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Logi Boudu magazine

Indissociables

Dernière mise à jour : 10 janv.

Parler de Toulouse sans évoquer le Stade Toulousain, c’est convoquer Laurel sans Hardy, Astérix sans Obélix ou Dupond sans Dupont. Et ce même si les relations entre le club et le Capitole n’ont pas toujours été un long fleuve tranquille…



Depuis sa création au début du XXe siècle, le Stade Toulousain a toujours été présidé par des personnalités de la ville. Si le premier d’entre eux, Ernest Wallon, doyen de la faculté de droit en 1907, eut le privilège de donner son nom au terrain acheté dans le quartier des Ponts-Jumeaux, son successeur, Charles Audry, considéré comme le père fondateur de la faculté de médecine de Toulouse, présida aux destinées du club pendant 18 longues années, période au cours de laquelle le club fit de Toulouse la capitale du rugby, en trustant cinq titres. Signe de l’influence grandissante des Rouge et Noir dans la ville, André Haon, qui lui succéda en 1930, fut ensuite élu bâtonnier de Toulouse avant d’être nommé maire par le gouvernement de Vichy en 1944. Arrêté par la Gestapo, il fut remplacé au Capitole par celui qui lui avait succédé à la tête du Stade Toulousain, Albert Ginesty, ancien président de la Fédération Française de Rugby et coauteur du fameux rapport qui conduira à l’interdiction du rugby à XIII.


La figure marquante de l’après-guerre fut le docteur André Brouat, membre de l’équipe championne de France en 1947, président de la section rugby de 1964 à 1966, puis de l’omnisport de 1969 et 1971. Surnommé « cul-de-guêpe » du fait de son habileté à se faufiler entre les filets tendus par les lignes adverses, il intégra, malgré des idées proches du Parti communiste, l’équipe de Pierre Baudis en 1971 pour ne quitter le Conseil municipal qu’en 1995. Emblématique adjoint aux sports durant toute la période, il fut à l’origine de la création des zones vertes de la Ramée, Pech David, Argoulets et Sesquières ainsi que de l’actuel stade Ernest-Wallon. Reste qu’entre 1947 et le début des années 1980, les résultats sportifs ne sont pas brillants. Il faudra l’arrivée de Jean Fabre à la présidence du Stade Toulousain pour que le club franchisse un palier… et renoue avec le succès, d’abord en 1984 avec la Coupe de France, puis en 1985 avec le premier bouclier de Brennus depuis 38 ans ! Sous la férule de cet agrégé de mathématiques, le club se rapprochera de grandes sociétés régionales et nationales comme Matra ou Aérospatiale, pour donner au club une exposition inédite et un poids supplémentaire dans la ville. Présenté par beaucoup comme un visionnaire, il contribue à faire du club un acteur essentiel de la ville. Après l’intermède du chirurgien-dentiste Christian Massat, c’est René Bouscatel qui reprendra le flambeau en 1992. Ancien capitaine de l’équipe junior, cet avocat réussira le tour de force de rééquilibrer les comptes du club en à peine deux ans, avant de connaître une plénitude sportive aux côtés de l’entraineur Guy Novès. Le club gagnera six titres entre 1994 et 2001.


Avec l’avènement du professionnalisme, le Stade Toulousain devient une véritable institution de la ville, dont l’aura ne cesse de croître : ses joueurs deviennent des stars adulées, ses matchs ont l’honneur d’être délocalisés au Stadium. Et ses hommes forts attisent toutes les convoitises : de la même façon que l’on évoque régulièrement une promotion de Novès au rang de sélectionneur du XV de France, on prête à René Bouscatel, entré en politique en 2001 en tant qu’adjoint à la culture de Philippe Douste-Blazy, des envies de prendre la place de Jean-Luc Moudenc au Capitole en 2014. Et si l’actuel président du club, l’ancien joueur reconverti en chef d’entreprise dans la communication Didier Lacroix, ne semble pas tenté par l’aventure politique, il n’en demeure pas moins l’un des personnages les plus influents de la Ville rose.

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