À 16 ans, il devient populaire sur les réseaux sociaux en peignant sur sa calculatrice. Trois ans plus tard, le Toulousain Raphaël Fontang s’est fait un nom en tant que vulgarisateur d’art sur Internet. Aujourd’hui âgé de 19 ans, il comptabilise 800 000 abonnés sur TikTok, et collabore avec des grandes marques et des musées prestigieux.
Lorsqu’il s’inscrit sur les réseaux sociaux à son entrée en première pour partager ses dessins, jamais Raphaël Fontang n’aurait pu imaginer l’ampleur que ses vidéos prendraient. Né d’une mère artiste et d’un père photographe à ses heures perdues, ce n’est une surprise pour personne lorsque, enfant, il se met à son tour à dessiner et peindre. Pour autant, Raphaël comme sa mère, Sandrine, soulignent tous deux que cette décision vient de lui et de lui seul. Enfant, sa soif de connaissance ne se tarit jamais. « Il posait constamment des questions », se souvient Alphonse, son père. Bien qu’il soit bon élève, il ne se sent pas à sa place à l’école. « À huit ans, il lui tardait déjà de se lancer dans sa vie d’adulte » explique Sandrine. Au lycée, après une seconde générale option design au lycée des Arènes, il se dirige vers un bac STD2A au lycée Josephine Baker, à Rive Gauche. Sa matière préférée ? L’histoire de l’art. « Je trouve incroyable l’impact que l’art a sur le monde qui nous entoure. C’est un réel reflet de notre société et de son évolution. » Pour ses parents, cette passion est arrivée un peu par surprise. « On ne l’emmenait pas tant que ça au musée quand il était petit. Il y a toujours eu des livres d’histoire de l’art à la maison, mais il n’a commencé à les feuilleter qu’au lycée. » Fin 2020, il crée un compte sur TikTok. Deux mois plus tard, il publie une vidéo dans laquelle il peint L’Ange déchu, d’Alexandre Cabanel, sur sa calculatrice. C’est un carton : en une semaine, il gagne 200 000 abonnés. « Cette vidéo a fait le tour du monde, j’avais au final assez peu d’abonnés français. » Les raisons de cette popularité soudaine restent un mystère pour Alphonse et Sandrine. « Il a dû arriver sur le réseau au bon moment. Il a le flair de la tendance. » Très vite, son contenu évolue. Tout part d’un constat : l’histoire de l’art est très peu présente sur les réseaux sociaux. Il poste donc une vidéo sur l’histoire de La Création d’Adam, de Michel-Ange. En dehors du lycée, il ne suit aucune formation spécialisée, mais s’instruit sur son temps libre. « Je pense que si j’avais fait de réelles études d’histoire de l’art, je ne pourrais pas l’expliquer aussi simplement. » Au bout d’à peine un an, le musée Jacquemart- André le contacte au sujet d’une exposition temporaire du peintre italien Sandro Botticelli. Pour eux, il produit deux vidéos sur le sujet. Ce premier partenariat signe son entrée dans le monde de la communication culturelle.
L’expert de Tiktok
Au fil des ans, il travaille avec de nombreux partenaires, comme la ville de Versailles, la fondation Carmignac, ou plus récemment, YourArt. Ouverte l’an dernier, cette plateforme en ligne permet de faire connaître et de vendre des œuvres d’art, d’artistes émergents et confirmés. Ils proposent aussi à des acteurs du monde culturel de composer une sorte d’exposition d’œuvres de différents artistes, appelée « curation ». « C’est différent de ce que je fais d’habitude, et le partenariat le plus complet que j’aie fait jusqu’alors. » Mais ce n’est pas tout. Il y a un an, une nouvelle aventure a débuté pour le jeune homme. « L’agence Zionsay m’a proposé de devenir community manager pour le TikTok du Bon Marché. » C’est Clara Herraiz qui l’a contacté pour cette mission. « Il avait quelque chose de visionnaire. » Selon elle, l’atout majeur du jeune homme est son expertise de TikTok. La collaboration entre eux s’est tellement bien déroulée qu’en juillet 2023, elle fait appel à lui pour la création de sa propre agence de communication culturelle, VIEW. « Entre ses compétences sur les réseaux sociaux et ses connaissances des codes du monde culturel, il est le profil parfait pour nous. » Aujourd’hui, ils travaillent ensemble sur les multiples aspects de l’agence : élaboration de soirées d’influenceurs, création de contenu pour des clients, ou encore veille des dernières tendances sur les applications. « J’ai un emploi du temps très chargé », reconnaît Raphaël en souriant. Un rythme peu surprenant pour ses parents. « Il a toujours eu besoin de s’occuper, de créer en permanence. » Dans cette course effrénée, la haine qu’il reçoit sur les réseaux sociaux prend parfois de la place. « J’arrive à ne pas trop y prêter attention, mais quand tu en reçois quotidiennement, ça finit par t’impacter. » Au quotidien, il préfère néanmoins se concentrer sur le positif. « L’autre jour, une fille est venue me dire que grâce à mes vidéos, elle s’était inscrite en études d’histoire de l’art. Avoir une telle influence dans la vie des gens, c’est incroyable ! »