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BOUDU

Facteur humain – Veiller sur mes parents

Un lundi matin, 8 h 30, juste avant les fêtes de fin d’années. Le silence règne aux abords de la plateforme de préparation et distribution du courrier de Plaisance-du-Touch où seul le célèbre jaune des voitures transperce la brume. à l’intérieur, derrière chaque bureau, le fourmillement est palpable. Évelyne, ancienne secrétaire devenue factrice il y a 12 ans, s’active et trie minutieusement son courrier. « Le secret pour être efficace en tournée, c’est l’organisation. »


Veiller sur mes parents

« Ce ne sont pas que des numéros. Je connais les noms de tous mes clients par cœur ! » Évelyne



Veiller sur mes parents

Veiller sur mes parents

Une heure après, la factrice de 56 ans s’élance sur son staby, un scooter électrique à trois roues, pour démarrer sa tournée à la Salvetat-Saint-Gilles. Le rythme est soutenu. Sans descendre de son véhicule, elle enchaîne les boîtes aux lettres et slalome d’un trottoir à l’autre en saluant quelques habitants : « Ce ne sont pas que des numéros. Je connais les noms de tous mes clients par cœur ». Dans un quartier résidentiel, Michel vient à la rencontre de sa “super factrice” pour échanger quelques potins. Le journal à la main, avant de rentrer chez lui, il confie : « J’espère que ce lien que l’on a depuis toujours avec les facteurs perdurera ! » évelyne, qui ne changerait de métier pour rien au monde, confirme : « On est porteur de messages plus ou moins bons. Forcément, ça crée une relation particulière que nous sommes les seuls à avoir ! »


Veiller sur mes parents


Veiller sur mes parents

La course contre la montre se termine en début d’après-midi en arrivant chez René pour la prestation : “Veiller sur mes parents”. Dans cette immense maison aux allures de cabinet des curiosités, René, 89 ans à l’accent du sud prononcé et au tempérament bien trempé, attend avec impatience la factrice.

Voilà maintenant 2 ans que cet ancien inspecteur de la SPA, entouré par son chien, son chat et ses oiseaux, a souscrit au programme pour lui et sa compagne. Depuis le décès de sa tendre Colette, il y a quelques mois, “Veiller sur mes parents” a pris tout son sens en devenant l’un des rares moments d’échange de sa semaine. « Evelyne, il faut que vous me trouviez une copine ! », taquine-t-il sa postière préférée. Après quelques confessions, le feuilletage du magazine L’homme moderne pour commander une tenue et le debrief de L’amour est dans le pré, la factrice sort son téléphone pour renseigner l’état de René dans l’application de La Poste. Si la prestation est censée se limiter à la vérification de son état, évelyne, elle, y met tout son cœur.

« Quand je suis là, je ne suis plus factrice. Par exemple, en ce moment je lui cherche une association pour faire des activités parce qu’il s’ennuie. » Le temps recommandé par La Poste étant largement dépassé, la factrice annonce son départ avec beaucoup d’émotion. « Monsieur Daumas, je vais partir mais on se revoit jeudi… » En “charmante compagnie”, il se retrouve alors seul avec ses animaux, sans personne avec qui discuter et « ça c’est dur, c’est dur ! Et tous les soirs, c’est l’enfer » lâche-t-il. Le cœur lourd, la factrice remonte sur son staby, ferme le grand portail et s’éloigne de la maison pour poursuivre sa tournée : « Quand je pars c’est le moment le plus douloureux. Au fil du temps, il y a une affinité particulière qui s’est créée, presque une amitié. »


Veiller sur mes parents

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« Quand je suis là, je ne suis plus factrice. » Évelyne



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