Agenda mars 2025 - Toulouse
- Sébastien Vaissière
- 4 mars
- 4 min de lecture

Invincible été
On se souvient de L’Été des charognes, premier roman de Simon Johannin, ce fils de néo-ruraux de la montagne Noire devenu mannequin, auteur et poète. Son texte, aboyé plus qu’écrit, racontait le passage de l’adolescence à l’âge adulte dans une ruralité occitane aux faux airs de Midwest. Le metteur en scène Hubert Colas, qui fouille les questions de la violence et de l’identité avec sa compagnie Diphtong depuis la fin des années 1980, a trouvé dans ce livre de quoi servir son théâtre d’aujourd’hui. Thierry Raynaud dit le texte dans un flux continu qui sied au verbe abondant de Johannin. Derrière lui, les créations vidéo de Pierre Nouvel alternent vues aériennes et plans serrés parfois gores. Un monologue d’1h10 dont on ressort rincé et différent.
Du 12 au 15 mars au Théâtre Garonne

Ballade des genres heureux
Intimité acrodansée, voltige non binaire, drag clown… Ne vous laissez pas abuser par les intitulés des disciplines annoncées pour la septième édition de Créatrices!, le festival de La Grainerie dédié à l’égalité des genres. Contrairement aux apparences il n’est pas destiné aux spécialistes de l’intersexe mais à quiconque est touché par les circassiens, ces gens plus drôles, plus souples, plus tristes, plus grands et plus libres que nous. Bien sûr il y a une réflexion sur l’éducation genrée dans le cerceau de Scuse de la Québécoise Cournoyer Lessard (à partir de 10 ans). Bien sûr le Cirque Queer (tout public) rue sacrément dans les brancards. Bien sûr le drag clown de Homo suivant, de l’Apprentie Compagnie et du collectif les EnchantReurs (à partir de 10 ans) n’est pas un modèle de standard social. Mais c’est ainsi que La Grainerie aime annoncer le printemps, et ça nous change des hirondelles.
Du 21 mars au 13 avril à La Grainerie, fabrique des arts du cirque et de l’itinérance à Balma

Rire pour le meilleur
Le Printemps du rire a 31 ans, comme Shaun le mouton et Jordan Bardella. Déjà une promesse de bonne humeur. Le festival entre dans sa quatrième décennie avec 70 spectacles dans une trentaine de salles du département. Parmi les figuras : Eric et Quentin, Les Jumeaux, Thomas GT, Trotignon, Vizorek, Christelle Chollet, P.-E. Barré et Michel Boujenah. On retrouve la traditionnelle nuit du Printemps au Zénith, le off voué au rire grinçant, les jeunes humoristes du Tremplin et le P’tit Printemps pour les oreilles chastes. Le tout dans un grand écart inhabituel dans la culture toulousaine entre Cave Poésie et Casino Barrière. À noter un final à la Halle de la Machine avec Fred Blin, Marc Fraise, Didier Super, et le vertigineux Johnny, un poème, de la compagnie Gérard Gérard. Un hommage au taulier et à la culture populaire mené sur une pelleteuse en feu. Immanquable.
Du 8 mars au 7 avril à Toulouse et en Haute-Garonne
Retour à Lugdunum
Jamais depuis sa création voilà cent ans, le musée archéologique de Saint-Bertrand-de-Comminges ne s’était vu gratifié d’une scénographie digne de ce nom. C’est chose faite depuis le mois de février et l’inauguration, par le Conseil départemental (propriétaire des lieux) d’un espace muséal entièrement repensé pour l’époque, immersif et interactif. Pour ceux qui n’auraient pas révisé leur histoire locale, Saint-Bertrand est bâtie sur l’antique Lugdunum, chef-lieu des Convènes, peuple proto-basque à la croisée des mondes celtique, aquitain et romain. Le musée doit beaucoup à son fondateur Bertrand Sapène (1890-1976), instituteur au village, dont le travail acharné a permis de découvrir des pièces exceptionnelles exposées au musée : trophée augustéen, tête colossale d’Agrippine et une collection de riches autels votifs. À voir.
À Saint-Bertrand-de-Comminges - en mars : du mardi au samedi

Airs cultes
Les musiques de films ont la cote. L’Orchestre du Capitole s’y adonnera deux fois au printemps, interprétant Morricone en avril à la Halle aux Grains et Star Wars au Zénith en juin. En attendant, on goûtera la proposition au Casino Barrière du Pink City Orchestra, formation modulable et pluridisciplinaire 100 % toulousaine menée par la chorégraphe et ancienne danseuse du ballet du Capitole Virginie Baïet-Dartidalongue. Un périple symphonique chorégraphié à travers cent ans de bandes originales. Le spectacle s’ouvre sur Autant en emporte le vent et s’achève dans un Hey Pachuco! (The Mask) enfiévré. Une collection d’airs cultes pour tous, à moins de 10 euros pour les moins de 13 ans.
Représentation unique le 9 mars au Casino Barrière

À peine qu’on se traite
C’est un livre à mettre entre les mains des Toulousains en carton pour qui le substantif chocolatine est l’alpha et l’oméga de l’identité linguistique locale. Écrit par Pierre Escudé, universitaire toulousain pur sucre qui a comme seul défaut d’enseigner à Bordeaux, ce petit précis égrène les mots d’ici, du finestrou au pimpoï, de l’inévitable boudu au merveilleux tchaoupiner. Un ouvrage placé sous l’autorité du Robert, et inscrit dans la collection Ça se dit comme ça, dirigée par le linguiste Médéric Gasquet-Cyrus, auteur du Marseillais pour les Nuls.
En librairie le 6 mars