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Catherine Lemorton : après l’orage

BOUDU

Catherine Lemorton, comment vit-on une telle débâcle ? Mal. Je ne suis pas comme ces politiques dans le calcul permanent, habitués à rebondir, à passer à autre chose. Pour les gens de la société civile comme moi, il faut du temps pour se relever d’un échec. Pour l’instant, je n’y arrive pas. Et puis personne ne m’a appelée pour me proposer quoi que soit. Même si des signaux m’ont été adressés.

Vous avez tout de même reçu du soutien de certains de vos amis politiques ? Oui. L’appel de Manuel Valls, entre les deux tours, pour me remercier du travail que j’avais fait, et d’être restée loyale, m’a particulièrement touchée. J’ai apprécié, parce qu’il sait qu’à 56 ans, je n’ai plus rien puisque j’ai vendu ma pharmacie. J’ai également été touchée par les mots d’Arnaud Montebourg qui m’a dit, lors de sa venue à Toulouse cet été, que l’on ne pouvait pas être nulle avec un parcours comme le mien. Quand on prend une claque comme ça, on se pose des questions. Et puis tout ce que je vis aujourd’hui me fait mal. Les Français ne se rendent pas compte de ce qui arrive. La démocratie est bafouée.

Bafouée ? Je n’ai jamais vu des parlementaires déposer des amendements avant d’auditionner la ministre ! L’opposition ne se sent pas respectée. Or le premier des respects à avoir en démocratie, c’est l’opposition. Elle a besoin d’être entendue, même si vous n’acceptez pas ses amendements.


Catherine Lemorton

C’est pour vous un problème de forme plus que de fond ? La forme est d’autant plus criante et choquante que sur le fond il se passe des choses graves. Pour faire avaler des pilules comme la réforme du code du travail, la forme est brutale. Pendant la commission, je n’ai cessé de recevoir des sms inquiétants d’anciens collègues, de gauche mais aussi de droite, et même de certains de LaREM.

LaREM a-t-elle définitivement enterré le clivage droite-gauche ? Parfois, la droite et la gauche ont des idées communes, mais le débat démocratique, c’est la confrontation. Et pas ce à quoi j’ai assisté en regardant la vidéo de la commission : un groupe de moutons, qui découvrent le mandat de député parce que trois mois avant ils ne savaient même pas qu’ils seraient désignés.

Revenons aux circonstances de l’avènement de La République en Marche. Collectivement, vous l’avez senti monter ? J’ai eu la chance de côtoyer Macron pendant deux ans. Je l’ai vu à l’œuvre sur sa loi. C’est là que j’ai compris qu’il était Bonapartiste. Parce qu’au fond, soit il séduit, soit il passe en force. Et puis il a un problème avec la représentation nationale. Sa manière de parler des petites gens, ses lapsus sur les illettrés. Il ne se rend pas compte qu’il faut faire attention quand on parle des gens qui souffrent.

Mais n’a-t-on pas fait le même reproche à Hollande ? Mais c’était Trierweiler ! Les sans dents, c’est peut être une blague qu’il a faite avec des amis mais au fond de lui, ce n’est pas ça François Hollande. Parce qu’il a connu les pauvres gens de la Corrèze qui galèrent pour vivre. Quand on est entre amis, on peut faire des blagues sur les communautés, mais au fond de soi on ne le pense pas une seule seconde.

La pharmacienne socialiste, ça faisait rire mes clients !

En parlant de milieu d’origine, quel est le vôtre ? Mon père était chef de district chez les cheminots dans la zone Nord. Mais pour progresser, il fallait être mobile. On a déménagé 9 fois en 13 ans. Ma mère a fait le sacrifice de son métier. Ces changements m’ont habituée à me débrouiller toute seule… tout en gardant la même exigence !

Que voulez-vous dire ? Pour mon père, il n’était pas question que ces déménagements puissent justifier un échec scolaire. J’ai dû travailler tout le temps, tout en allant vers les autres pour me faire une place, pour rentrer dans les groupes. Je n’avais pas le droit de me plaindre en rentrant. J’ai été élevée dans une famille où l’inactivité n’existait pas, où l’on ne se reposait pas, même le week-end. J’ai été élevée assez sévèrement. Je ne leur reproche rien parce que j’ai été élevée dans l’exigence. Mais l’exigence, être toujours la première, la meilleure, ça rend malade.

D’où venait cette exigence de la part de vos parents ? Ce sont des enfants de la guerre. Côté maternel, mon grand-père a passé 6 ans en camp de concentration à Rawa-Ruska. À son retour, il ne supportait pas les caprices d’enfant. Quand on a bouffé du rat crevé, on peut le comprendre. Ma mère a vécu une enfance dure, sur les routes de l’exil, avec ma grand-mère qui vendait ses bras dans les familles pour nourrir sa fille. Du côté de mon père, c’étaient de grands propriétaires terriens, radicaux-socialistes obligés de prendre le maquis en 1940. Donc ça fait des jeunesses marquées par la guerre. Pour mes parents, il fallait que les enfants ne leur posent pas de problèmes à part s’ils avaient des soucis de santé.

Et vous, à quoi aspiriez-vous ? J’ai appris à être exigeante, à être première de la classe. Et à 20 ans, j’ai claqué la porte de chez moi.

Pourquoi ? D’une certaine manière à cause de la politique. Mes parents étant d’une culture gaulliste, je me souviens que Mitterrand était perçu à la maison comme le rouge qui allait fermer les écoles privées. À l’adolescence, je bascule à gauche pour trois raisons : au lycée, il n’était pas de bon ton d’être de droite, la rencontre avec mon futur mari, et les cours de mon prof de philo en terminale. C’était un Althussérien, un communiste, dont les propos m’ont submergée.


En quoi la rencontre avec votre futur mari va-t-elle jouer dans votre politisation ? Je l’ai connu en Picardie, au lycée. Nos familles se côtoyaient au club de foot. C’était la culture ouvrière, sept enfants, mon beau-père mort prématurément à 50 ans. Ils vivaient à 11 avec les grand-mères dans une petite maison de mineur. Ça n’a pas empêché les enfants de réussir, mon mari en est la preuve.

Et vous, qu’aviez-vous envie de faire au lycée ? Je voulais faire l’école des archives mais la vie en a décidé autrement ; j’ai fait pharmacie. C’est au lycée que mes angoisses ont commencé quand on a abordé les notions d’infini. Partant du principe que je ne suis rien au regard du temps et de l’univers sans limite, il fallait que ma vie serve à quelque chose. Je suis une femme de défis à relever, d’objectifs parfois difficiles à atteindre. Pour être en paix avec moi-même, face à l’insignifiance de mon existence, il me fallait trouver une voie dans laquelle je laisse une empreinte. Cela a été la politique mais cela aurait pu être tout autre chose.

Pensez-vous y être arrivée ? Il y a des choses inscrites dans la loi qui n’y auraient pas été si je n’avais pas été députée. Donc je pense avoir réglé une partie de mes peurs : je suis en paix avec moi-même, j’ai joué mon rôle. Mais c’est aussi parce que j’ai été élevée dans le sentiment d’être utile. Ça, c’est pour la politique. Pour le reste, ma grande fierté reste ma prise de parole dans l’hémicycle pour demander à Frédéric Mitterrand de s’engager à sauver les derniers manuscrits de Robespierre mis aux enchères chez Sotheby’s. C’était un moment incroyable car je sentais le poids de l’histoire. Qui aurait dit que députée, je sauverais les écrits de Robespierre ?

Revenons-en à votre départ de chez vos parents… En deuxième année de pharma, je fais campagne pour François Mitterrand. C’est une année très agitée. Un jour, mon père me voit en première page du Courrier picard, dans un manif’, au premier plan, avec mon foulard rouge. Ça commence à tourner vinaigre. Entre-temps, mon mari avait intégré une grande école à Toulouse. À l’été 1981, on ne dit rien à mes parents, on part faire des colonies de vacances en tant que moniteurs et en septembre, mon mari débarque chez mes parents pour leur apprendre notre départ pour Toulouse.

Comment se passe l’arrivée à Toulouse ? On est sans le sou. On dort dans la voiture pendant quelques nuits, puis on a la chance que les agences immobilières soient moins regardantes qu’aujourd’hui. On ne sortait jamais, on s’était acoquinés avec les étudiants de l’étage du dessus qui vivaient la même chose que nous. Et on était heureux.

Et pharma ? Je réussis car je ne peux pas me permettre de redoubler. En 1983, arrive le mouvement de grève contre Edmond Hervé ministre de la santé. Tous les étudiants étaient dans la rue. L’Unef d’Amiens m’appelle pour me demander d’essayer de « maitriser » le mouvement de grève de la fac de pharmacie de Toulouse pour éviter que les corpos de droite prennent les mouvements en charge pour en faire un mouvement anti-gouvernemental.

Mais vous n’entrez en politique que 20 ans plus tard. Pourquoi à ce moment là ? On faisait partie de ces bobos qui se la jouaient toujours gauchistes pour être toujours plus à gauche que les autres. Donc au premier tour, on ne votait jamais PS. Sauf qu’en 2002, je décide au dernier moment de voter Jospin. Devant le résultat, on a décidé, avec mon mari, d’adhérer au PS. C’est à la section du centre-ville qu’a commencé ma vie de militante. On stockait les tracts dans la pharmacie, c’était folklorique : la pharmacienne qui était socialiste, mes clients, ça les faisait rire !

Et vous adhérez au Nouveau parti socialiste. Pourquoi ? Il y a un homme qui va m’attirer, c’est Arnaud Montebourg : je le trouve fougueux, drôle, j’étais favorable à sa VIe république, une République  parlementaire. J’ai toujours été très intéressée par la Révolution Française et particulièrement par Robespierre car lui et d’autres ont écrit une grande page de l’Histoire de France. Donc naturellement, j’adhère et très rapidement, je vais me faire remarquer nationalement au sein de ce courant sur les sujets de santé, sans être dans une démarche élective.

Vous êtes sollicitée ? Oui, mon nom est évoqué au moment de la constitution de la liste de Martin Malvy pour les régionales en 2004, parce que je suis présidente de l’association des commerçants. Mais je ne veux pas en entendre parler. Je n’en ai pas envie.

Pourquoi changez-vous d’avis en 2007 pour les législatives ? Parce que député, c’est le mandat suprême : celui qui vote les lois. Mais lorsqu’Henri Matéos me suggère d’être candidate à la candidature interne, je refuse. Nicole Belloubet, jospino-hollandaise, était sur les rangs. Et Belloubet, rectrice, pour moi… c’est respect ! Et puis ce n’était pas mon projet de vie. C’est mon mari qui me convainc de relever le challenge. Finalement Nicole Belloubet ne se présente pas et je gagne avec 80% des voix.

Catherine Lemorton

Mme lemorthon seance 26 mai 2016


Et vous gagnez contre le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc. Une surprise, non ? Evidemment. Quand j’apprends que c’est lui qui va remplacer Douste-Blazy, je le vis comme une catastrophe. Parce que c’est le maire de Toulouse ! Et là, surprise, sur le marché, je reçois un accueil génial, ça fait même un rebondissement ! Mais je pense que je vais perdre avec les honneurs. Et je vois que les journalistes nationaux commencent à descendre pour faire mon portrait. L’un d’entre eux me suit toute la journée et m’annonce que je vais gagner.

Et ? Moi, j’ai pris de l’avance pendant un an. Jean-Luc Moudenc est maire de Toulouse mais peu connu puisqu’il n’a pas été élu. Et puis à l’époque, il a cette distance avec les gens que je n’ai pas. Moi je suis pharmacienne, j’aime les gens, et j’ai l’habitude de les prendre dans mes bras. Parfois pour faire passer des messages politiques, il faut aussi aborder les gens par leur vie de tous les jours. Ce n’est pas du populisme que de faire cela. Avec certaines personnes, il y a des préalables. Demander des nouvelles du chien, ce n’est pas du mépris, mais une manière de rentrer dans leur vie par des choses qui leur parlent. Mais ce qui va tout changer, c’est le débat télé.

Que se passe-t-il ce jour-là ? Vu que je n’en ai jamais fait, je suis morte de trouille. Donc je le prépare à fond pendant trois jours. Et durant le débat, toutes les techniques de communication que l’on m’avait apprises fonctionnent. Il est déboussolé sur le plateau. Il se met à suer, il n’est pas bien. Et l’estocade, c’est quand je m’approche et que je lui dis : « Vous êtes un homme honnête ? » Et il recule ! Je me suis dit : ce n’est pas possible que la com, ce soit aussi automatique que cela !

En 2009, les labos Servier m’envoient deux sbires pour me faire plier.

Comment vivez-vous cette victoire ? Des larmes de joie, puis de désarroi. Je réalise que je ne sais pas ce que ça signifie d’être députée. Le lendemain, je dis à mon mari et à mon équipe que je ne veux pas monter à Paris et que je veux continuer à servir à ma pharmacie. Je craignais que ma vie ne change trop.

Dans quel état d’esprit vous présentez-vous à l’Assemblée nationale ? J’ai la conviction que je ne serais élue que 5 ans vu qu’il s’agit d’une circo traditionnellement acquise à la droite. Donc l’objectif est de travailler à fond. D’où la promesse du mandat unique. Parce que dans la logique des partis, la mairie était l’étape suivante. J’avais battu le maire de Toulouse donc j’étais candidate aux municipales. Dès l’été 2007, Hollande va me l’évoquer. Et puis plein d’autres ! Même les militants.

Quel souvenir gardez-vous de vos premiers pas dans l’hémicycle ? Je décide d’aller à la commission des affaires sociales pour être tout de suite dans des sujets que je connais très bien. Et comme je suis pharmacienne, on me confie un rapport qui traîne depuis plusieurs années sur la surconsommation de médicaments. Et je vais m’y lancer à fond. Pendant 7 mois d’audition, tous les jeudis matin, je me rends compte que je ne connais que la face visible du médicament, mais que je méconnais la manière dont se fait la politique du médicament en France, notamment avec l’industrie pharmaceutique. Et je découvre les conflits d’intérêt.

Donc le pouvoir des lobbys ? Absolument. Au fur et à mesure des auditions, je commence à dire des choses qui ne plaisent pas. Les médias commencent à me repérer. Mais ce rapport, qui dit qu’il faut clarifier les choses, est accueilli dans le silence le plus total. Le gouvernement ne s’en saisit pas. Comme il est voté à l’unanimité de la commission des affaires sociales, j’ai la naïveté de penser que mes amendements vont passer sans problème. Mais cela ne va pas être le cas du tout. Je ne suis pas très soutenue, même par mon propre camp. Ce sera le cas jusqu’à l’affaire du Mediator.

C’est-à-dire ? En février 2009, les laboratoires Servier, voyant que je ne lâche pas le morceau, m’envoient deux sbires pour me faire plier. Je n’étais pas rassurée. J’avais rencontré des retraités de l’industrie pharmaceutique dans le cadre de mon rapport qui m’avaient mise en garde. Ce jour de février 2009, ce ne sont pas des menaces mais des mises en garde. Je vois notamment dans le document qu’ils me donnent (qu’ils qualifient de rapport !) qu’ils défendent entre les lignes le Mediator. Alors qu’il y a déjà des affaires de pharmacovigilance. On avait bien vu, avec mon associée, qu’il y avait un problème avec ce médicament.

Comment réagit votre camp ? Après avoir rencontré le puissant syndicat des industries du médicament, Marisol Touraine, responsable des députés socialistes aux affaires sociales, me dit que je suis excessive. Mais j’ai beau être perçue comme caricaturale, j’ai toutes les infos en off des retraités de l’industrie qui me disent que j’ai raison. Fin juillet 2009, je continue mon combat. Et je remonte au créneau en octobre 2009, lors du projet de loi de financement de la sécu, avec mes amendements. Même s’ils sont tous rejetés, de plus en plus de députés se disent que je ne raconte pas n’importe quoi. Parce que j’ai travaillé comme une dingue sur ce sujet.

C’était devenu obsessionnel ? Non, juste passionnant. Et j’ai raison comme l’affaire du Mediator va l’illustrer. Car au même moment, Irène Frachon se bat pour faire reconnaître la dangerosité du Mediator. Et Gérard Bapt, qui a du flair en la contactant, va faire éclater médiatiquement l’affaire.

À titre personnel, où en êtes-vous trois mois après votre défaite aux législatives ? Je n’en veux à personne mais je me dis aujourd’hui que je n’ai plus de place dans la vie politique. Je n’ai ni tristesse ni aigreur, ni mélancolie. D’abord parce que je ne suis pas avide de pouvoir. Le pouvoir pour le pouvoir n’a aucun sens. Le pouvoir n’a de sens que si on a les moyens de faire avancer ses convictions. Au moment où je vous parle les conditions ne sont pas réunies. Aujourd’hui le parti socialiste est inaudible. La politique n’a pas été toute ma vie. Et puis quand on est battue, c’est difficile, il faut avoir de la gnaque pour repartir. Je ne l’ai peut-être plus… Je garde ces 10 années en moi comme une période extraordinaire.

Ce n’est pourtant « que » votre première défaite ? Quand je pense à Jean-Luc Moudenc, battu par une inconnue aux législatives, puis au Capitole, ça a dû être terrible. N’empêche qu’il est reparti au combat. Quand je vois tout ça, je me dis que je n’ai pas cette force là. Et que je ne suis pas faite du même métal.

Pourriez-vous envisager un avenir politique dans une autre fonction que celle de députée ? Pourquoi pas. Il paraît que s’occuper d’une mairie est passionnant. Contrairement au législateur, quand un maire prend une mesure, il voit la réalisation rapidement. Après, il y a des gens faits pour ça, d’autres pour le mandat de député. Je ne sais pas si le mélange des genres marche bien.

Quel regard portez-vous sur Toulouse ? C’est une ville qui cherche à garder son identité tout en étant la ville de tous les mélanges. Il y a des gens qui viennent de partout, mais on a l’impression que très vite, les gens veulent coller avec l’identité toulousaine. Comme s’il y avait une identité propre à Toulouse. Et si vous avez le malheur de critiquer l’esprit toulousain, on vous tombe dessus immédiatement. On a l’impression que l’identité toulousaine aspire les autres.

Jean-Luc Moudenc est adroit avec les gens. Il sera dur à battre.

Vous arrivez à définir l’identité toulousaine ? Plus ou moins.  Il faut aimer le centre-ville, les briques roses, à tout prix, dire que tous les choix qui ont été fait, notamment celui de la mono-industrie, ont été les bons. Donc, quand quelqu’un arrive, il doit accepter la ville telle qu’elle est. La ville est sale, les gens le disent. Mais on n’a pas le droit de dire que les Toulousains manquent de civisme. C’est toujours la faute des maires si ce n’est pas propre. Mais ni Pierre Cohen, ni Jean-Luc Moudenc n’y peuvent quelque chose si ce n’est pas propre. Il suffit de voir les gens se comporter dans la rue !

Quelle est la part de responsabilité des politiques dans ce constat ? Ils ont longtemps vécu sur l’acquis de l’aéronautique. Quand on parle des réussites de Dominique Baudis, la ville avançait malgré lui. Il distribuait les richesses que lui amenait l’aéronautique. Mais il n’a rien fait d’extraordinaire pour la ville.

Quel regard vos confrères portent-ils sur Toulouse ? Comment est-elle perçue d’en haut ? C’est sévère mais on n’en parle pas. D’ailleurs les maires de Toulouse sont inconnus du microcosme parisien. Quand on dit qu’on est élu de Toulouse, au mieux on nous parle de l’aéronautique, sinon, rien. Y a-t-il un rendez-vous marquant pendant l’année que la France, voire le monde connaît ? Aucun. On est la 4e ville de France et il ne se passe rien.

Finalement, cette indifférence est-elle un problème ? Oui pour se faire entendre ! Si la LGV tombe à l’eau, ce n’est pas un hasard, même si ce n’est pas que ça. Toulouse, ce n’est pas Bordeaux, ce n’est pas Marseille, ce n’est pas Lyon, ce n’est pas Lille, ce n’est pas

Nantes. Quand une ville existe naturellement dans la tête des décideurs politiques à Paris, je suis persuadée que lorsqu’ils s’y rendent, ils sont plus attentifs aux problématiques. Depuis l’ère de Dominique Baudis, il n’y a pas de grandes figures politiques à Toulouse.

Depuis 2014, quel regard portez-vous sur l’action de l’actuelle majorité ? Je ne vois pas grand chose se faire sauf peut-être en matière d’urbanisme où il y une volonté de densifier le centre-ville. Mais je ne sais pas s’il y a une vision. Après je trouve, pour l’avoir côtoyé pas mal de fois dans des manifestations, Jean-Luc Moudenc assez adroit avec les gens. Je pense qu’il sera dur à battre. Il est installé pour un petit moment. Il a appris du passé.

À moins que vous ne l’en délogiez, comme certains le souhaitaient en 2008, non ? C’est marrant que les gens aient besoin de se retrouver dans une sorte de figure tutélaire. En réalité, ça m’embête que l’on parle de moi pour le Capitole. Parce que ça m’oblige à y penser alors que je n’en ai pas envie. Je ne veux pas décevoir les espoirs, et puis je pense à tous ceux qui ont envie d’y aller, et qui ont la gnaque. Pour devenir député, je l’avais. Alors que là…

Vous avez besoin de temps ? Oui, et puis je ne sais pas si je suis la bonne personne. Pour gagner l’élection, j’ai la prétention de penser que oui, parce que j’aime les gens, foncièrement, et que cela se voit. Mais être à la tête d’une mairie, faire DRH d’une équipe où vous avez des Verts qui tapent sur la France Insoumise qui tape sur les radicaux de gauche… Et puis il y a l’âge. En 2020, j’aurai 59 ans. Vu le vent qui souffle actuellement, il me semble que les gens attendraient plutôt une quadra. D’autant que l’on ne se présente pas à une mairie pour un seul mandat. Ou alors ça veut dire que l’on n’a pas de vision. Ce qui veut donc dire que j’y serais encore à 71 ans ! Ça fait vieux…

Mais vous savez comment battre Moudenc… Oui, c’est vrai. Mais vous imaginez le combat qu’il faut mener pour gagner le Capitole ? Et puis est-ce que pour autant je suis faite pour diriger une ville ? Je ne sais pas… Si j’avais été réélue députée, la question ne se poserait pas. J’avais tellement envie de ce troisième et dernier mandat…

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