En VélÔtoulouse : 1,9 km parcourus en 9 minutes
Première étape : décrocher son vélo. Et ce n’est pas si simple ! Conditions générales illisibles, dépôt de caution, code secret à entrer… Et avec ça, le vilain reflet du soleil qui oblige à naviguer à l’aveugle sur l’interface. La borne finit pourtant par céder. Le périple peut commencer. Cheveux au vent, on apprécie la piste cyclable toute neuve et l’ombre des arbres de la place du Salin. Réjouissance de courte durée : rue du Languedoc, la piste cyclable est partagée avec la voie de bus. Une trottinette intrépide ose doubler un bus. Ce dernier actionne le clignotant et redémarre. Pas de chance, il faudra rester derrière. Rue d’Alsace-Lorraine, un slalom s’engage entre les piétons. Ici, des adolescents traversent en courant sans regarder. Là, un groupe se désolidarise et occupe toute la largeur de la rue. Un coup de sonnette. Pas de réaction. Un écart à droite et on manque d’accrocher un cycliste urbain confirmé. Le carrousel emblématique de Jeanne-d’Arc apparaît enfin. On rentrera à pied, c’est plus sûr !
En bus : 2,5 km parcourus en 17 minutes
Il faut d’abord marcher vers le Grand-Rond ou François-Verdier, 8 minutes. Autant que le trajet en bus lui-même (9 minutes). Aucune ligne ne rejoint directement Palais de Justice et François-Verdier. Le trajet est ralenti par les évènements. Ici, un touriste britannique manque de se faire écraser en traversant sans regarder. Sa copine le retient par le bras. Un peu plus loin, un chauffeur-livreur est garé sur la voie réservée aux bus et taxis. Une voiture immatriculée hors Sud-Ouest coupe la route du bus pour tourner à droite. La conductrice garde son sang-froid. Un rictus nerveux trahit toutefois son exaspération. Les portes s’ouvrent. Deux hommes âgés grimpent à bord en se réjouissant des résultats du Stade en phase finale du TOP 14. Derrière eux, le cliché de la vieille dame au cabas. Un adolescent se lève respectueusement pour lui céder sa place. En sortant, les passagers remercient à haute voix la conductrice et lui souhaitent une bonne journée. La politesse en autobus… une spécialité toulousaine, paraît-il !
En voiture : 2,5 km parcourus en 13 minutes
Que les attentes sont longues entre le feu rouge à Palais de Justice, la queue pour accéder au Grand-Rond, la succession des feux de circulation boulevard Lazare-Carnot… La voiture est une perte de temps. 13 minutes pour effectuer 2,5 kilomètres, sans compter la désagréable sensation de contribuer un peu plus au dérèglement climatique. Impossible de tourner à gauche aux intersections. Les automobilistes toulousains ne vous laissent pas passer. Alors, il faut attendre. Bien sûr, l’ennui se dilue dans la musique à la radio. Dans le chewing-gum à la menthe mâchouillé avec ardeur. Dans les injures proférées à l’encontre de ce piéton hagard qui vous réprimande, lui qui a traversé la route à trois mètres du passage clouté. Les vélos profitent de la voie de bus pour vous doubler par la droite, quitte à effleurer votre rétroviseur. Votre voiture se décale. Sanction. Coup de klaxon du véhicule qui vous suit. Ingrat, ce trajet en automobile.
En trottinette électrique : 1,9 km parcourus en 8 minutes
Première impression, après quelques minutes sur la trottinette : « Waouh, ça va vite ! » L’appareil est maniable, intuitif, et sa rapidité de déplacement l’invite à circuler sur la piste cyclable. Ligne droite aux Carmes. Pointe à 25 km/h. Un bus double et l’engin subit des secousses. La chute est évitée de justesse. En cas de bascule vers l’avant, mieux vaut porter un casque pour éviter de s’ouvrir le crâne. Les plus prudents y ajouteront coudières et genouillères. Au passage de la trottinette, on perçoit le regard des passants et l’on se sent à la fois mal jugé… Et craint. « Attention ! » souffle un homme à sa compagne à votre passage. Il n’a pourtant rien dit quand le vélo qui vous précédait lui a frôlé les moustaches. Parisianisme, dîtes-vous ? Une part de vrai, mais la trottinette électrique offre un gain de temps considérable. 8 minutes ont suffi pour terminer le parcours. En revanche, les 11 kg du modèle sont un fardeau à transporter dans le métro. Lorsqu’elle nous a prêté l’engin, Bérangère Benoit, gérante de Mobility Urban, nous a pourtant assurés qu’il s’agissait d’une gamme légère.
À pied : 1,9 km parcourus en 19 minutes
Le trajet commence le long des murs du Palais de Justice rougis par le soleil de juin. Elle s’achève au pied de Jeanne-d’Arc tout juste remise sur son piédestal. Au passage, la délicatesse des façades haussmanniennes de la rue d’Alsace-Lorraine se laisse admirer. Une touche parisienne parmi les briques rouges, qu’on n’apprécie jamais mieux qu’en marchant. Du brouhaha émergent des bribes de conversation. Une adolescente, sucette à la bouche, détaille à une copine ses déboires amoureux. Plus loin, une voiture démarre. Son pot d’échappement crache sa pollution dans les poumons des marcheurs. Il fait chaud. Sur le trajet, la foule porte des lunettes de soleil, tient une glace à la main, ralentit le pas à l’ombre. Les plus pressés se faufilent dans la masse compacte. En 19 minutes, le parcours est avalé. L’Organisation mondiale de la santé préconise 10 000 pas par jour pour garder la forme. Une bonne chose de faite. Qu’il est bon de prendre le temps de redécouvrir son centre-ville et ses habitants.
En métro : 2,5 km parcourus en 11 minutes
On regarde une dernière fois le soleil, on respire une bonne bouffée d’air pollué et on s’enfonce sous terre. Escaliers, validation du titre de transport, escalators… Et on attend sagement sa rame, direction Borderouge. Les portes s’ouvrent et le combat commence. D’abord, réussir à se faufiler avant que les portes ne se referment. Un retardataire bouscule tous les passagers et son sac reste coincé. Résultat : la rame reste à quai le temps que le malheureux ne se dégage. 30 secondes de perdues, quelle plaie… Il faut maintenant se faire une place. Un exercice digne des plus grands contorsionnistes. On joue des coudes, on évite de se faire marcher sur les pieds, on tend le bras à s’en déboiter l’épaule pour atteindre la barre centrale… Enfin nous voilà calé… avec une capuche à fourrure sous le nez et un coude dans le dos. À chaque ouverture des portes, un ballet se joue entre les entrants et les sortants. Entre deux eaux, il faut savoir conserver sa place sans gêner les autres. « Station Jeanne-d’Arc », annonce enfin la petite voix du métro. Vite, Et retrouver l’air libre, enfin. Le métro, rapide oui, agréable, ça se discute !
Comments