale et des plaintes incessantes de la part des riverains choqués de croiser des pénis chaque jour, la municipalité profite d’un problème technique pour apporter des modifications à la fontaine. Depuis ce jour, l’eau ne tarit plus, même en été, et les quatre statues ne tiennent plus en main leurs pénis mais des poissons. C’est moins drôle. En 1720, Moration Ferrari change également la vasque, l’obélisque est modifié, relevé par un socle en brique recouvert en 1771 de plaques de fonte. C’est ainsi qu’elle nous apparaît aujourd’hui.
Cette histoire de censure n’est pas sans rappeler celle de l’obélisque de Paris, offert par l’Égypte en remerciement pour les travaux de Champollion sur les hiéroglyphes. Le socle initial était composé de singes dotés de pénis en érection. Après des années de scandale place de la Concorde, Louis-Philippe fit changer le socle… Les singes sont désormais visibles au musée du Louvre. Les amateurs de fontaines à phallus peuvent se consoler en se rendant à Lacaune, dans le Tarn, où la fontaine des pisseurs n’a jamais connu la censure.
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