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1968, l’année du Grenier de Toulouse

Début d’année faste pour le Grenier de Toulouse. Quatre ans après avoir trouvé au théâtre Daniel Sorano un refuge à sa mesure, la compagnie fondée en 1945 par Maurice Sarrazin et propulsée par la décentralisation culturelle, collectionne les succès critiques et populaires. En janvier, La nuit des rois de Shakespeare, donnée dans un vaste décor mobile encadré par une reproduction de l’Adam et Ève de Cranach de près de 5 mètres de haut, a atteint les 14 000 spectateurs. Un engouement né en 1967 avec des représentations couplées à celles de V comme Vietnam du dramaturge libertaire Armand Gati, et produit par le collectif intersyndical d’action pour la paix au Vietnam. Toujours en janvier, les comédiens du Grenier de Toulouse sont en vedette à la télévision à 20h20 un soir de semaine. La deuxième chaîne en couleur diffuse le Misanthrope adapté par Maurice Sarrazin. Adaptation culottée, avec une transposition en 1912. Intérieurs tournés aux Buttes-Chaumont, extérieurs à Deauville, ambiance proustienne… les téléspectateurs ont adoré, et l’ORTF aussi. Au printemps, nouveau succès avec la création en France du Chien du général, une pièce du dramaturge communiste allemand Heinar Kipphardt. Même Claude Sarraute s’enthousiasme dans sa très influente chronique des spectacles du Monde : « Avec Le chien du général, Kipphardt a écrit sa meilleure pièce, et Sarrazin, lui emboitant le pas, a signé sa meilleure mise en scène ». On se demande bien, dès lors, ce qui pourrait arrêter la compagnie toulousaine. Pas grand chose, semble dire Maurice Sarrazin lui-même, heureux des moyens dont il dispose et de la liberté dont il jouit auprès des autorités de tutelle : « Le pouvoir au créateur, a-t-il fanfaronné en sortant de scène, nous l’avons ! ».

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