Au Fossat en Ariège, il suffit à Clovis Bernard de convoquer ses souvenirs d’enfance pour mesurer le changement climatique : « Quand le téléphone fixe sonnait, on traversait la cour en chaussons pour donner le combiné à mes parents dans la bergerie. Il y avait tellement de boue qu’on y laissait les chaussons ! Or, depuis quelques années, de la boue, il n’y en a plus. » Éleveur de brebis dans la ferme familiale, il a participé au projet Clim’Agil qui s’est achevé en mai 2022. Ce programme transfrontalier conduit par les chambres départementales d’agriculture de l’Ariège et des Hautes-Pyrénées et leurs équivalents espagnols basque et catalan, visait à proposer une stratégie d’adaptation des élevages au changement climatique. Il n’a pourtant pas attendu cette opportunité pour se pencher sur la question : « J’essaie de trouver des solutions pour faire face à ces années instables qui présentent une tendance plus sèche et une mauvaise répartition de
l’eau » confie-t-il.
Penser les parcelles avec des arbres, des haies et des fossés.
Sur ses terrains, Clovis a planté 3000 mûriers blancs, des arbres qui supportent bien la chaleur. Leur feuillage nourrit les brebis, leurs racines drainent l’eau dans les sols, et leur ombre contient les hausses de température : « Il faut penser les parcelles avec des arbres, des haies et des fossés à la place de grandes parcelles nues. Il faut remettre de la matière organique partout ! » Cette année, avec la chaleur et le manque d’eau, l’éleveur a bien cru perdre toute une parcelle d’arbres. Par précaution, il a installé un goutte-à-goutte : « J’ai observé une nette croissance des arbres sur la parcelle irriguée au goutte-à-goutte, alors que les arbres qui n’ont pas été irrigués n’ont pas grandi ». Prochaine étape envisagée : troquer ses 450 brebis viande pour 300 brebis laitières : « L’idée serait de baisser le nombre de brebis mais d’en augmenter la plus-value ».