Après un début de carrière au sein de grands groupes, Olivier Blanchard
a créé à l’approche de la quarantaine Parentissime, pour convaincre les
entreprises des bienfaits de la parentalité. Un choix étonnant pour un
homme qui ne l’est pas moins.
Votre employée vient de vous annoncer qu’elle attendait un heureux évènement ? La scène a longtemps été la hantise des managers. Parce que génératrice de (nouveaux) problèmes à gérer, de nouvelles solutions à trouver. Bref d’angoisses. C’est pour tordre le cou à ces paradigmes d’un autre temps qu’Olivier Blanchard a créé Parentissime. Parce que le fondateur de cette startup toulousaine en est convaincu, « avoir un enfant est une force ». « L’entreprise ne s’en aperçoit pas toujours mais elle peut capitaliser sur le fait d’avoir des parents. Certaines compétences acquises en devenant parent sont tout à fait transposables au sein de l’entreprise. » Sinon que ce quadra diplômé en droit et science po, qui a travaillé 15 ans dans l’aéronautique (ATR) et l’enseignement supérieur (TBS), a suffisamment roulé sa bosse pour savoir que cette réflexion n’est pas forcément partagée par tous dans le monde de l’entreprise. Que ce soit en vivant les deux maternités de sa compagne ou en observant les étudiantes de TBS renoncer à opter pour certaines filières comme la finance parce « qu’elles anticipaient, dès l’âge de 20 ans, les freins que constitueraient les maternités à venir », le constat est le même : l’entreprise a un problème avec la parentalité qui n’est pas suffisamment vécue comme elle devrait l’être, à savoir un évènement tout à fait normal dans la vie d’une société. « Ce qui devrait être un moment joyeux pour la salariée se transforme bien souvent en casse-tête entre l’annonce, l’éloignement du bureau et le retour. » Loin de jeter l’anathème sur l’entreprise, Olivier Blanchard estime que l’annonce d’une grossesse et le congé maternité sont souvent synonymes d’appréhensions partagées par l’entreprise et la salariée. C’est fort de ce constat qu’il se met en tête de réconcilier les parties prenantes. Et aussi de faire (modestement) avancer la société : « Parce que ces questions constituent un frein dans la carrière des femmes et catalysent les inégalités entre les femmes et les hommes au travail. » Mais qu’est-ce qui a conduit ce Parisien de naissance, arrivé à Toulouse à l’âge de deux mois, à se pencher sur ces questions habituellement portées par des femmes ? Comme souvent pour comprendre l’espèce humaine, c’est en revenant aux origines que l’on trouve (une partie) de l’explication. À l’instar d’un certain nombre de ses contemporains, Olivier Blanchard grandit dans une famille aimante au fonctionnement traditionnel, avec un père travaillant beaucoup et une mère contrainte de jongler avec l’éducation de ses trois enfants et son activité professionnelle… qu’elle est plus ou moins contrainte de mettre entre parenthèses à chaque grossesse. Sans pâtir de cette situation, Olivier Blanchard développe néanmoins, sans en prendre conscience, une attirance pour les modèles moins classiques, que ce soit des « papas poules » ou des femmes émancipées, comme l’écrivaine Virginie Despentes ou la chanteuse PJ Harvey qui lui font réaliser qu’être une femme, « ce n’est pas qu’être une mère dévouée ». Enfant sensible, il témoigne d’une attention aux autres qui l’amène, dès l’adolescence, à développer une vraie complicité avec le sexe opposé. « J’ai eu beaucoup d’amies filles. » Sans pour autant s’attirer les railleries des garçons : « J’étais caméléon. Je n’étais pas un enfant que l’on embêtait. J’avais compris qu’il valait mieux être copain avec tout le monde, y compris les mecs populaires… » Reste que dès ce moment-là, il comprend ce que sont les stéréotypes de genres : « Je me suis toujours senti un peu en décalage avec ce que l’on attend des garçons. Par exemple regarder le sport à la TV ne m’a jamais passionné. Idem par rapport aux filles : afficher ses conquêtes, ça n’a jamais été mon truc. Plus globalement, les grosses bandes de copains, même si je n’ai jamais été mal à l’aise dans ces ambiances-là, je ne courrais pas après. » Un temps tenté de poursuivre ses études dans l’univers culturel, il ne pousse pas plus loin le projet : « Je n’avais pas forcément de modèle dans les métiers de la culture autour de moi », confie-t-il, pudiquement. Plutôt doué pour les études, il enchaîne les diplômes -maîtrise d’histoire à Madrid, Science po, DESS de droit-sans avoir une idée précise de ce qu’il compte faire de sa vie. Il finit par être embauché au service com d’ATR, un service majoritairement féminin. Au sein de l’entreprise, il rattrape son retard en matière de voyages, pratique les langues étrangères « qu’il adore » et rencontre surtout Alexia, celle qui va devenir la mère de ses enfants. C’est aussi lors de cette première expérience qu’il va toucher du doigt la réalité des inégalités salariales. Recruté en même temps et au même salaire que plusieurs collègues féminines il quitte l’entreprise 6 ans plus tard avec des émoluments nettement supérieurs. « Sans avoir rien fait pour. J’ai eu la sensation qu’on me proposait des évolutions plus intéressantes ». Était-ce dû au fait que le grand chef était un mec ? Il peine, avec le recul, à l’expliquer. Mais le petit voyant de l’inégalité s’est allumé chez ce grand idéaliste qui s’étonne également de l’énergie déployée par une manager de son service pour se faire remplacer durant son congé de maternité par quelqu’un qu’elle connaissait « parce qu’elle craignait de perdre son poste ». « Mais je ne l’intellectualise pas. » Le palier, c’est en intégrant la Toulouse Business School, mais surtout en devenant père, qu’il le franchit. Une paternité qu’il ne cache pas avoir appréhendée, comme beaucoup d’hommes : « J’ai 30 ans, j’aime beaucoup sortir, rentrer tard, prendre du temps pour moi le week-end… Et puis il y a beaucoup de mythes autour du fait de devenir parent. Ceux qui le sont ne donnent pas forcément envie aux autres de le devenir. Comme s’ils voulaient te montrer à quel point c’est difficile. » La paternité va pourtant tout changer dans la vie d’Olivier. « Je ne m’attendais pas à devenir autant papa ». La question des inégalités devient vite centrale : « On est obligéede se demander, quand on a une fille, comment elle va grandir dans un monde encore très inégalitaire. » Là encore, c’est son histoire personnelle qui le fait avancer. Alors que sa compagne est enceinte et qu’autour de lui ses amies commencent à avoir des enfants, il observe des retours au travail plus compliqués qu’imaginé et côtoie de près des mamans qui jonglent courageusement entre boulot et enfants. Tout en prenant conscience de la difficulté pour les femmes à retrouver leur place, il prend la mesure de la force négative du « mauvais exemple » très répandu dans la maternité : « Les précédents fâcheux créent beaucoup de croyances limitantes. » Un avertissement qui ne l’empêchera pas de voir grandir, impuissant, pour la deuxième grossesse de sa compagne, l’angoisse de celle-ci, tiraillée entre son bonheur d’être enceinte et son envie d’être irréprochable au travail. Et de se juger, avec le recul, sévèrement : « Sur le moment, j’ai eu l’impression d’être vachement impliqué. Rétrospectivement, j’aurais dû l’écouter et la soutenir davantage car cette période n’est anodine pour aucune maman qui travaille… » Reste que Parentissime n’existerait sans doute pas sans ces expériences. Car lorsqu’il décide de quitter TBS, c’est autant pour entreprendre que pour s’occuper davantage de ses filles et, espère-t-il, permettre à sa compagne de penser plus sereinement à sa carrière. « Quelque part, je l’ai vécu comme une session de rattrapage. »
Olivier Blanchard, créateur de Parentissime
Répondre à une attente générationnelle À l’origine de sa réflexion entrepreneuriale, un constat : les thèmes de diversité ou d’inclusion en entreprise ont le vent en poupe, même si on ne parle pas encore de parentalité. « Mais je sens que l’on ne fera pas progresser l’égalité professionnelle s’il n’y a pas un changement de culture autour de ce sujet. » Après avoir consulté, pendant un an, les RH des entreprises avec lesquels il avait l’habitude de dialoguer du temps de TBS, une conviction se forge : les entreprises ont doublement intérêt à s’engager dans cette voie. D’abord pour fidéliser leurs propres salariés, ensuite pour en attirer de nouveaux. « Autant il y a 10-15 ans, les jeunes se déterminaient en fonction du prestige de l’entreprise ou du salaire, autant maintenant, les questions d’équilibre entre le perso et le pro sont primordiales. » En parallèle, il décide, sur les conseils de la nounou de ses filles, de passer un CAP petite enfance, autant pour acquérir quelques bases théoriques que pour s’offrir une crédibilité dans un monde très féminin : « Quand ce sont des mamans qui parlent de ces sujets, c’est normal, mais quand tu es un homme, c’est mieux d’avoir un diplôme en plus. » La formation achève de le convaincre du bien-fondé de sa démarche. « Lors des épreuves, ce n’était pas du tout adapté pour moi. Quand il a fallu que je me mette en tenue, il n’y avait par exemple pas de vestiaire pour homme. Idem lors de mon stage où j’ai bien vu que j’étais un peu la bête curieuse pour les parents mais aussi pour les enfants. Le problème, c’est qu’ils intègrent très tôt que s’occuper des enfants est un truc de femmes. Ce qui pose la question des rôles modèles : si les enfants ne voient pas les hommes s’occuper d’eux petit, on ne parviendra pas à faire changer en profondeur les mentalités. » Inspiré par ce qui se fait dans le nord de l’Europe, en particulier à Berlin où il passe une semaine à tester tous les cafés parents-enfants de la ville, il réfléchit dans un premier temps à ouvrir un lieu similaire à Toulouse avant de se repositionner sur une offre de services qui prend progressivement la forme d’une box pour accompagner la mère tout au long du processus. Avec un triple objectif : préparer le départ en congé maternité, vivre sereinement l’éloignement de l’entreprise, et surtout réussir le retour. « L’idée est de donner à chaque maman les clés pour continuer à développer sa carrière tout en s’épanouissant dans sa vie de famille », synthétise-t-il. Concrètement, l’idée de la box est tout d’abord de créer un temps d’échange entre le manager et la salariée qui a annoncé sa grossesse, moment trop souvent négligé dans l’entreprise : « Je me dis que si l’on veut refaire de ce moment un instant joyeux, il faut que ça commence par un cadeau. J’identifie aussi le fait que les managers qui sont en première ligne ne sont pas toujours très à l’aise pour évoquer ces questions. Du coup, cette box sert un peu de média et permet de matérialiser l’engagement de l’entreprise ». Avec ses formatrices, il développe et intègre à la box un parcours d’ateliers pour mieux préparer le départ et le retour en insistant notamment sur la confiance en soi et l’équilibre vie privée-vie professionnelle. Le dispositif a enfin comme but d’aider les entreprises à développer leur politique parentale. Bérengère Moussard, en charge du développement RH à l’international de Berger-Levrault, n’hésite pas à parler d’une petite révolution culturelle : « En agissant ainsi, on admet que nos collaborateurs sont des parents, on intègre le fait qu’ils sont des êtres humains avec une vie de famille. On plante des graines et c’est extrêmement intéressant de voir jusqu’où ça peut aller. » Pour Olivier Blanchard, cela ne fait aucun doute que l’entreprise a tout à gagner à voir la parentalité comme une opportunité : « Être parent permet de développer de nouvelles compétences, aujourd’hui pas ou sous-exploitées, comme la capacité à conduire plusieurs tâches ou la gestion des conflits. Outre l’affichage vis-à-vis des futures recrues, il y a aussi l’idée que cette expérience amène beaucoup de résilience, de remise en question, de prise de hauteur, et que c’est dommage de ne rien en faire. » Et de citer ce père qui se dit plus à l’aise dans sa prise de décision depuis qu’il a réussi à moucher son bébé sans tergiverser. Car très rapidement, le projet s’ouvre aux pères : « Dès les premiers ateliers, je m’aperçois que pour changer la perception dans la parentalité en entreprise, il faut impliquer les papas. À un moment, si tu veux que ton projet ait une portée sociétale assez forte, il faut le prendre dans la globalité. Les mamans nous l’ont demandé dès les premiers ateliers, et les entreprises leur ont emboité le pas. »
Olivier Blanchard, créateur de Parentissime
Marie Roffi, Talent Manager au sein de la Société Générale, témoigne : « Dans notre banque, vu que l’on a l’habitude de faire beaucoup de choses pour les femmes, on avait peut-être tendance à oublier les hommes. à tort parce que l’ouverture des ateliers papa a tout de suite rencontré un vif succès. » Près de trois ans après sa mise en place, le bilan pour Parentissime est plus que concluant avec une dizaine de contrats signés malgré l’épisode Covid et la nécessité de passer la totalité des ateliers en distanciel. « Ma chance a été qu’arrivent aux postes de DRH des gens qui ont mon âge, avec des enfants ou le projet d’en avoir, et qui sont donc en miroir avec moi. » Pour Marie Roffi, la réussite de Parentissime tient beaucoup à la personnalité de son patron : « Voir un homme porter ces sujets là, avec autant d’implication et d’enthousiasme, clairement, ça a fait la différence avec les autres projets sur la parentalité que l’on a pu nous proposer. Et puis en atelier, il est vraiment pertinent. » Du côté de chez Berger-Levrault, entreprise qui dispose de bureaux dans plusieurs pays du monde (Canada, Maroc, France…), on s’est servi de la parentalité pour fédérer les équipes autour d’un projet commun : « On a essayé de faire de nos différences une force, explique Bérengère Moussard. Il y a par exemple, en France, du travail à faire pour déculpabiliser la femme alors qu’ils sont très en avance sur ce sujet au Canada. On a donc mis en place des ateliers de coaching rassemblant des Françaises et des Canadiennes. » Et de reconnaître que les progrès sont parfois impalpables : « Il y aura toujours des managers qui n’auront pas la bonne réaction à l’annonce d’une grossesse. Mais les sensibiliser sur ces questions là peut avoir un impact positif sur le développement personnel. Et quand l’action sera vraiment ancrée, on peut espérer que la dynamique s’inverse. » Modeste, Olivier Blanchard n’ignore pas que Rome ne s’est pas faite en un jour. Et qu’en matière d’évolution des mentalités, il est préférable de ne pas être trop pressé. Sans oser se définir comme un féministe, « parce que je ne suis pas sur le terrain politique et que je crois davantage aux projets dans lesquels on demande aussi aux hommes de proposer des solutions », il reconnaît être désormais pleinement imprégné de cette question de l’égalité homme-femme : « J’avoue que j’analyse beaucoup de choses par ce prisme là. Est-ce que je me serais posé toutes ces questions si je n’avais pas eu deux filles ? Sans doute pas. Je les regarde grandir avec un peu d’impuissance comme lorsque je vois qu’il y a de moins en moins de garçons invités aux anniversaires. Mais cela me donne de la force pour aller encore plus loin. Parce que les possibilités sont un peu infinies sur ces sujets. » Il vient par exemple de signer un partenariat avec la Mairie de Toulouse pour sensibiliser les professionnels à l’impact que peut avoir une éducation genrée chez les enfants, et à la promotion d’une parentalité égalitaire dans les crèches. « Ce projet m’enthousiasme parce qu’il nous ramène aux origines de tout, à savoir l’éducation. La façon dont on éduque nos enfants, c’est le meilleur moyen de parvenir à un monde plus égalitaire entre les hommes et les femmes. » Pour ne plus se retrouver dans ces soirées où on lui fait gentiment comprendre que discuter des enfants est un truc de filles et que sa place est en cuisine avec les hommes pour ouvrir les huîtres : « Où la vanne grasse ne tarde jamais à arriver. »
Tranches de vie
Partir (ou revenir) de congé de maternité n’est pas toujours chose aisée. Morceaux choisis.
Amanda
Lorsqu’Amanda annonce l’heureux évènement, collègues et supérieurs semblent content pour elle. Un soulagement tant « elle adore son emploi ». « J’étais très dévouée à mon travail, sans doute trop. » à son retour, la donne a changé : « Bien qu’une baby-sitteuse gardait ma fille jusqu’à 19h30, je ne pouvais plus travailler tous les soirs jusqu’à 22h, ou passer à la boutique le week-end. Du coup la situation s’est dégradée en l’espace de 2-3 mois et la rupture est devenue inévitable ». Quelques années plus tard, Amanda tombe enceinte de son 3e enfant quatre mois après avoir commencé une nouvelle activité et avec une période d’essai de 6 mois : « Ce n’était pas du tout prévu : du coup j’ai culpabilisé parce que j’avais l’impression que ce n’était pas le bon moment. J’étais persuadée qu’ils ne me garderaient pas. Finalement, ils ont eu une réaction très humaine, ils m’ont dit que j’étais la bonne personne, qu’ils étaient prêts à m’attendre… à la condition de ne pas prendre de congé parental. à mon retour, j’ai été réintégrée sur des fonctions que j’avais commencées. Ils ont été compréhensifs… jusqu’à un certain point : pas de facilité de télétravail, pas de jour enfant malade, cela n’a pas été évident à gérer mais j’ai senti que je n’avais pas de marge de manœuvre. Heureusement que l’on avait les conditions financières pour avoir des nounous. Bien qu’ils m’aient fait plusieurs appels du pied pour passer à 100 %, j’ai souhaité conserver un poste à 80 % pour continuer à m’occuper un peu de mes enfants. Lorsque j’ai été promue, on m’a dit : « Sur un poste comme celui-là, 80 % ce n’est pas vraiment sérieux. » J’essaie de leur prouver le contraire ce qui occasionne un surcroit de pression. J’aurais pu m’organiser mais je n’ai pas voulu lâcher. C’est ma petite croisade perso. »
Adelaïde
L’entreprise de formation dans laquelle elle travaille à beau être en pleine réorganisation, c’est avec une relative sérénité qu’Adelaïde aborde sa première grossesse. Pour la remplacer, elle décide, en commun accord avec sa n+1 avec laquelle elle a développé une grande complicité, de recruter quelqu’un de très compétent plutôt que de prendre un junior pour faire le tuilage. À son retour, elle découvre que son ancienne n+1 a quitté l’entreprise. Pas la meilleure manière pour trouver un équilibre vie pro-vie familiale « alors que les hormones, elles, sont là. Donc je suis plus émotive. » Très vite, elle comprend que sa remplaçante n’a pas l’intention de lui rendre sa place. « Pendant mon absence, elle a joué un double jeu avec la direction et l’équipe. Du coup à mon retour, j’ai été déstabilisée. Les transferts de dossiers ne se sont pas faits, le dialogue était inexistant, je n’avais pas de feed-back de la part de la direction… » Bref Adelaïde ne retrouve plus du tout l’entreprise qu’elle avait quitté quelques mois auparavant. Pire, son directeur lui annonce que sa remplaçante va rester 6 mois pour « l’épauler » en faisant un audit stratégique sur la communication. Adelaïde comprend très vite que de collaboratif, l’audit n’aura que le nom. Et décide, la mort dans l’âme, de quitter l’entreprise dans laquelle elle travaillait pourtant depuis 10 ans. Pour son 2e enfant, elle candidate à la direction régionale service médical Occitanie alors qu’elle est déjà enceinte. Après 3 entretiens, et alors que la sélection finale approche, elle hésite à révéler sa grossesse, « la loi n’obligeant pas à le faire ». Désireuse de ne pas démarrer la collaboration sur un malentendu, elle opte pour la transparence ce qui lui réussit puisqu’elle est choisie pour le poste : « Cela m’a vraiment réconcilié avec le sujet de la parentalité au travail. J’ai pris mes fonctions à 7 mois de grossesse. J’ai décalé d’une semaine mon départ en congés car ils avaient besoin de moi et puis j’avais envie de m’investir. Car ici, les conditions sont réunies pour vraiment s’épanouir tant dans la vie professionnelle que privée. Et cela passe beaucoup par un travail de déculpabilisation de la femme. Car partir à 18h pour moi, ce n’est pas inné… »