Spécialiste des thématiques agricoles et alimentaires, Zohra Bouamra-Mechemache travaille au sein d’un laboratoire mixte de Toulouse School of Economics (TSE) et de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE). Ses recherches portent en particulier sur la formation des prix dans les filières alimentaires et l’alimentation durable.
Son penchant pour l’agriculture
J’ai grandi au milieu des champs, du côté de Castelnaudary. J’ai rencontré quotidiennement les agriculteurs du territoire, j’ai travaillé l’été dans les champs, j’y ai fait des plantations. Comme j’étais bonne élève, à l’heure des choix pour mon orientation, on m’a proposé de rentrer en prépa HEC. Un an plus tard, je me suis rendu compte que ma famille, modeste, aurait du mal à financer un parcours scolaire en école de commerce. J’ai alors bifurqué vers une formation universitaire en économie et j’ai découvert ma voie. Après mon master, j’ai rencontré un chercheur de l’INRAE qui m’a proposé un sujet de thèse sur la réforme de la politique laitière européenne, à une époque où l’on commençait à réfléchir à la libéralisation des marchés agricoles. Ce moment a marqué l’orientation de ma carrière. À l’obtention de ma thèse j’ai été recrutée à l’INRA, devenue ensuite INRAE.
Ses thèmes de recherche
Je suis une touche-à-tout, j’ai du mal à me limiter à un sujet ! Mes recherches peuvent se résumer à deux grands thèmes, la formation des prix dans les filières agricoles et agroalimentaires et l’alimentation durable. Je mêle parfois les deux thématiques. Je peux m’interroger sur l’impact d’une taxe sur la consommation de viande et l’amélioration de notre bilan carbone.
Son nouvel objet d’étude
Les légumineuses ! J’essaie de comprendre la consommation de cette famille de végétaux mal connus, souvent considérés comme des féculents alors que ces légumes secs sont en fait des sources de protéines végétales qui émettent 30 fois moins de CO2 que la production de viande bovine. Je m’intéresse à la manière dont les consommateurs réagissent à des changements de prix des légumineuses ou à l’impact d’une politique publique nutritionnelle environnementale, par exemple.
Le rôle de la recherche en économie de l’alimentation
Je cite souvent cette phrase à mes étudiants : « Les économistes disent toujours : "Ça dépend". » Notre rôle est d’expliquer des mécanismes, pas de donner des réponses toutes faites. Grâce à des hypothèses et des modèles, dans une démarche scientifique, on éclaire des enjeux, tout en reconnaissant les limites de nos analyses. Et quand nos recherches ont des impacts sur la santé ou sur l’environnement, il faut toujours rappeler qu’il ne s’agit pas d’opinions, mais de faits. Ensuite, c’est à la société de s’emparer de nos résultats, ou non.
Le mot de la fin
Mangez des légumineuses !
Mais attention, ce n’est pas une injonction !