Neufs listes ont donc officiellement été déposées en préfecture le 17 mai dernier. Si le dernier sondage porté à la connaissance du grand public, à l’heure où nous mettons sous presse, remonte au 1er mars, quelques tendances/confirmations semblent néanmoins à se dégager. À commencer par celle qui place la présidente sortante en position de favorite pour se succéder à elle-même. Forte d’un bilan globalement positif, où elle n’a ménagé ni ses efforts, ni les kilomètres, pour occuper le terrain, Carole Delga a réussi à imposer le fait occitan comme une réalité. Et si certains lui reprochent une trop grande communication, elle a éteint les polémiques qui ont pollué le début de son mandat, en particulier autour du nom de l’institution régionale. Sa réélection est-elle pour autant une formalité ? Pas si sûr. Tout d’abord parce que, comme en 2015, elle n’a pas réussi à faire l’union à gauche. Emoustillé par les excellents scores obtenus par ses troupes lors des municipales en 2020, Europe-Ecologie les Verts a en effet décidé de faire cavalier seul. Une décision logique pour Antoine Maurice qui nourrit l’espoir d’arriver devant Carole Delga le soir du 20 juin, condition sine qua non pour organiser le rassemblement autour de son nom. « On a toujours présenté un projet écologiste dans une élection à la proportionnelle. Sinon que cette fois, l’union des forces de gauche peut se faire autour de l’écologie. » Autre composante de la gauche à avoir refusé la main tendue de l’ancienne secrétaire d’État de François Hollande, la France Insoumise qui, après avoir caressé l’espoir de faire liste commune avec EELV, se contentera du NPA et de la GDS. Une décision somme toute logique compte tenu des départs, dès 2016, des conseillers régionaux LFI de la majorité. Enfin la présidente sortante devra également composer avec une concurrence à laquelle Jean-Luc Moudenc a échappé l’an dernier à Toulouse : celle de La République en Marche. Là encore, rien de très surprenant tant Carole Delga n’a eu de cesse de s’opposer à la majorité présidentielle depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. Le pedigree de la tête de liste soutenue par LREM, l’ex UMP Vincent Terrail-Novès, est pourtant davantage susceptible d’enquiquiner le candidat des Républicains Aurélien Pradié qui, s’il ne cesse de dénoncer l’opportunisme de son rival, risque d’y perdre quelques précieuses voix. Fort du soutien de Jean-Luc Moudenc, et de son aura de n°3 des LR, le député du Lot, à grand renfort de slogans chocs comme « 25 ans de socialisme, ça suffit ! », compte sur la réactivation du clivage droite-gauche pour convaincre les électeurs traditionnels de son parti, quelque peu désorientés depuis l’avènement du macronisme. Parce que le secrétaire général des LR sait que ces électeurs sont également convoités par Jean-Paul Garraud, lui aussi ex-transfuge de l’UMP, choisi par le Rassemblement National pour réussir là où Louis Aliot a échoué en 2015. Une candidature dont l’objectif à peine voilé est bel et bien de rassurer l’électorat de droite : « Il faut arrêter d’avoir peur du RN car ce parti a beaucoup changé », assure-t-il. L’Occitanie peut-elle basculer dans l’escarcelle du Rassemblement National ? à première vue, tel semble être le principal enjeu du prochain scrutin régional. Si le rapport de force parait favorable à Carole Delga, aussi bien d’un point de vue arithmétique que sociologique, une (nouvelle) abstention massive l’avant dernier week-end de juin pourrait néanmoins avoir des conséquences non négligeables sur le résultat. Sans parler de ceux qui voudraient faire de ce scrutin une répétition générale des présidentielles de 2022…