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Sébastien Vaissière

Grégory Montel : « Nougaro était le King des outsiders »

Dernière mise à jour : 5 nov.

Son personnage de Gabriel dans la série Dix pour cent lui colle à la peau, mais c’est Nougaro que Grégory Montel a dans les tripes. De cette dévotion est née une pièce sur mesure écrite par Charif Ghattas. Un brillant propos nougaresque sur l’art, la défaite, les fans et la gloire, qui nous change des tristouilles tours de chant mémoriels.


Photo Pierre Gondard
Grégory Montel - Photo : Pierre Gondard

Grégory Montel, cette pièce est née de votre passion pour Nougaro. Pourquoi ne pas l’avoir écrite vous-même ?

Je suis nul comme auteur, à un point que vous n’imaginez même pas.


Quelles instructions avez-vous données à Charif Ghattas ?

Qu’il n’écrive ni un biopic ni un tour de chant, et que Lionel Suarez, ce musicien magnifique qui a accompagné Nougaro, occupe une place importante dans la pièce.


Quel rôle joue-t-il ?

Il incarne le génie, l’absolu, le lointain. Il joue de l’accordéon et détient la vérité. Mathias, mon personnage, parle, mais lui ne répond pas, il joue. C’est un dialogue à une voix.


« Je ne suis pas très beau, je suis fatigant à vivre, et je doute tout le temps »

Votre réaction à la lecture du texte ?

J’ai adoré, c’était réglé. Il n’y a eu aucune tractation sur le texte.


C’est donc Ghattas qui vous a demandé d’imiter Nougaro ?

Il avait appris que je l’imitais. Et surtout, que je l’imitais mal. Cela a dû jouer à l’écriture. Il savait que cela participerait à la drôlerie du spectacle.


Vous ne l’imitez pas aussi mal que vous le dites…

J’ai beaucoup, beaucoup écouté Nougaro, et je l’ai beaucoup regardé. Il en reste peut être quelque chose.


Comment l’avez-vous découvert ?

À dix ans, dans l’élan de Nougayork, en farfouillant dans les disques de mon père.


Quel fan est Mathias ? Du genre qui se dissout dans son idole ou de ceux que l’objet de la passion rend meilleur ?

Un peu des deux. Dans sa vie, rien ne va, alors il se réfugie dans la figure d’artiste total de Nougaro. Il est fasciné par sa radicalité, son intransigeance. Comme il ne vit que l’abandon et l’oubli, il se fond dans celui qu’il admire et devient le Nougaro des mauvais jours.


Un spectacle sur Nougaro, artiste souvent mal compris, au son d’un accordéon, instrument souvent méprisé… est-ce une ode aux outsiders ?

C’est même le royaume des outsiders ! Nougaro avait la clairvoyance terrible de se savoir outsider. Pour en avoir parlé avec sa famille et ses biographes, je sais qu’il s’est souvent senti déclassé. Il était le King des outsiders. Mathias, lui, est le dernier d’entre eux.


La fragilité de Nougaro semble vous toucher…

C’est surtout que je me retrouve en lui, à mon petit niveau. Je ne suis pas très beau, je trimballe cet accent du sud, je suis fatigant à vivre, et je doute tout le temps. Nougaro, c’était pareil, même si chez lui, c’était la conséquence de son génie et de sa radicalité. Moi je suis plus modéré : je n’ai ni la patience ni le talent requis !


Du 5 au 9 novembre à L'Aria (saison Odyssud hors les murs)


Photo Pierre Gondard
Photo Pierre Gondard

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