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Osons
Dans la mini-serie La Seria, réalisée par Amic Bedel et produite par France 3, on ose rouler jusqu’à Barcelone en BX, se dire occitan, parler comme tel, et avouer enfin à ses parents que les respounchous, c’est dégueulasse. Mais l’essentiel est ailleurs : la Seria, parce qu’elle est drôle, contemporaine, spontanée, bien foutue, et plus universelle qu’on imagine, donne aux Occitans de Toulouse une identité neuve susceptible de les distinguer des Gascons, des Basques, des Bordelais, des Marseillais et des Catalans. La Seria, c’est la révélation d’une façon d’être d’aujourd’hui et d’ici, et une leçon donnée à ceux qui voudraient nous réduire à la pathétique team chocolatine. À voir, donc, et surtout, surtout, à partager.
La Seria, par Amic Bedel et Julien Campredon – 5×40 mn – sur france.tv et france3 Occitanie.
©D.R.
White Heat
Une comédie musicale en forme de biopic du roi du Pop art Andy Wharol, écrite, composée et mise en scène par Gus Van Sant… avec une distribution 100 % portugaise. Pas banal. On n’attendait pas le réalisateur d’Elephant, Palme d’or à Cannes il y pile 20 ans, dans cet exercice mêlant Broadway et comédiens ibères. C’est en réalité la resucée d’un projet de film abandonné dans les années 1990, et ressuscité sur scène à la faveur du Covid, dans un grand festival de théâtre lisboète. Alléchant et intrigant sur le papier. Même si la critique fait la moue, nous, on ira.
Trouble, 24 et 25 mai – Théâtre de la Cité.
©Bruno Simão
Vas donc chez Layup
Apparue aux Minimes en 2021, l’expo d’art urbain Layup a pris ses quartiers l’an passé allées Charles-de-Fitte, dans un ancien Speedy promis à la démolition. Une vingtaine d’artistes, la plupart jamais vus à Toulouse, occupe depuis la mi-avril les 550 m2 du lieu vidé de ses pots d’échappements, et habilement rebaptisé Le Garage. Parmi eux, le Nantais Edwin Donnart, alias Wide, dont les bandes colorées révèlent leur véritable sujet une fois passées au crible de l’appareil photo du smartphone. Porté par deux structures toulousaines (l’Urban art fondation Jacques Constans et l’agence artistique Bayah Dizign), l’événement s’annonce évidemment hybride (fresques murales, expos photo, graff digital, art vidéo) participatif, et décontracté (resto, buvette, soirées). L’expo s’achève mi-mai, mais pas la programmation du Garage, qui court jusqu’en octobre. Elle promet en juillet une expo 100% toulousaine très attendue, superposant ancienne et nouvelle génération de l’art urbain.
Layup au Garage, 4 allées Charles-de-Fitte – jusqu’au 17 mai – expolayup.com.
© Fabien Sans
Jef d’Occ
On se souvient de JeF SéNéGaS pour son ADN occitan composé en 2017, hymne pop rock occitan porté par un chœur d’hommes et des guitares électriques. Le clip, enregistré un soir de match du RCNM à Narbonne, sur la pelouse du Parc des Sports et de l’amitié, a été vu 11000 fois sur YouTube, ce qui n’est pas rien. Voilà le rockeur cathare qui revient avec Native l’Indien, chanson hommage aux peuples amérindiens, servi par un clip bizarre tourné en Aveyron au bord du lac du Salagou par la société de production toulousaine Atome Films. En guest, Pierre Richard, légende vivante et vigneron gruissanais, plus ridé, chenu, beau et touchant que jamais. Curiosité locale à voir et à ouïr plutôt que de se laisser happer par les stories débiles et les reels mauvais.
© D.R.
Hit machine
Membre fondateur de La Machine, Milo Malan compose pour les créations de François Delarozières des musiques et des airs qui sont pour beaucoup dans la magie des spectacles de la compagnie. Pour la première fois depuis l’ouverture de la Halle de La Machine, la Symphonie Mécanique, imaginée par les deux hommes il y a 20 ans, sera jouée à Toulouse sur 50 machines à musique mues par des mécano-musiciens. Milo Malan parle d’une « expérience musicale et visuelle à 360°. » On ira y faire un tour.
Du 4 au 7 mai – Halle de La Machine.
Sortie de secours
C’est déjà la deuxième édition printanière d’Exit, temps fort de la saison de l’Usine, centre national des arts de la rue à Tournefeuille. Des spectacles gratuits, partout dans la métropole, présentés par des compagnies françaises, catalanes et baléares. On annonce notamment l’intrigant Adolescences, de la Compagnie Sous X. Les spectateurs déambulent entre fiction, théâtre, documentaire et cinéma, dans un spectacle qui est le prolongement d’une expo conçue par le photographe Sébastien Normand et la metteuse en scène Alix Denambride. On ne comprend pas bien de quoi il s’agit, mais ça a l’air d’être une sacrée expérience. Comme l’adolescence, en somme.
Exit, du 2 au 4 juin – l’Usine (Tournefeuille), et dans la métropole – lusine.net.
© Sébastien Normand
Rencontres à 15
Le collectif Le Bruit exécute à 15 sous son chapiteau blanc monté à La Grainerie, un spectacle qui a lui aussi pour nom Le bruit. 5000 Toulousains l’ont déjà vu cet hiver près des Halles de la Cartoucherie. Du cabaret-cirque comme il s’en fait beaucoup ces temps-ci, avec musique live rock et électro, contorsion, funambulisme, acrobatie, fil de fer, et même capilotraction. Cette technique oubliée, qui faisait jadis la joie des badauds des fêtes foraines, consiste, comme son nom l’indique, à s’élever dans les airs, suspendu par les cheveux.
À La Grainerie, Balma, du 25 au 28 mai – tout public.
© Circusögraphy
Des choses ont changé
Ces dernières années, quand on lisait Authier, on avait envie qu’il se mette en colère. Qu’il se la joue Bernanos et se paie frontalement, en bon antimoderne, cette époque dégueulasse et les gens qui la font. Mais on avait beau tourner les pages, jamais l’agacement ne se changeait en colère. On le regrettait un peu, mais plus la mode est aux clashs, aux courroux et aux engueulades, et plus on se dit qu’il a raison. En ces temps d’outrance, on a plus envie de Souchon que de Nabe. Son dernier essai, Poste restante, est à la fois une évocation de ses parents, tous deux employés des PTT, un récit très marrant de son passage dans cette grande maison (au tri et à la manutention), et une peinture de la civilisation de l’écrit qui meurt. Page 37, il écrit : « Des choses ont changé ». Page 181 : « C’est cela écrire une lettre : dire avec des mots simples la vérité des sentiments. » En deux phrases, condensés, l’art et le propos d’Authier.
© Sébastien Vaissière
Quatre couleurs
Au départ, c’est une conférence conçue par un kiné (Vincent Lemaire) et un communicant (Gary Vercruysse). Un show pour les pros destiné à démocratiser la méthode DISC, un outil d’évaluation psy ultra populaire en entreprise, qui dégage quatre profils matérialisés par autant de couleurs : le dominant, l’influent, le stable et le consciencieux. La conférence rencontrait un tel succès qu’ils en ont fait un spectacle grand public très drôle, adapté par Marie Guibourt, metteuse en scène de Fabrice Éboué, Norbert Tarayre et Claudia Tagbo.
Com’ en couleurs, 17 mai – Comédie de Toulouse.
© Kobayashi
Ultra moderne ruralitude
Le rural dérouille et la Cie Les Animaux de la Compagnie a parfaitement saisi l’étendue du désastre. Les fléaux sont nombreux et hétéroclites : fragilité du vivant, canicule, endettement, suicide, L’Amour est dans le pré. Avec ce triste tableau, cette compagnie de spectacles en plein air fait une fable déguisée en enquête : la ferme de Jacques a brûlé un jour de canicule, et l’on ne sait qui du paysan, du présentateur de télé-réalité ou de la citadine, a fait le coup. Des hommes aux masques d’animaux assurent l’accompagnement musical.
L’ensemble est accessible à partir de 10 ans sans jamais renoncer à la complexité du propos ni à la gravité du sujet. La légèreté est là, pourtant, puisque tout finit par un bal auquel est convié le spectateur.
Élevage – Le 11 mai à 19H30 au parc du Château de la Soule à Ramonville, dans le cadre de la saison d’Arto.
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