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« Avant, c’était la loi de la jungle »

Vice-président du Parlement européen pendant 10 ans, Gérard Onesta a rédigé en 2005 le règlement encadrant juridiquement le statut d’assistant parlementaire européen à l’origine de la condamnation de Marine Le Pen. Il nous raconte pourquoi il ne boude pas son plaisir.



Gérard Onesta - © Rémi Benoit
Gérard Onesta - © Rémi Benoit


Satisfait d’avoir contribué à la condamnation de Marine Le Pen ?

Gérard Onesta : Bien sûr, car ces gens-là osent tout, ils vont même jusqu’à tomber la cravate pour commenter une décision de justice. Ils n’ont visiblement pas compris ce qu’était la loi, ni la démocratie. D’ailleurs, ils s’en gargarisent matin, midi et soir pour la déformer en espérant peut-être la tuer. À ma modeste place, par un effet papillon invraisemblable, je suis assez content d’avoir contribué à mettre quelques bâtons dans les roues de ce vélocycle.


L’élaboration de ce règlement n’avait-il pour but que d’encadrer le statut d’assistant parlementaire ?

Gérard Onesta : Oui, car avant, c’était la loi de la jungle. Les eurodéputés percevaient directement ces fonds, et étaient censés rémunérer leurs assistants parlementaires. Autant vous dire qu’il y avait à peu près tous les abus possibles et imaginables. Alors que ce financement est destiné à soutenir le travail parlementaire en faveur de l’U.E. Pas question de s’en servir pour payer son chauffeur, son jardinier ou un membre de sa famille !


Le rapport de l’office européen de lutte antifraude (OLAF) concernant Marine Le Pen date d’il y a plus de trois ans maintenant. Pourquoi cette lenteur ?

Gérard Onesta : Madame Le Pen a tout fait pour retarder ce jugement. Elle espérait échapper à une condamnation en remportant la dernière élection présidentielle. Je vous rappelle que quand vous mettez un orteil à l’Élysée, vous avez l’impunité totale.


En Europe, le taux de corruption, bien que l’un des plus bas dans le monde, tend à se dégrader. Surpris ?

Gérard Onesta : L’État de droit est encore bien présent en Europe, mais il m’est arrivé de voir des députés européens rackettés par leur propre parti. Si cette tendance à la corruption existe encore en France, c’est en partie à cause de la culture de l’impunité, qui pendant des années, a laissé penser aux politiciens qu’ils étaient au-dessus des lois. Heureusement tout le troupeau n’est pas atteint. 90 % des gens qui siègent en plénière sont parfaitement honnêtes, mais il suffit d’une brebis galeuse pour salir l’image de tout le troupeau.

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