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Femen femelliste – Solveig Halloin

Dernière mise à jour : 16 févr.

Elle a crié seins nus sur la statue de Jeanne d’Arc à Toulouse pour la journée de la femme, fait scandale sur le plateau de Balance ton Poste, ou permis à des lapines de l’INRA de s’enfuir. Solveig Halloin, la plus « femelliste » des Femen, nous explique son combat.



Solveig Halloin, comment êtes-vous devenue féministe ?  Je suis surprise que vous posiez la question alors que vous êtes une femme ! Si l’on n’est pas féministe, on est forcément criminel d’un point de vue éthique parce que dans cette oppression, ne rien faire, c’est collaborer. J’ai connu le viol par inceste et puis le viol en tant que femme mais aussi le dénigrement, les moqueries, l’occultation, le mépris, le harcèlement. Le jour où j’ai compris que ce qui m’arrivait n’était pas la faute à pas de chance, mais que c’était le sort de toutes les femmes de l’Humanité, ma conscience politique est née et je n’ai plus jamais cessé de me battre.


Pourquoi avoir choisi les Femen ?  Les Femen ont établi trois piliers à leurs fondamentaux. Il y a la lutte contre la dictature, celle contre les religions, et celle contre l’industrie du «sexclavagisme» qui rassemble les systèmes qui obligent les femmes à vendre leurs viols en se prostituant, jusqu’à la prostitution filmée : la pornographie. La forme du topless associée aux Femen est un langage juste ! On agit avec nos corps, par nos corps, pour nos corps. Quand on fait une manifestation avec une pancarte, les choses ne bougent pas et ça, depuis plusieurs siècles. Je rappelle le slogan féministe : le patriarcat tue tous les jours, le féminisme n’a jamais tué personne. En plus d’être Femen, je suis une activiste «femelliste», un concept que j’ai élaboré pour défendre les autres animaux et notamment la persécution faite aux femelles du monde de l’élevage.


Avez-vous vu des évolutions positives depuis le début de votre militantisme ?  Non seulement il n’y a aucune évolution, mais la situation ne fait qu’empirer. Le patriarcat capitaliste poursuit sa fuite en avant de destruction. Là, on est dans la phase finale. Le patriarcat fait perdurer ses crimes avec, en écran de fumée, l’illusion qu’on est sur quelque chose de progressiste à travers le temps. La situation des femmes n’a jamais été pire qu’aujourd’hui, notamment avec l’effet d’industrialisation des violences.


 

Elles marchent seules


Si elles peuvent ponctuellement venir grossir les rangs des cortèges pendant les manifestations, elles se font plus souvent remarquer par leurs positions tranchées pendant les repas de famille. Qui sont ces féministes pour qui engagement ne rime pas avec militant ? Pour beaucoup, le féminisme est une évidence. Monique Urraca a passé sa vie à subir la violence des hommes. Chose rare dans les années 70, elle divorce à 22 ans pour fuir un mari qui la bat. Vendeuse dans l’automobile, puis dans l’immobilier, elle fait face à la compétition féroce de ce milieu très masculin. Un nouveau compagnon violent la fait se confronter à l’inaction de la justice et des associations. « J’ai trop d’expérience avec les mecs pour ne pas être féministe. » Mais cette solitaire qui s’est débrouillée très tôt par elle-même n’a jamais voulu rejoindre un groupe militant. Bénédicte*, elle, est féministe « par extension parce que je suis lesbienne ». La trentenaire ne s’est jamais retrouvée dans les organisations féministes. D’autant que leur manière de militer, qu’elle juge trop violente, ne lui correspond pas du tout. Elle a longtemps milité dans les associations LGBT, mais a fini par les quitter : trop stressant, trop compétitif. Même son de cloche pour Christine Tatareau, également lesbienne, qui considère qu’ « une discrimination en entraine une autre. » Pour autant, à 40 ans elle n’a pas totalement abandonné le combat féministe. Elle se rend parfois en manifestation et porte ses idées dans le milieu infirmier où elle travaille. Mais c’est surtout auprès de son entourage qu’elle défend le féminisme. « Le militantisme c’est tous les jours. Je féminise les mots, je reprends mes proches sur les blagues sexistes… »


@J.B.

(*) Prénom modifié

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