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Gabriel Fauré : Humble héros

Sébastien Vaissière

On commémorait fin novembre le centenaire de la mort de Gabriel Fauré, compositeur tout ce qu’il y a de plus ariégeois devenu un maître de la musique française. On le connaît pour sa tubesque Pavane, son Cantique de Jean Racine et son inévitable Requiem. Dans l’imaginaire collectif, sa trace reste pourtant plus discrète que celle de ses contemporains Ravel et Debussy. On dit que la simplicité trompeuse de ses pièces et son refus d’en faire des caisses n’y sont pas étrangers. Vertus qui, précisément, ravivent aujourd’hui son aura.

D’après un portrait par Charles Reutlinger, Gabriel Fauré en 1864 dans son costume d’étudiant de l’école Niedermeyer (© Gallica)
D’après un portrait par Charles Reutlinger, Gabriel Fauré en 1864 dans son costume d’étudiant de l’école Niedermeyer (© Gallica)

Le monde se divise en deux catégories. Ceux qui aiment la Pavane de Fauré et connaissent l’identité de son compositeur, et ceux qui l’aiment sans savoir d’où elle vient. Ces derniers sont légion. Ils rassemblent pêle-mêle les compulsifs qui la sifflotent toute la journée après en avoir entendu trois mesures dans une pub, les nostalgiques du rap français vintage qui se régalent de ses samples dans Loin des yeux, loin du cœur d’Alibi Montana et Diam’s (2007), les audiophiles qui n’ont descendu de leur platine ni la reprise de Jethro Tull (1969) ni celle du jazzman Bill Evans (1966), les instagrameurs qui ont partagé des centaines de milliers de fois la cover au violoncelle du youtubeur texan Cremaine Booker… et même les fans de Patrick Fiori dont le Tout commence aujourd’hui sorti l’an passé en est une resucée. Cette liste, étirable à l’envi, dit bien la postérité contrastée de Fauré : aimé mais mal connu, connu mais sous-coté. On pioche généralement dans son œuvre vaste et variée comprenant pièces pour piano, musique de chambre, mélodies, et de rares œuvres orchestrales, ses nocturnes et barcarolles pour piano, son Requiem, sa Pavane et des mélodies comme Après un rêve ou Clair de lune. Il a pourtant plus que cela à offrir.

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