C’est important pour vous, la beauté ? Je n’étais pas du tout dans ce délire quand je me suis présenté pour la première fois à Mister France en 2016. Je suis tombé dessus sur Internet et je me suis dit « vas-y, je le fais ! ». Je n’avais pas l’habitude de défiler ou de porter des tenues de ville. Être deuxième dauphin en 2016 a été comme un déclic : je pouvais être bien habillé, apprêté, beau, soigné.
Roi de beauté, c’était un rêve d’enfant ? Non, je voulais être footballeur professionnel. J’avais envie de rejoindre tous ces gars qui passaient à la télé. Ça m’est vite passé. Je voulais faire un métier où je gagnais de l’argent mais l’école ne m’intéressait pas. Vu que mon oncle était boucher dans une grande surface, j’ai essayé. Ça n’était pas un rêve, mais c’est devenu une passion.
La boucherie, c’est beau ? C’est un beau métier, qui se perd. C’est aussi un métier esthétique : on travaille les bêtes, on fait de beaux rayons. Dans ma boucherie, je veux que ce soit parfait, bien présenté. Je suis un peu maniaque.
Mettez-vous autant de soin à la préparation de votre corps qu’à la préparation de la viande ? Ça dépend des morceaux. Je suis plus souvent dans ma boucherie qu’à m’occuper de moi, donc au final je m’occupe plus de la viande. Je suis obligé de la soigner, si je veux faire quelque chose de beau.
Ce qui est beau est-il forcément bon ? En boucherie, c’est tout l’inverse. Plus le morceau est moche, plus il sera bon. Ça n’est pas vrai qu’en boucherie. Par exemple, j’ai tendance à acheter les fruits abîmés, parce que je sais que les gens ne les prendront pas. On en revient toujours au même problème : l’aspect physique, que ce soit pour les gens, la boucherie ou les légumes, c’est tout ce qui compte.
Alors il vaut mieux être beau qu’intelligent ? Oui, aujourd’hui, tout passe par l’image, par Facebook, les réseaux sociaux. Si tu n’as pas un physique correspondant aux normes actuelles, tu auras beau être une personne superbe à l’intérieur, tu seras moins remarqué.
Sur pied, quelle est la bête la plus belle ? En boucherie, on n’a pas trop le choix. Il y a le veau, le bœuf, l’agneau, le poulet… C’est pas très beau tout ça ! Si, il y a de jolies vaches. Mais bon, moi, je les découpe. Je ne les vends pas entières, pour un concours de beauté !
Et une saucisse, c’est beau ? Dans ma boucherie, on fait des saucisses différentes, avec plein de couleurs. Ça va à peu près. Mais en soi, une saucisse… c’est comme une baguette de pain. Ça n’a pas d’intérêt esthétique.
Vaut-il mieux être un beau boucher ou un bon boucher ? Clairement, il vaut mieux être bon. Être beau, ça peut aider avec les filles des clientes… Ou même avec les mamans ! On ne dirait pas comme ça, mais à 40 ans, elles sont charmées d’être servies par de jeunes bouchers.
Beauté, ça rime forcément avec virilité ? À Mister France, oui. On élit un homme. Dans un concours de beauté masculin, la virilité est obligatoire. Quand on défile, on doit dégager quelque chose. Si on a l’air d’une fille, on ne va pas être en adéquation avec ce qu’ils recherchent. Dans la vraie vie, je suis boucher… Je crois que c’est assez viril comme métier !
Un bel homme, c’est comme une bonne viande, il faut qu’il y ait un peu de gras dedans ? Ça dépend des goûts. Personnellement, je n’aime pas les personnes trop fines. Si t’as pas de forme, t’es là, tu fais partie du peuple mais on te remarquera pas. Si t’es bien comme ça, c’est très bien. Mais moi je fais du sport, je m’entretiens. J’aime avoir une prestance et être regardé.
Avant, il n’y avait pas de concours de beauté masculins et encore moins de boucher roi de beauté. Est-ce la revanche des bouchers ? C’est surtout celle des hommes. Je ne vois pas pourquoi les filles auraient un concours de beauté et pas les hommes. Mais c’est vrai que c’est aussi une revanche des bouchers. On les imagine toujours avec du bide ; dans ma boucherie, il y a beaucoup de jeunes, plutôt beaux.
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