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BOUDU

Napoléon et nous : les grands d’Oc

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Sans la Révolution, Jean-de-Dieu Soult n’aurait pas été le héros d’Austerlitz mais le boulanger de Saint-Amans. Engagé volontaire dans l’armée royale à l’âge de 16 ans pour payer la taille que sa mère, veuve et désargentée, ne pouvait régler, il comprit vite que, dépourvu de titre de noblesse, il n’accéderait jamais au grade d’officier. Il revint donc déçu à Saint-Amans en 87, et se fit boulanger. Mais devant l’insistance de sa famille, il regagna les rangs de l’armée. La Révolution ayant ouvert les grades élevés à tous les citoyens, il gravit les échelons à force de courage, se distingua dans les années 90 partout où les armées royalistes menaçaient la Révolution, défendit Gênes au cours de la campagne d’Italie, contribua largement à la victoire d’Austerlitz, et parvint à freiner l’avancée des Anglais jusqu’à la bataille de Toulouse de 1814 (lire page 32). S’il brilla par son sens de la manœuvre militaire, Soult se vit reprocher sa personnalité glaciale. Au feu, il n’eut pas que des amis. Certains de ses compagnons lui firent une réputation de couard et d’opportuniste qu’il traîne encore aujourd’hui. Après l’Empire, il se retira à Saint-Amans où il fit bâtir un château. Il se joint à Louis-Philippe dont il devint président du Conseil, et s’éteignit quelques jours à peine avant le coup d’État du futur Napoléon III.

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Bessières avait de jolies dents, un accent du Sud-Ouest à couper au couteau et un œil qui disait merde à l’autre. C’est ce que nous en dit (en substance) dans ses mémoires la Montpelliéraine duchesse d’Abrantès. Napoléon, lui, louait son œil perçant et sa prudence. Du coup d’État du 18 brumaire au cours duquel il assura la protection de Bonaparte, jusqu’à Austerlitz où sa charge fut déterminante, le Lotois connut la grandeur auprès de l’Empereur avant qu’un boulet ne l’emporte en 1813. Né à Prayssac d’un chirurgien barbier sans fortune, il avait vu le jour quelques mois après l’autre grand Quercynois de l’Empire, Joachim Murat, à qui on le comparait sans cesse, lui si prudent et taciturne, l’autre tellement fonceur et démonstratif. Lorsque le Lotois Murat et le Gersois Lannes se disputèrent la main de la sœur de Bonaparte, Bessières prit parti pour Lannes. Mancat ! C’est Murat qui l’épousa.

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Fils d’aubergiste lotois devenu roi de Naples, Murat est monté à cheval dans l’ascenseur social de Bonaparte, dont il épousa la cause et la petite sœur. Cadet de sa famille, on le destinait pourtant à une carrière d’ecclésiastique. Il en prenait même franchement le chemin lorsqu’un jour de 1787, au séminaire de Toulouse où il suivait l’enseignement des lazaristes, il prit à parti un condisciple avec tellement de vigueur qu’on le mit à la porte. Comme le 12e régiment des chasseurs à cheval des Ardennes passait alors par Toulouse, il s’y engagea et connut tout… excepté Waterloo. Aide de camp de Napoléon en Italie, cavalier décisif au pied des pyramides, auteur du mot historique « Foutez tout ce monde-là dehors » qui lança le coup d’État du 18 brumaire, lancé à la tête de 12000 hommes dans la plus grande charge de cavalerie de l’Histoire à Eylau, il reçut en récompense le titre de roi de Naples. Hors des champs de bataille le mauvais goût de ses tenues faisait marrer la cour. Il mourut fusillé en Calabre en 1815 à la chute de l’Empire, après avoir cherché en vain à reconquérir son rêve napolitain perdu.

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Cambacérès est né dans une famille noble. Son père, maire de Montpellier de 1753 à 1778, tirait malgré son rang le diable par la queue. Il garda de cette enfance désargentée le besoin d’accumuler les richesses et un goût immodéré pour le luxe. Les réceptions qu’il donnait dans son palais impérial parisien (L’hôtel Molé, bd Saint-Germain, aujourd’hui occupé par le ministère de la Transition écologique de Barbara Pompili) étaient les plus courues de la capitale. Personnage majeur du pouvoir impérial, père du Code civil à la rédaction duquel il travailla de 1793 à 1804, il assura plusieurs fois l’intérim, passant de deuxième consul à un statut comparable à celui de Premier ministre de l’Empire. De son attitude ambiguë à propos du sort de Louis XVI jusqu’à sa promptitude à prendre parti pour le roi à la Restauration, on lui reproche son côté girouette. Injuste quand on sait que les seuls à ne pas avoir tourné le dos à l’Empereur déchu sont ceux qui sont morts trop tôt pour le faire.

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Le destin de Dominique-Jean Larrey a basculé en 1779 alors qu’il avait 13 ans. Orphelin, il fut confié cette année-là à son oncle, chirurgien en chef à l’hôpital La Grave de Toulouse. Il entreprit à son tour une carrière médicale, soutint à Toulouse sa thèse sur les caries des os, et s’engagea comme chirurgien dans la marine. À la Révolution il rejoignit l’armée du Rhin. Surpris par la rapidité de déplacement des troupes à cheval, il y créa les ambulances volantes, ancêtres du SAMU. Ces ambulances portaient secours aux blessés, amis comme ennemis, au cœur de la bataille. Ami et chirurgien personnel de Napoléon, il était capable d’amputer un membre en moins d’une minute. À Eylau, il procéda ainsi à 800 opérations en 3 jours. On lui prêtait une ressemblance physique avec Napoléon. À Waterloo, les Anglais le firent prisonnier en le prenant pour l’Empereur. Il évita de justesse le poteau d’exécution.

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Maréchal honoraire, Pérignon a effectué sa carrière militaire sous la Révolution. Comme tous les Haut-Garonnais (il est né à Grenade dans une famille anoblie par les Capitouls), il avait un faible pour la Costa Brava. Il y connut de grandes victoires à la tête de l’Armée Révolutionnaire, au Boulou, à Rosas et à Figueras. Diplomate sous l’Empire, il fut gouverneur de Parme avant de rentrer à Toulouse et de se rallier à Louis XVIII. Il fit ce qu’il put pour contrarier le retour de l’Empereur en exaltant la fibre royaliste des gens du Midi lors des Cent jours. En vain, Napoléon le déchut illico de sa dignité de Maréchal, qu’il récupèrera à la Restauration.

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