Agenda séries-ciné-lecture-spectacle vivant, à la portée de tous et à l’échelle de la région.
Succédanés
Comme Freddy Mercury est mort et que Bono est hyper occupé à donner son avis sur l’Ukraine et le grand réchauffement, les chances de revoir un jour Queen ou U2 à Toulouse sont proches de zéro. Heureusement, il y a les tribute bands, ces faux groupes qui singent les vrais dans des spectacles de plus en plus convaincants. Trois de ces grands shows seront passés par Toulouse d’ici le 5 mars. One night of Queen d’abord, vu fin janvier au Zénith avec son presque-Mercury vainqueur en 2000 du télé-crochet britannique Stars in Their Eyes. The sound of U2 ensuite, programmé le 28 février au Casino Barrière, avec son simili-The Edge et son quasi-Bono. Enfin, le 5 mars au Zénith, Queen Extravaganza, le tribute band officiel de Queen créé sous le parrainage d’authentiques membres du groupe : le batteur Roger Taylor, et Brian May, guitariste doué comme personne et coiffé comme Rocheteau.
Succès de l’année
Entre deux tribute bands, on verra tout de même ce février à Toulouse deux têtes d’affiche véritables, à commencer par Renaud Capuçon, le plus adulé des violonistes français. On ouïra ce dernier le 17 à la Halle aux Grains avec l’orchestre de chambre de Lausanne dont il a pris la direction en 2021. On annonce du Fauré (régional de l’étape), du Saint-George, du Mozart et du Ravel, dans un programme d’1h40 entracte compris… À 22h30 max vous êtes au lit. Autre star du moment, Camille Lellouche, qui après avoir amusé la France avec son seule en scène, l’émouvra avec des chansons tristes. Elle chantera au Casino Barrière le 8, avant de filer à Paris occuper trois jours l’Olympia.
Série épique
Les Toulousains ont découvert en 2019 un projet libre, inventif et fou, programmé par le théâtre Sorano et l’Usine, le Centre national des arts de la rue. Une adaptation des Trois mousquetaires de Dumas en théâtre-feuilleton jouée non pas sur scène mais dans l’espace public. Performance physique, haletante et addictive, raccord avec la truculence de l’œuvre originale, farcie d’anachronismes et plongée dans une esthétique mi-Leone mi-Tarantino. Imaginé par un collectif d’Asnières réuni autour de Clara Hédouin et Jade Herbulot, ce spectacle feuilletonné vient d’être adapté en série pour France TV et la chaîne Culturebox. Disponible sur la TNT ou sur france.tv depuis le 13 janvier.
Souris antique
Une souris grise intrépide et un chat roux inquiet aident en secret Jason et les Argonautes à apaiser le courroux du dieu de la mer. C’est l’argument de Pattie et la colère de Poséidon, le nouveau dessin animé du studio toulousain TAT Productions, auteur fameux des As de la Jungle, occupé ces temps-ci à la création de la série Astérix écrite par Alain Chabat pour Netflix. En salle depuis le 25 janvier.
Ça mérite le trajet
Il existe à Kaboul un cercle littéraire féminin baptisé Mirman Baheer. Des femmes s’y réunissent discrètement une fois par semaine pour dire et composer des vers. Le téléphone y sonne parfois. Au bout du fil, des Afghanes récitent leur colère et déclament des textes. C’est le cas de Zarmina. Un jour, elle est surprise au téléphone par sa famille. Elle est battue en retour et se suicide quelques jours plus tard. Cette histoire rapportée par Courrier International a inspiré à Éric Domenicone, directeur artistique de La soupe Cie, le spectacle Je hurle, qui mérite amplement le déplacement le 7 février au théâtre de l’Archipel de Perpignan, ou le 10 au théâtre de Nîmes.
Nuit Claude
France Culture a mis en ligne en janvier une époustouflante Nuit avec consacrée à Nougaro, diffusée pour la première fois il y a 33 ans. Six heures à passer sous l’empire de ses chansons et le charme de son vocabulaire qu’il semble choisir avec plus de soin encore quand il parle que quand il écrit. Ça démarre par des considérations de chanteur, ça se prolonge avec l’étrange récit de sa rencontre ratée avec Piaf au milieu de la nuit, et ça finit par ces paroles de prophète troubadour : « Des fois je me dis : plus tu seras simple et pauvre, et plus tu seras universel. » Sur radiofrance.fr ou via le podcast Les nuits de France Culture.
Vous avez le temps
Réservez d’ores et déjà votre soirée du 28 mars ou celle du lendemain pour ne pas manquer L’Orage, le grand moment de la saison 22/23 de la Scène Nationale d’Albi. Une pièce d’Ostrovski (bien russe, bien sombre, bien xixe) mise en scène par Denis Podalydès (sociétaire de la Comédie française aussi à l’aise chez Shakespeare que chez Delépine et Kervern) et transposée du xixe au xxie par Laurent Mauvignier, l’écrivain toulousain fétiche des Éditions de Minuit, auteur de Dans la foule, Des hommes ou Histoires de la nuit.
Nuit clown
La compagnie Rasposo fabrique du nouveau cirque avec des thèmes de toujours : la vie, la mort, l’espoir, l’harmonie, le chaos. Son spectacle Oraison (du 15 au 25 février sous chapiteau à La Grainerie – Balma) n’échappe pas à la règle. Images frappantes, musique forte, équilibres précaires, lumière vaporeuse, membres musculeux, pénombre flippante et clowns blancs mystérieux.
Dépêchez-vous
La plus belle expo qu’on ait vue depuis des lustres aux Abattoirs. C’est ce qui se chuchote partout dans Toulouse à propos de L’art en liberté, consacrée à la période 80’s de l’artiste plasticienne franco-américaine Niki de Saint Phalle (1930-2002), dont même les indifférents à l’art connaissent les Nanas monumentales. À voir avant le 5 mars.
Trop tard
Si vous rêviez de voir en vrai L’Ange thuriféraire vêtu d’une tunique jaune, le tableau du peintre de la Renaissance allemande Bernhard Strigel découvert chez un particulier toulousain en 2021, il va falloir vous faire une raison. La dernière occasion de l’admirer à peu de frais était le 4 février 2022 à la chapelle des Carmélites de Toulouse, lors de la vente aux enchères organisée par Artpaugée. L’œuvre a désormais rejoint son nouveau propriétaire, le Louvre Abu Dhabi, qui a déboursé 3 millions d’euros pour l’exposer parmi ses collections.