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Quoi de neuf ? Bonaparte ! – Napoléon et nous

David Saforcada, comment devient-on bonapartiste ? En tombant à l’âge de 5 ans sur une carte postale de Napoléon cheveux au vent au Pont d’Arcole. C’était la fin des années 1970. J’y ai vu un hippie avec un drapeau français. J’ai adoré ça. En grandissant j’ai découvert sa pensée et celle de Napoléon III. Puis je me suis engagé dans l’armée, au 3e Régiment d’infanterie de marine dont l’insigne reprend l’aigle impérial du Second Empire. En quittant l’armée début 2000, j’ai fait la connaissance de Thierry Choffat, président du centre de recherche sur le Bonapartisme. On a décidé de lancer France Bonapartiste ensemble, et de le transformer en parti aujourd’hui.

Qu’est-ce que le bonapartisme ? Un patriotisme social teinté de progressisme.

David Saforcada France Bonapartiste

A droite ou à gauche ? L’historien René Rémond a classé le mouvement à droite, mais ce n’est pas si évident. Quand vous êtes bonapartiste, l’extrême droite vous traite de gauchiste et l’extrême gauche de facho. Signe que cela ne veut vraiment plus rien dire du tout. Reste qu’on est attentifs à cette étiquette « de droite ». Le nom du parti que l’on crée ne portera d’ailleurs pas le qualificatif « bonapartiste ». C’est une façon de nous ouvrir aux souverainistes de gauche, pour qui la référence à la droite est un frein.

Quel sera le nom ? L’Appel au Peuple, comme le groupe parlementaire bonapartiste qui existait par le passé. Une référence directe, certes, pour ceux qui connaissent l’Histoire, mais un nom qui permettra aux électeurs de porter un regard neuf sur les idées bonapartistes.

Le bonapartisme sans un Bonaparte, c’est possible ? On n’a jamais eu l’intention de remettre un Bonaparte au pouvoir. Un député bonapartiste du début du XXe siècle a bien résumé l’esprit du courant : « Servir les principes avant de servir les princes ». Nous sommes attachés à la Ve République et à l’élection du Président au suffrage universel.

La monarchie présidentielle de la Ve vous convient donc bien ? Oui, d’autant plus qu’elle reprend de nombreux éléments de la constitution de 1852 de Louis-Napoléon Bonaparte. Il faut aussi se souvenir qu’à la chute du Second Empire en 1870, la désignation du chef de l’État au suffrage universel était un des chevaux de bataille des bonapartistes.

France Bonapartiste, a presque 20 ans. Pourquoi la transformer en parti politique ? Pour mieux partager nos idées et préparer un candidat pour 2027.

Y-a-t-il déjà des élus parmi les membres ? Quelques-uns. Et jusqu’à présent ça marche plutôt bien. Certains sont à leur troisième ou quatrième réélection. Ils n’ont pas imposé le bicorne à leurs concitoyens et ne se trimbalent pas dans la rue avec la main dans le gilet !

Se sont-ils présentés comme bonapartistes ? Ils n’en font pas mystère. Un de nos membres a même été élu en Picardie sous l’étiquette “parti bonapartiste”.

France Bonapartiste a un temps soutenu Chevènement, puis Dupont-Aignan. Plus personne ne trouve désormais grâce aux yeux des bonapartistes ? France Bonapartiste est né en 2000 et n’a jamais changé. Toujours souverainiste, toujours favorable à la participation, jamais compromis dans des alliances contre nature. Ce qui nous a conduit un temps à soutenir Dupont-Aignan, c’était sa ligne de conduite « ni système ni extrême ». Mais entre la candidature d’Olivier Arsac avec Moudenc, les alliances avec l’UDI ou celles avec la Ligue du Sud de Bompard, on a vite compris que Dupont-Aignan c’était le système et les extrêmes à la fois.

Comment construit-on une pensée bonapartiste pour les sujets nouveaux ? Que dit le bonapartisme de l’écologie, par exemple ? Qu’il faut arrêter de faire culpabiliser les Français quand ils appuient sur un interrupteur. Qu’il faut arrêter de les prendre pour des imbéciles en leur vendant des voitures électriques comme si l’électricité n’était pas nucléaire. Et qu’il faut profiter de l’immense domaine maritime français pour devenir le gendarme des mers contre les pollueurs et la pêche illégale. Ce sera plus efficace pour l’environnement que de sucrer les subventions des aéroclubs. Et surtout, mettre le paquet sur l’innovation comme le fait d’ailleurs très bien Carole Delga avec le train à l’hydrogène.

Et l’Europe ? Que serait une Europe bonapartiste en 2021 ? À titre personnel, moi, la France qui me fait rêver, c’est celle de 1811 avec ses 130 départements de Hambourg à Barcelone en passant par l’Italie… Mais ça, c’est derrière nous maintenant ! Blague à part, on est favorables à l’Europe mais contre le chemin qu’a pris l’Union avec cette domination allemande qui ne dit pas son nom. Certes l’Allemagne est plus puissante économiquement, mais c’est la France qui verse son sang pour défendre l’Europe au Mali ou au Sahel. Elle est le parapluie nucléaire de l’Union, la seule armée capable de déployer des troupes rapidement à l’autre bout du monde. La seule à disposer d’un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. On se sent parfois bien seul. Lors des dernières tensions entre la Grèce et la Turquie, on n’a pas beaucoup entendu les Allemands.

Vous semblez méfiant à l’égard de l’Allemagne… C’est un pays ami mais je ne crois pas au couple franco-allemand. Et puis, à titre personnel, je suis inquiet de voir à quel point l’Allemagne de l’Est n’a pas modernisé sa pensée. Je trouve très inquiétant le retour du nationalisme prussien et les poussées de l’extrême droite en Allemagne de l’Est.

Qu’en est-il de la suppression de l’ENA ? Si le bonapartisme, c’est la méritocratie, vous estimez sans doute que cette suppression est une bonne chose ? La suppression de l’ENA c’est du populisme crasse. Supprimer l’ENA ne supprime pas les élites. Ça supprime juste l’ENA. Pourquoi ne pas la refondre sur le modèle militaire ? Pour devenir officier on entre à Saint-Cyr. Et si on fait ses preuves, on entre à l’école de guerre et on peut devenir général. Pourquoi ne pas faire pareil avec l’ENA ? Un premier stade à l’entrée, et un second que seuls les meilleurs atteignent pour devenir hauts fonctionnaires. Pour le reste, élargissons plutôt le prisme de l’entrée à l’ENA, créons la méritocratie dès l’école, finissons-en avec le collège unique, réinjectons au pays de l’enfant roi un peu d’autorité et de discipline, et arrêtons de tirer les Français vers le bas. D’ailleurs, c’est ce qu’un parti bonapartiste pourrait offrir de meilleur : tirer enfin les Français vers le haut.

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