Jean-Paul Garraud
Arrivé largement en tête au premier tour lors du précédent scrutin régional avec plus de 30 % des voix, le Front National ambitionne de faire au moins aussi bien ce coup-ci. Devenu entretemps Rassemblement National, le parti a décidé de miser sur Jean-Paul Garraud pour tenter d’arracher la décision. Inconnu du grand public, l’ancien juge d’instruction présente l’immense avantage, pour les tenants de la dédiabolisation du RN, de ne pas être issu des rangs frontistes. Député UMP de la 10e circonscription de Gironde entre 2002 et 2012, ce natif de Toulouse est l’un des cofondateurs, avec Thierry Mariani, de la droite Populaire en 2010. Après avoir échoué à plusieurs reprises à conquérir la mairie de Libourne, il finit par rejoindre, en janvier 2019, le parti de Marine Le Pen et à être élu député européen sous ses couleurs. Convaincu que « les vrais patriotes doivent se retrouver », pour faire barrage à « l’immigration galopante qui est devenue une invasion », il s’engage à « défendre notre civilisation en Occitanie », en obligeant notamment les associations désirant une subvention à signer une charte d’intérêt public régional. Favorable à la LGV, il est en revanche hostile aux éoliennes et promet un bouclier de sécurité pour « pallier les carences de l’État » en la matière. Persuadé d’être une candidature qui « dérange le système établi », le magistrat jure qu’il y va pour gagner. Sans pour autant fermer la porte à un poste de ministre de la Justice en cas de succès du RN à la prochaine présidentielle.
Aurélien Pradié
C’est sous le signe du courage que le député de la première circonscription du Lot a placé sa candidature. « Ma plus grande frustration est de ne plus participer aux débats de l’Assemblée nationale », reconnait pourtant Aurélien Pradié lorsqu’on l’interroge sur le sujet. « Ému » d’avoir réussi à faire voter la loi contre les violences conjugales, le secrétaire général des LR avoue avoir gambergé avant de prendre la décision d’entrer dans l’arène. « Je ne pouvais pas passer mon temps à expliquer que la politique crève de ne plus avoir de chevaliers, tout en restant bien au chaud. » Outre la nécessité d’aller au combat dans une période difficile, celui qui se dit fier d’avoir réussi à réunir sa famille politique, « de Jean-Luc Moudenc à Brigitte Barèges », est parti en croisade pour démasquer les déserteurs, de Vincent Terrail-Novès, « qui est allé se vendre à LREM » à Jean-Paul Garraud, « qui est le degré zéro de la politique : Je ne supporte pas cette période où les traitres deviennent des héros. Si personne ne le dit, eh bien je vais le dire. » Pas question, dès lors, pour la tête de liste Du courage pour l’Occitanie, d’envisager une quelconque fusion des listes au soir du premier tour. Bien décidé à ne pas faire un petit tour de piste électoral, il estime que la Région pourrait être « incroyablement plus audacieuse » si elle n’était pas gérée comme « une grosse administration ». Convaincu qu’un président de Région doit sonner la mobilisation générale dans son territoire pour y faire progresser des sujets essentiels à la société, l’ancien conseiller général du Lot a dégagé, au cours de sa campagne, trois grandes causes : le handicap, la protection des femmes et enfants victimes de violences et la lutte contre la pauvreté.
Antoine Maurice
« Je suis candidat parce que le temps presse ». Battu de justesse à l’élection municipale 2020 par Jean-Luc Moudenc, Antoine Maurice relève aujourd’hui le défi régional, convaincu que c’est l’échelon pertinent pour changer en profondeur la société. Parce que l’ancienne tête de liste d’Archipel Citoyen en est sûr : « On a moins de 10 ans pour agir. » Désireux d’être « utile dans l’action », ce qu’il estime ne pas pouvoir faire à Toulouse où il se sent réduit à un rôle de commentateur, il veut peser de toutes ses forces pour que l’écologie ne soit plus une politique parmi d’autres mais « la matrice de toutes les politiques publiques ». « On ne répondra pas aux enjeux si l’on reste dans ce “en-même-temps”, comme dans l’agriculture où l’on soutient le bio mais aussi l’agriculture productiviste. » Pour y parvenir, il propose que toutes les aides régionales conduisent à la transition écologique. Parmi les sujets de divergence avec l’actuelle majorité socialiste, l’autoroute Toulouse-Castres, « exemple de ce qu’il ne faut plus faire en matière d’artificialisation des sols pour des projets routiers vieux de 30 ans » et le tout aéronautique. Même s’il refuse de se laisser caricaturer sur ce sujet : « La croyance infinie de l’aéronautique n’est ni possible ni souhaitable. Il faut bien sûr intensifier la R&D pour produire le plus vite possible des avions propres. Mais il faut aussi travailler à la diversification et la reconversion des salariés. » Bien que rival de Carole Delga sur la ligne de départ, l’écologiste Antoine Maurice ne fait pas mystère de ses intentions au soir du premier tour : « L’adversaire reste l’extrême droite. J’appellerai donc à l’union des forces de l’arc humaniste. Parce que le passé a montré que l’on était capable de travailler avec le PS et LFI. »