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Jean Couderc

Le volcan du 82 – Brigitte Barèges

Dernière mise à jour : 17 sept.

En accueillant le Festival des Lanternes dans sa ville, du 1er décembre au 5 février prochain, Brigitte Barèges a surpris tout son monde. Un coup d’éclat dont la mairesse de Montauban est coutumière tant elle aime attirer l’attention sur la préfecture du Tarn-et-Garonne. Mais qui est, au fond, cet animal politique au sang chaud, adepte des polémiques et des déclarations fracassantes, qui reste une énigme pour beaucoup, y compris pour ses plus proches collaborateurs ? Boudu s’est rendu dans la ville d’Ingres pour percer le mystère.



L’initiative porte sa marque de fabrique. En décidant d’accueillir le Festival des Lanternes dont Blagnac ne voulait plus pour cause d’exercice 2021 bouclé avec un déficit de 600 000 euros, Brigitte Barèges fait une nouvelle fois parler d’elle : « Je voulais déjà me mettre sur les rangs quand ils sont partis de Gaillac. Le fait qu’on me le serve sur un plateau a fait que je n’ai pas hésité. » Le maire de Blagnac, Joseph Carles, a eu beau tenter de la dissuader de reprendre le flambeau, la première magistrate de Montauban a foncé, comme toujours. Car ce projet conjugue les deux choses qu’elle aime le plus dans la vie : relever des défis improbables et attirer la lumière sur sa ville. « Tout ce qui permet de mettre Montauban en valeur m’intéresse. Je crois que je ne mesure pas l’ampleur, mais on apprendra en marchant. C’est mon côté un peu inconscient qui m’a parfois amené à faire les choses sans me poser de questions. Je n’ai pas de mérite, c’est mon caractère. » Françoise Puech, qui a usé ses fonds de culottes avec elle sur les bancs de l’école maternelle de Réalmont, dans le Tarn, avant de la rejoindre à la direction de la communication de Montauban en 2001, nous aide à décoder le logiciel barégien : « Depuis toute petite, c’est la première en tout : en classe, dans sa famille où c’est l’aînée, chez les scouts où elle était cheftaine. Ce côté leader lui colle à la peau. Et depuis qu’elle est maire de Montauban, elle ne vit plus que pour son mandat. C’est sa vie. Elle ne le fait pas par ambition personnelle mais parce qu’elle a cette ville ancrée en elle. »


« Je n’ai pas supporté les années Mitterrand. (…) Mon engagement politique vient de là » - Brigitte Barèges

Le jour de sa réélection en 2020 à l’Hôtel de ville de Montauban

Son propre fils, Philippe, consultant en informatique qui vit à Grasse, en Provence, souscrit : « Depuis qu’elle est entrée en politique, c’est compliqué de mobiliser son temps. Elle s’est un peu arrêtée de vivre. Il y a un côté sacrificiel chez elle. » Pour celui qui ne fait pas mystère d’être d’un autre bord politique que sa mère, tout s’explique par le départ prématuré du père de Brigitte Barèges, Jean-Paul Taurines, médecin de campagne, président de la fédération RPR et conseiller général du Tarn, décédé à 62 ans d’un arrêt cardiaque dans le massif du Caroux, non loin de la résidence familiale où le clan Barèges a l’habitude de passer ses vacances. Un choc pour l’aînée de la fratrie de huit enfants. « C’est le grand homme de ma vie. Je l’admirais beaucoup. Il m’a servi de modèle. Il m’arrive d’ailleurs encore de lui parler. » Son goût pour la politique, c’est à ce gaulliste de la première heure qu’elle le doit. Toute petite, elle écoute, captivée, les discussions lorsque Jacques Limouzy, figure de la vie politique du Tarn, vient à la maison. Et se souvient, comme si c’était hier, des premiers meetings du RPR auxquels elle a le droit de participer : « Il me disait toujours : « Tu vois, ça c’est le peuple, pas les snobs de l’UDF ». Ce côté populaire, proche des gens, c’est ce que j’ai gardé et que j’aime dans ce mouvement. Dans notre famille politique, il n’y a pas que des grands bourgeois, loin de là. La plupart des gens sont simples, ne demandent rien, et sont là pour servir. » Biberonnée à la politique, Brigitte Barèges n’entend cependant pas brûler les étapes. Bonne élève au lycée, elle découvre sa vocation, le Droit, en lisant « Chiens perdus sans collier », le roman de Gilbert Cesbron, qui raconte l’histoire d’un juge pour enfants. Même si son goût pour le dessin aurait pu la conduire à prendre une tout autre direction : « Mon professeur m’avait même présentée au concours général. » Mais au moment de choisir entre le Droit et les Beaux-Arts, la raison finit par l’emporter. « Je me suis dit que je pourrais reprendre le dessin, plus tard, à titre privé. Et je ne l’ai jamais fait. »


Avec Robert Ménard, lors de sa visite à Montauban en octobre 2020 © Photos PHB HUCHOT BOISSIER
Avec Robert Ménard, lors de sa visite à Montauban en octobre 2020 © Photos PHB HUCHOT BOISSIER

À 18 ans, elle quitte donc son village de Réalmont, auquel elle dit ne pas être très attachée, pour rejoindre Toulouse. Mais au lieu de s’y installer au terme de ses études, elle se marrie, très jeune, à un arboriculteur de Montauban. Une décision qui sonne le glas de son désir de magistrature : « L’idée de partir trois ans à Bordeaux n’était pas concevable. Le célibat géographique était moins dans les mœurs. » À la place, elle passe et obtient le certificat d’aptitude à la profession d’avocat (CAPA) et un DESS en droit notarial. En parallèle, elle met au monde un garçon et deux filles. La politique, bien que toujours dans un coin de sa tête, reste cantonnée au second plan. Parce que chez les Barèges, la famille, c’est très important : « J’ai fait le choix d’élever mes enfants et de mener ma carrière professionnelle, ce qui n’était pas évident dans une ville où je n’avais aucun réseau. » Mais les réseaux, celle qui se spécialise dans la défense des agriculteurs, l’enfance maltraitée, et les violences faites aux femmes, « parce que j’ai toujours eu horreur de l’injustice » va peu à peu se les constituer dans la préfecture du Tarn-et-Garonne. Au point de devenir, en 1999, présidente de la fédération RPR du département après avoir pris sa carte en 1993 pour entrer en résistance contre le socialisme.


« Je n’ai pas supporté les années Mitterrand, la corruption, les grands scandales, le sang contaminé, l’affaire Urba. Mon engagement politique vient de là. Et vu que je n’aime pas les gens qui passent leur temps à critiquer, j’ai décidé de m’engager. » Après avoir contribué à la création de l’association Forum démocratie justice avec l’ancien juge Thierry Jean-Pierre dans le but de sensibiliser l’opinion à la lutte contre la corruption et la délinquance politico-financière, elle se fait remarquer par des prises de parole lors de meetings, gravit les échelons et remporte donc en 1999, l’élection interne de son parti, « avec une bande de nouveaux qui avaient envie de faire bouger les choses » contre les caciques locaux du RPR.


« Personne ne nous a vus venir, même pas nous ! » - Brigitte Barèges

Convoquée à Paris par Nicolas Sarkozy, alors secrétaire général du parti, elle ne trouve rien de mieux, pour lui prouver sa loyauté, que de mentionner… son engagement auprès des scouts de France. « Avec du recul, j’ai honte. Il m’avait répondu que j’avais un joli sourire. » Plus rien ne va l’arrêter. Chargée des investitures pour les municipales de 2001 dans le Tarn-et-Garonne, elle finit par se lancer elle-même dans la bataille de Montauban, faute de candidat. « Les notables de la ville considéraient que c’était imprenable. Cela me semblait difficilement gagnable mais on ne pouvait pas faire l’impasse. » Sans expérience, elle parvient laborieusement à monter une liste, faite « de bric et de broc avec des copines, des parents d’élèves, des sortants qui voulaient absolument être dans les 12 premières places parce qu’ils étaient certains qu’on allait perdre ». Pour ravir l’Hôtel de ville à la gauche qui y règne sans partage depuis 36 ans, Brigitte Barèges a rapidement l’intuition qu’il faut tout miser sur la thématique de la sécurité. « On avait organisé une marche silencieuse contre la violence suite à des émeutes dans un quartier sensible. Il y avait eu un monde incroyable ! » Convaincue que l’élection peut se jouer là-dessus, elle fait le déplacement à Meaux pour s’inspirer de l’agenda sur la sécurité que Jean-François Copé vient de mettre en place, et multiplie les réunions de quartiers « contre l’avis des anciens ». « Je voulais aller à la rencontre des gens, comprendre leurs attentes. » Une proximité avec le peuple montalbanais qui lui permet de sentir le vent tourner. Bien que placée en ballotage défavorable au premier tour, elle réussit le tour de force de battre le député-maire Roland Garrigues au second, dans une triangulaire avec le FN avec lequel elle refuse de s’allier. Le 26 mars 2001, à la surprise générale, elle devient la première femme maire de Montauban. Avec une pensée, forcément émue pour son père qu’elle aurait « tant aimé avoir à ses côtés ce soir-là ».


Entourée des poids lourds de l’UMP à l’occasion des élections régionales de 2010 où Brigitte Barèges, tête de liste de la majorité présidentielle, fut nettement battue par son adversaire socialiste Martin Malvy. / © Rémi BENOIT
Entourée des poids lourds de l’UMP à l’occasion des élections régionales de 2010 où Brigitte Barèges, tête de liste de la majorité présidentielle, fut nettement battue par son adversaire socialiste Martin Malvy. / © Rémi BENOIT


C’est surtout le début d’une nouvelle aventure à laquelle elle reconnaît, 20 ans plus tard, ne pas s’être réellement préparée : « Personne ne nous a vus venir, même pas nous ! Il fallait voir la liesse le soir de la victoire. Il y avait même des gens qui descendaient de Paris. C’était comme si on avait libéré Montauban ! » Passée l’euphorie de la victoire, et le coup de fil de félicitation de Jacques Chirac, la nouvelle première magistrate de la ville découvre l’ampleur de la tâche. « J’avais une équipe très gentille autour de moi mais pas vraiment compétente. Au début il a fallu ramer, entre un personnel un peu hostile, un DGS qui voulait partir, des parapheurs qui montaient jusqu’aux murs. J’ai failli démissionner à plusieurs reprises tellement je ne me sentais pas à la hauteur. » Mais celle qui est entre-temps devenu députée de la première circonscription du Tarn-et-Garonne en battant une nouvelle fois Roland Garrigues, serre les dents, apprend le métier, et à déjouer les pièges tendus par Jean-Michel Baylet, alors président du CD82. En bref, elle se hisse à la hauteur de la fonction. Avec son style bien à elle comme le raconte Marie-Claude Berly, sa première adjointe à la mairie : « Elle écoute mais ne change pas d’avis facilement. C’est une chef avec des idées bien arrêtées sur l’évolution de sa ville, très opiniâtre, pragmatique, droite dans ses bottes. » Une rectitude que le chef de l’opposition montalbanaise, Arnaud Hillion, n’hésite pas à qualifier d’excessive : « C’est très désagréable de siéger dans l’opposition parce qu’elle passe son temps à nous mépriser, jusque dans sa décision de nous placer au centre de la salle du Conseil municipal. Il y a chez elle une vraie volonté de nous rabaisser. »


« Il faut avoir du courage en politique, et c’est de plus en plus rare, surtout chez les hommes » - Brigitte Barèges


Didier Lallemand, son directeur général des services de 2003 à 2020 reconnaît qu’avec Brigitte Barèges, il faut que ça file droit. « On formait un duo plutôt craint dans les services. Mais son principal trait de caractère, c’est la persévérance, et cet engagement pour sa ville qui va au-delà du dévouement. Elle a d’ailleurs failli y lasser sa santé. Peut-être faudrait-il qu’elle soit davantage dans la réflexion que dans le réactif… Mais elle adore ça, l’attaque, le combat. C’est un véritable taureau, comme lorsqu’on allait voir le préfet. » À l’Assemblée nationale, la jeune députée se fait remarquer par son franc-parler. « Même si je suis émerveillée, je tutoie tout le monde, les ministres, Sarko. Tout en étant une groupie, je ne suis pas impressionnable. » Elle comprend aussi très vite l’intérêt de siéger au Palais Bourbon : « Recevoir régulièrement des ministres à Montauban nous a permis de bénéficier des financements de l’Anru pour la reconstruction urbaine, d’avoir des effectifs supplémentaires au commissariat, de rénover notre service des urgences. C’est pour ça que je suis contre la réforme sur le cumul des mandats. » Dans la foulée de la victoire de Nicolas Sarkozy à la présidentielle 2007, elle est réélue à la députation. Mais elle déchante vite. « On n’est pas des députés godillots mais pas loin. On subit la loi majoritaire. » Convaincue que sa famille politique laisse trop de place aux centristes, elle crée, avec une quarantaine de députés dont Thierry Mariani, Eric Ciotti ou Bernard Carayon, la Droite populaire. « On nous appelait « les durs » alors que l’on était simplement partisans de plus de fermeté sur les sujets régaliens ». Reste que c’est à cette période que la mairesse de Montauban se fait connaitre du grand public en déclarant, à propos d’un texte PS visant à autoriser le mariage homosexuel, « et pourquoi pas des unions avec des animaux ? ou la polygamie ? » La députée a beau affirmer que ses propos ont été sortis de leur contexte, la phrase fait scandale et provoque de vives réactions dans l’ensemble de la classe politique. D’autant que ce dérapage, que la principale intéressée minimise en invoquant « une blague sortie de son contexte », va être suivi d’autres. En 2014, elle présente Jean Tepkri, 28e sur sa liste pour les municipales et noir de peau, comme « la tache de notre liste ». La même année, elle évoque ces écoles « où les Montalbanais de souche ne veulent plus aller ». Plus récemment, en 2019 lors de la venue d’Emmanuel Macron à Souillac elle oppose les droits des gilets jaunes à ceux des réfugiés. Des sorties qui embarrassent jusque dans les rangs de sa famille politique, qui cherche néanmoins à lui trouver des circonstances atténuantes. Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse qui vient juste de quitter les LR, distingue pour sa part la maire, « dont l’action à la tête de sa ville est exemplaire », de la femme politique dont il ne partage pas toujours les excès : « Elle a toujours été d’une tendance droitière, parfois elle a été au-delà, avec des franchissements de ligne malheureux. Mais je la soupçonne d’aimer saler le débat. »

Pour la secrétaire départementale des LR dans le 82 Marie-Claude Berly, Brigitte Barèges a des positions tranchées mais « n’est pas raciste. Elle dit simplement qu’il faut des règles, notamment sur l’immigration. Après, elle n’est pas langue de bois. Et elle ne s’abrite pas derrière son petit doigt. Contrairement à beaucoup d’hommes politiques poltrons. Elle a le courage politique qui manque à certains. » Une option partagée par le maire de Lavaur Bernard Carayon pour lequel les attaques dirigées contre sa consœur dissimulent mal l’absence de fond : « Quand on ne peut rien reprocher à un maire sur son bilan, on l’attaque sur sa personnalité, ses convictions. Or celles-ci sont contraires à l’opinion dominante en Occitanie. » Et de faire de Brigitte Barèges un symbole de l’impossibilité de développer une pensée de droite en France : « Le débat n’est plus possible : tous ceux qui pensent, comme elle, qu’il y a trop de migrants sont considérés comme des salauds. »

Pas politiquement correcte, la mairesse l’assume et le revendique. « Je déteste la pensée unique. Au début, ce que l’on disait de moi m’a fait beaucoup de mal parce que je trouvais que c’était injuste. Maintenant, à l’âge que j’ai, je m’en moque. Dans le fond, je pense que je suis un peu naïve, et que je ressemble à mon père qui se faisait avoir, y compris par son ami Limouzy. Mais je crois qu’il vaut mieux être trop naïve que trop calculatrice. Je ne suis pas dans les stratégies, pas assez peut-être. J’ai toujours agi par intuition.» Et puis Brigitte Barèges a pour elle son impressionnante longévité à la tête de Montauban : « On me caricature. Je ne suis pas un boutefeu, je suis pour le rassemblement. La meilleure des preuves, c’est que les Montalbanais votent pour moi. » Pour celle qui fut condamnée en 2011 en première instance pour avoir refusé de marier un Tunisien et une Française, son seul tort est d’avoir eu raison trop tôt : « Aujourd’hui, tout le monde reconnaît que les flux migratoires sont incontrôlés. Ce que j’ai dit à Macron à Souillac est hélas devenu une cruelle réalité. Quand je vois qu’à Montauban, dans certaines écoles primaires, il y a des enfants qui incitent leurs camarades à aller prier sous peine d’être poursuivis par le diable, je crains fort que le grand remplacement soit déjà là. » Et de poursuivre en rejetant la faute sur ses collègues : « Le problème en France, c’est que l’on n’ose pas dire les choses. Or il faut avoir du courage en politique, et c’est de plus en plus rare, surtout chez les hommes. » Impensable, pour la nostalgique des politiques de la trempe de Charles Pasqua, de se retrouver dans le discours « en même temps » du président de la République : « Un vrai clivage s’est créé sur des sujets comme la sécurité ou l’immigration. Je pense, comme Zemmour, qu’il faut défendre nos frontières. Depuis de Gaulle, aucun président n’a été à la hauteur de la fonction. Même pas Nicolas Sarkozy. » L’ancien chef de l’État fossoyeur de la droite ? Elle n’est pas loin de le penser. « Vu que l’on a déçu notre électorat, il ne faut pas s’étonner si beaucoup sont partis au FN. à trop vouloir ménager des courants minoritaires, on a méprisé la voix du peuple. » Un discours aux relents de Gilets jaunes qu’elle assume totalement : « Il y a une sorte d’intelligentsia qui se permet de porter des jugements sur des gens qui vivent au quotidien la réalité d’une immigration non maitrisée, l’insécurité de certaines banlieues, les salles de crack. Je n’aime pas la mollesse, je suis plutôt une battante. »



Une battante et une femme libre même si c’est cette liberté qui est, selon elle, à l’origine de ses ennuis judiciaires. Ennuis qui commencent au lendemain de sa 3e réélection à l’Hôtel de ville, à l’été 2014, lorsque la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques rejette ses comptes de campagne. Condamnée à un an d’inéligibilité par le tribunal administratif de Toulouse, elle finit néanmoins par garder son siège. Ce qui ne sera pas le cas en février 2021 lorsqu’elle est condamnée pour détournements de fonds publics à douze mois de prison avec sursis, 15 000 € d’amende et cinq ans d’inéligibilité. Déchue de tous ses mandats, Brigitte Barèges touche le fond mais ne coule pas. Pas le genre de la maison : « J’ai passé des moments difficiles mais ils ne me feront pas taire. J’ai payé, j’ai été en garde à vue, mais je n’ai pas baissé la tête. »


« Elle est courageuse. Ce n’est pas facile d’être de droite par les temps qui courent » - Bernard Carayon, maire de Lavaur

Une obstination qui s’avère payante puisqu’elle retrouve son fauteuil de maire le 23 décembre 2021, une semaine après avoir été relaxée en appel. Reste la réputation, sulfureuse, que la première magistrate de la ville traîne comme un boulet… et qu’elle ne manque pas d’entretenir, plus ou moins consciemment, comme lorsqu’elle reçoit le maire de Béziers Robert Ménard en octobre 2020. « Il y en a marre des procès en sorcellerie. On a besoin de gens qui ont une libre pensée de droite. Parce qu’en France, il n’y a que les libres pensées de gauche qui sont tolérées. Ménard est un homme libre et beaucoup de maires devraient s’inspirer de ses actions. Ce qui compte, c’est le peuple, pas les élites parisiennes qui nous donnent des leçons de morale en permanence. Le parisianisme, on n’en peut plus ! »

Pour elle, le plus important est de sauver son pays qu’elle estime en danger. Ce qui l’amène, lorsqu’on lui signale la présence dans une école montalbanaise d’un panneau de l’Éducation nationale traduisant en arabe les consignes du gouvernement, à ruer dans les brancards. « Parce que l’on ne peut pas faire de grands discours sur la laïcité et ne pas trouver ce genre d’initiative choquante. Les musulmans sont ici pour parler le français. Sauf que l’Éducation nationale ne veut jamais faire de vague… » Une manière de politiser les choses qu’Arnaud Hillion, le chef de file de l’opposition montalbanaise déplore : « Quand elle fait venir Ménard à Montauban, c’est de l’idéologie politique. Elle est pleinement consciente de ce qu’elle fait. Je pense que ce n’est pas bon pour la démocratie locale. À une époque où les rapports se durcissent, où l’on a besoin d’apaisement pour faire société, la figure du maire est importante car il est censé être un peu au-dessus de la mêlée. En hystérisant le débat public, elle abîme la société. » Assumant son inclinaison à un certain conservatisme, Brigitte Barèges rejette néanmoins l’étiquette d’extrémiste que la presse veut lui coller. « Je n’étais pas d’accord sur le mariage homosexuel mais à partir du moment où la loi a été votée, j’en ai célébré. Après, il y a des choses que je ne comprends pas. Le wokisme, par exemple, c’est caricatural. Ça discrédite la cause qui doit rester celle de défendre les femmes contre cette religion qui les opprime, l’islam. » À ceux qui s’étonnent de ne pas l’avoir (encore) vu migrer au Rassemblement national, elle rétorque qu’elle se sent toujours à sa place chez les Républicains… au moins jusqu’au résultat du prochain scrutin interne. « C’est sûr qu’aujourd’hui, la paroi de verre est franchie. Les gens votent RN sans état d’âme et je regrette que ce soit au détriment de notre famille politique. J’espère de tout cœur qu’Éric Ciotti, un sudiste comme moi, l’emportera et saura s’inspirer de ce qui se passe ailleurs pour nous permettre de retrouver le chemin de la victoire. Parce qu’à un moment il va falloir se montrer intelligent et pragmatique. Pourquoi ne pas faire comme la Nupes et s’allier pour prendre le pouvoir ? » Pour Bernard Carayon, pas de doute, la place de Brigitte Barèges est toujours au sein des Républicains. « C’est une femme courageuse car ce n’est pas facile d’être de droite par les temps qui courent. Surtout la vraie droite, celle du propriétaire, pas celle du locataire. Avec elle, la franchise paie. Mais cela contribue aussi à la marginaliser. Car il y a beaucoup de faux-culs en politique. » Pour Brigitte Barèges, qui se défend d’être dans l’affrontement permanent, il y a une forme de misogynie dans cet acharnement. Parce que, considère-t-elle, elle a été « femme trop tôt » aussi bien dans le monde de la justice que dans celui de la politique. « Même si j’ai du traverser des épreuves, je suis toujours vivante. J’espère juste que l’Histoire me rendra justice. » Comme pour Olympe de Gouges que celle qui aime rappeler qu’elle a créé SOS femmes battues dans le Tarn-et-Garonne se plait à citer. « Lorsque j’ai appris tout récemment qu’Hollande n’avait pas voulu qu’elle entre au Panthéon à cause du courant des robespierristes, j’ai trouvé ça incroyable. Mais les hommes n’aiment pas que les femmes soient devant en politique. »

Féministe Brigitte Barèges ? Elle s’en défend avec énergie : « Je ne suis pas une suffragette. Je trouve que les hommes ont bien évolué, presque trop parfois. Quand j’en vois certains, à la mairie de Montauban me demander des congés de paternité de six mois… Mais j’aime la compagnie des hommes, sans doute plus que les femmes qui parfois ne parlent que de chiffon. Excessive, impétueuse, sensible, butée, passionnée, inconsciente, naïve, intuitive, Brigitte Barèges est un peu de tout cela. C’est finalement Didier Lallemand, qui a beau avoir été son directeur général des services à la mairie de Montauban pendant 17 ans, qui résume assez bien l’impression générale : « Je pense avoir acquis, tout au long de ma carrière, une bonne vision des relations humaines. Mais Brigitte Barèges a toujours été une énigme pour moi. ».

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