Rien de plus anodin que d’occuper la rue. Mais le fait-on correctement ? La mairie de Toulouse doit penser le contraire, qui propose un code de la rue pour favoriser la bonne cohabitation sur l’asphalte. Réaliste ou utopique ? Réponse après avoir confronté le guide à la réalité de la rue de Metz.
l est 8h30 du matin, et déjà les rues sont animées : piétons, vélos, trottinettes, voitures et bus. « Tu la bouges ta caisse connard ! » lance un jeune homme énervé. Dommage. S’il avait feuilleté le code de la rue, il aurait su que « courtoisie » et « prévenance » sont de mise. Un conseil dispensé page 4, tout comme celui d’être « attentif » et « prévisible ». Raté ! Soudain un homme pressé traverse en plein milieu de la rue. Café à la main, écouteurs vissés aux oreilles, il ne remarque pas la voiture dont le conducteur est obligé de freiner brusquement pour ne pas le percuter. Le code de la rue stipule pourtant clairement qu’il faut utiliser « les passages piétons et attendre le feu vert pour traverser ». Encore faudrait-il qu’ils fonctionnent… Au croisement de la rue d’Alsace-Lorraine, les feux clignotent et laissent les usagers dans une confusion totale : qui est prioritaire ? A priori, les piétons, puis les cyclistes et enfin les voitures. Et BAM ! Un bus s’engage, bloquant l’intersection. Le bruit infernal des klaxons se mêle aux remontrances des cyclistes : « C’est une piste cyclable putain ! », lance un homme agacé, obligé de contourner le bus, se mettant lui-même en danger. Pourtant le code de la rue rappelle qu’il ne faut pas « s’arrêter sur les aménagements cyclables ni sur les trottoirs ».
Plus loin, un homme traverse en s’appuyant sur une canne. Une trottinette manque de le percuter. Tel Buzz l’éclair, la conductrice ne semble pas s’être aperçue qu’un accident a été évité de justesse. La stupeur se lit sur le visage du piéton, choqué, qui met un moment à recouvrer ses esprits. Pour rappel, le code de la rue enjoint les conducteurs d’engins électriques à « respecter la limitation de vitesse et adapter leur vitesse selon l’affluence. » Comme si cela ne suffisait pas, les travaux de la nouvelle ligne de métro viennent compliquer la circulation, obligeant les piétons à partager le seul passage exigu avec les vélos, les trottinettes, les skates et les poussettes. Les consignes sont claires et affichées à l’entrée de l’accès : les cyclistes doivent descendre de leur monture. Pourtant, une jeune femme brave l’interdiction, bien décidée à slalomer entre les piétons : « Mademoiselle, il faut descendre du vélo ! » s’agace une piétonne excédée. Si vous ouvrez la page 24 du Code la rue, vous aurez le plaisir d’apprendre que sur une zone de chantier il est important de respecter « les consignes des panneaux de signalisation. » Parce que oui, selon le livret, la vitesse et la proximité avec le danger sont perçues de manière différente en fonction de l’âge et de la situation de chacun. Pourtant, dans ce monde où l’on est toujours pressé et où il faut aller toujours plus vite, certains prennent le temps d’aider autrui : une jeune femme aux cheveux courts offre gentiment son aide à une mamie, impressionnée par la circulation, qui n’arrive pas à s’engager sur le passage piéton. Tout simplement.
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