Professeur émérite de droit public à Toulouse Capitole et président de la commission culture et audiovisuel au Conseil régional, Serge Regourd est l’un des plus grands cinéphiles de notre région. À quelques jours du festival de Cannes, cet intime d’Emir Kusturica, inlassable promoteur des seconds rôles à la vie comme à l’écran, retrace son parcours d’amoureux du cinéma, qui l’a mené de la Maison du peuple à Laguépie jusqu’à la Croisette.
Comment découvre-t-on le cinéma quand on grandit dans les années 50 à Laguépie ? Tout simplement en allant au cinéma municipal, dans la Salle du peuple, le week-end. J’ai eu tout de suite une fascination pour le cinéma. D’un seul coup, c’était une lumière, une fenêtre sur le monde. Je me souviens notamment d’un film américain, Stalag 17, sur un camp de prisonniers pendant la Seconde Guerre mondiale et d’un acteur, William Holden. Mon amour pour les films d’enfermement vient de là.
Avec qui partagiez-vous cette passion ? Ma mère n’avait pas le temps. Elle tenait un café ouvert 7 jours sur 7. Mon père était pris par ses activités professionnelles ou syndicales. Quant à mon frère, de six ans mon cadet, l’écart d’âge était trop important. C’était donc une passion solitaire.
À quoi ressemblait votre vie de famille à Laguépie ? Mon grand-père avait une petite entreprise de fabrication de sabots en bois, ma grand-mère un bistrot, le Café de la gare. Mon père, travaillant à la SNCF, juste en face, c’est là qu’il a rencontré ma mère. Puis ma mère a repris l’activité de bistrot ce qui a eu, pour moi, une importance déterminante.
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