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  • BOUDU

Médiation de pleine conscience

Quand on aperçoit ne serait-ce que le bout de la queue écaillée d’un serpent dans son jardin ou son garage, on a beau être courageux, les premières réactions sont rarement enthousiastes. Et on ne peut pas dire que la culture, classique comme populaire, ait vraiment aidé à améliorer l’image d’un animal qui reste souvent synonyme de danger. Voire de mal absolu. Alors même si aucune espèce n’est mortelle pour l’homme à Toulouse, la première impression – mauvaise – reste tenace.

Pour éviter que les rencontres entre humains et serpents finissent irrémédiablement par un coup de pelle, un groupe de bénévoles de l’association Nature En Occitanie (NEO) a créé en 2009 un pôle destiné à mieux faire cohabiter humains et serpents. D’abord dédiée aux reptiles, l’initiative concerne aujourd’hui toutes les espèces de la faune sauvage locale (hiboux, renards, rongeurs…). « Quand on explique aux gens à quelle espèce ils ont à faire, pourquoi elle est là, comment elle se comporte, et qu’on les guide, ils sont rassurés et ça facilite la cohabitation », assure Mickaël Nicolas, coordinateur de ce Pôle de Médiation Faune Sauvage. Une démarche de sensibilisation d’autant plus importante qu’on le sait peu, mais bon nombre d’espèces sauvages locales sont menacées et protégées par la loi.

Les serpents qui se glissent dans nos jardins, et parfois par erreur dans nos maisons, représentent 70 % des interventions réalisées par l’association. Mais la plupart du temps, un accompagnement téléphonique suffit. Et si c’est nécessaire, des bénévoles peuvent se déplacer pour aider les habitants à vaincre leur peur ou relâcher les animaux dans la nature.

Querelles de territoires

« Dans tous les cas, on fait en sorte que les animaux soient relâchés dans l’espace naturel proche pour ne pas les faire sortir de leur territoire », précise Mickaël Nicolas. L’association conseille même aux particuliers d’aménager au fond de leur jardin des habitats propices aux espèces locales (tas de pierres ou de bois par exemple) pour leur permettre de rester sur leur territoire, tout en les tenant éloignés de la maison.

La sensibilisation et la démystification passent aussi par les pompiers, formés tous les ans par l’association « pour pouvoir intervenir de façon plus raisonnée, sans mettre de gants en kevlar et utiliser des perches de 3m de long. Les voir intervenir sans équipements superflus permet de rassurer les particuliers et de mettre à mal beaucoup d’idées reçues ».


Le pôle de médiation accompagne aussi ceux qui se sentent démunis face à un animal en détresse : oisillons tombés du nid, animaux heurtés par des véhicules, etc. Notamment en les réorientant vers les centres de soins spécialisés, comme la clinique de la faune sauvage de Toulouse-Purpan.

Sur l’ensemble des 303 interventions réalisées en 2018 par les bénévoles, beaucoup ont concerné les zones périurbaines toulousaines. La faute, d’un côté, à l’urbanisation galopante qui voit des pavillons s’installer sur des territoires autrefois investis par la faune locale. Et, de l’autre, « à l’agriculture intensive et la destruction des haies, qui poussent les animaux, et notamment les serpents, à se rapprocher des zones périurbaines qui offrent des habitats plus diversifiés ». Une notion compliquée à faire comprendre à des humains « déconnectés de la faune », et « qui ne comprennent pas qu’on puisse, malgré la notion de propriété, devoir partager son territoire avec la faune sauvage ».

Sur ce plan-là, le pôle de médiation a remporté quelques petites victoires. « Quand on a sensibilisé les gens, ils se rendent compte qu’il est tout à fait possible de vivre en bonne intelligence. La preuve, certains nous envoient des photos de serpents que nous avons libérés et qu’ils sont heureux de revoir plus tard dans le petit coin qu’ils ont aménagé dans leur jardin. »  

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