Quartier : La Cépière
- Nathan Heuillet
- 7 juil.
- 4 min de lecture
Ancienne zone agricole, le micro-quartier de la Cépière conserve son visage d’antan. De la verdure et des grands espaces. Un havre de tranquillité qui attire de plus en plus la population toulousaine.

C’est où ?
Au-delà de l’hypercentre, à l’ouest de la ville Rose, à cheval entre les Arènes, Bagatelle et le quartier les Pradettes.

Vert de trop
Un temps abandonné par les habitants, cet hippodrome, vieux de presque 160 ans, retrouve de sa splendeur grâce notamment à Manuel Demnard, le président de l’association de l’hippodrome, qui a relevé le défi de redynamiser l’endroit : « Nous avons doublé la fréquentation par rapport à l’an dernier. Cela démontre que les Toulousains recommencent à trouver ce lieu mythique. On n’a pas besoin d’être parieur pour venir à l’hippodrome. Car le lieu est splendide, tout simplement ». Outre l’hippodrome, on trouve également un golf, un restaurant, et des salles de réunion sur le site.

Cantine ensoleillée
« Ce n’est pas la rue des filatiers ici… », Philippe Fournié dit vrai, puisque nous sommes ici au 30 chemin des courses, face à l’imposant hippodrome de Toulouse. Depuis 13 ans, le patron des Jardins de la Cépière régale les Toulousains dans sa brasserie nichée au milieu d’une terrasse de 400 m².
Un havre de verdure bien appréciable, surtout lorsque Toulouse suffoque. « Moi j’essaie de faire en sorte que les gens veuillent venir, et lui, c’est de les faire revenir », s’amuse son compère et chef Eric Erret qui s’emploie à proposer une cuisine bistrot généreuse du cru.

L’anti prise de tête
C’est la place forte du quartier. Loufoque, farfelu, décalé, tous les qualificatifs sont bons pour décrire le Hangar de la Cépière. Là-bas le mot d’ordre est simple : ne pas se prendre la tête. Régis adhère depuis 7 ans au fonctionnement de cette salle autogérée. Par l’intermédiaire de son projet Histoire de vivre, il résume parfaitement la dynamique impulsée par le lieu. « C’est simple, tu viens, tu présentes ton projet, et si ça leur plaît, tu as accès à la salle. » Aujourd’hui occupée par une cinquantaine d’associations, cet ancien squat est devenu projet d’utilité publique. Il y a deux ans, sous l’impulsion des bénévoles du Hangar, le premier comité de quartier de la Cépière a été créé.

Syndrome Compans
À l’instar de Compans Cafarelli, le centre commercial de l’hippodrome fit naître,
à son démarrage, fin 2017, beaucoup d’espoirs. Moins de 10 ans plus tard, son avenir s’inscrit en pointillés. Après le départ des dernières grandes enseignes, et mêmes si certaines cellules subsistent comme une salle de sport ou un bar-tabac, l’ensemble ressemble davantage à un no man’s land...
et à un gros fiasco avec la majorité des locaux désespérément vides. Petite éclaircie : plusieurs projets seraient encore à l’étude pour relancer le site.
Ovalie
« Ensemble on va plus loin ». C’est sous cette maxime que travaille Provale, le syndicat des joueurs et des joueuses de rugby professionnels. Cofondée par Emile Ntamack, cette structure basée à la Cépière, accompagne depuis bientôt 30 ans le monde du rugby français pour aider juridiquement les joueurs et leur permettre d’améliorer leurs conditions de travail au quotidien. Ne soyez donc pas surpris si vous croisez quelques têtes connues dans le quartier…

Toulousain tout craché
Le quartier compte dans ses rangs un…champion du monde ! Kenözen, Filipe Costa de son vrai nom, grandit à cheval entre les Arènes, Fontaine Lestang et la Cépière. En 2019, sous l’impulsion des bénévoles de la salle du Hangar, il obtient le statut d’intermittent du spectacle. Avant de devenir, en 2023, champion du monde de beatbox avec son duo Akindé. Un événement forcément important pour ce beatboxeur qui trace son sillon dans une discipline encore méconnue. Et qui n’oublie pas ses racines. « Je m’inspire de la diversité du quartier. C’est devenu un vrai atout pour l’homme et l’artiste que je suis. »

Toner sous les tropiques
Place forte du mouvement anarchiste dans les années 80/90, l’imprimerie 34 est poussée à déménager ses locaux en plein cœur du quartier de la Cépière, après un attentat perpétré au 34 rue des Blanchers, siège de l’imprimerie. De 1984 à 2013, celui qui préfère qu’on l’appelle “Hibou” imprime rue de Bagnolet, avant que cette coopérative ne dépose le bilan. « Nous étions à la retraite, et la concurrence avec internet nous a poussés à stopper, puis le cœur n’y était plus ». Quelques années plus tard, les locaux de l’imprimerie seront rasés au profit d’un parking, mais pour conserver une trace de cette histoire, Hibou a rédigé un livre, Affiches contre… de 68 à nos jours, qui retrace la vie de cet emblème de l’anarchisme toulousain dans les années 80.

Fort
Le château de la Cépière trône ici depuis plusieurs siècles. Construit aux alentours de l’an 1600 par le Capitoul Pierre de Vignaux, il fut baptisé château de la Cépière en hommage à son ancien propriétaire, Auger de Lacépière. Éponyme du quartier, ce château abrite le plus vieux pigeonnier
de la ville, classé monument historique.
7 questions à Marine Lefèvre, maire du quartier Cépière

Les Points forts ?
La clinique Ambroise Paré au cœur du quartier. C’est un acteur majeur de la vie sociale et économique de la Cépière, l’une des plus grandes maternités de Toulouse.
Un petit plaisir ?
Se balader dans le jardin du Pech et s’asseoir sur un banc.
Une couleur ?
Je dirais le vert, puisque ce quartier est pourvu de nombreux espaces verts et de grands jardins. À cheval entre la ville et la campagne !
Un lieu insoupçonné ?
La salle du Hangar, historiquement un squat dans lequel, avec le temps, une association a développé de nombreuses activités culturelles.
L’esprit ?
C’est un quartier résidentiel avec, souvent, de grandes maisons et jardins. C’est plutôt paisible comme endroit.
Un projet ?
L’extension de la clinique afin de pérenniser un espace de santé conséquent au sein même de la Cépière.
Une empreinte du passé ?
L’hippodrome, le poumon du quartier, le lieu emblématique.